Depuis quelques jours, on ne cesse de nous râbacher la théorie qu’il serait salutaire pour le pays que les “compétents” reprennent les commandes du pays. Je passerai volontairement outre le cas BCE, dúne part parce que le personnage devient à la fois pathétique et pitoyable, et d’autre part parce que je doute fortement qu’il ait une compétence quelconque au sens technique, à part peut-être celles de lancer des papiers à la figure d’un journaliste ou de répéter les mêmes blagues éculées des années 50 au goût un peu douteux par ailleurs. Par conte, il y a trois noms, qui peuvent certainement se prévaloir d’un certain bagage “technique” au sens politique du terme, qui reviennent sans cesse et que le courant de la pensée dominate essaie d’imposer comme incontournable pour sortir le pays de l’ornière. Il s’agit de trois ex-ministres du régime novembriste de Ben Ali : Morjane, Zenaidi et Nabli.
Je ne m’attarderais pas sur l’aspect moral de ces candidatures, car cela me paraît tomber sous le sens et aller des soi. Passons aussi sur le fait que, bien qu’ils aient tous les trois collaboré de près avec Ben Ali, aucun d’eux n’ose évoquer ce passé proche, mais revendiquent plutôt une affiliation Bourguibiste et Destourienne montée de toutes pièces. Aucun de ces tristes sires n’a côtoyé le défunt président de près (ne serait-ce que pour une question d’âge !) et aucun n’a levé le petit doigt pour le défendre pendant sa traversée du désert et sa résidence assignée qui ne disait pas son nom et qui a duré rappelons-le 13 ans…Sans oublier, que le rapport entre le RCD et l’idéologie destourienne des années 60-70 ressemble un peu à la relation entre le système en vigueur en Chine aujourdh’hui capitaliste et nationaliste à souhait, et le communisme pur et dur à la sauce Mao, originellement mis en place dans les années 50-60…Cherchez les points communs, il n’y en aura pas beaucoup. Pour ramener le débat au niveau des hommes, je crois qu’il faut être sacrément ignorant de l’histoire contemporaine du pays pour oser comparer un Kamel Morjane à un Mongi Slim ou un Mustapha Kamel Nabli à un Habib Thameur ou encore un Mondher Zenaidi à un Mahmoud Materi, pas besoin d’aller plus loin pour prouver que le RCD et la Destourie (dans toutes ses variantes depuis Thaalbi jusqu’au Youssefisme en passant par Bourguiba dans les versions socialistes de Ben Salah et libérale de Nouira) sont deux univers complètement différents. Alors voir ces Messieurs se gargariser du Destour et de Bourguiba est tout simplement indécent et reléve de la malhonnêteté intellectuelle.
Ensuite, posons-nous la question de manière pragmatique : peut-on nous donner des exemples concrets de l”impact positif qu”aurait eu la compétence de ces Messieurs sur le pays, eux qui sont restés au pouvoir entre 5 et 15 ans, soit une période suffisante pour laisser ses empreintes sur les affaires publiques (alors quón se permet de juger la troika sur une période de deux ans et qu’on tire des bilans bien tranchés et définitifs, tout en ignorant le contexte très particulier et délicat dans lequel celle-ci était aux affaires). Le seul impact que le passage des ces Messieurs aux affaires a eu concrètement c’est de cautionner une dictature sanguinaire et mafieuse pendant des années, d’encourager ses agissement criminels en interne et de chercher à blanchir le visage odieux du régime à l’extérieur. Autant dire défendre la couleur mauve jusqu’à la dernière minute bec et ongle (nést-ce pas Monsieur Morjane avec la fameuse affaire des passeports).
On pourra toujours me rétorquer que je fais mine d’ignorer que la Tunisie a connu sous Zinochet deux décennies de prospérité économique, avec des taux de croissance en moyenne autour de 5 ou 6 pour cent. Là, on a manifestement affaire à une supercherie à plusieurs étages :
1) La croissance des ces années là provient essentiellement, et les démographes vous le diront, des efforts volontaristes et titanesques de l Etat tunisien en matière d’éducation, de santé et de limitation des naissances dans les années 60. Evidemment, ce genre d ‘investissement ne commence à porter ses fruits qu’après une génération soit 25 à 30 ans plus tard
2) Ces taux de croissance cachaient des disparités régionales effarantes, les fruits du développement restaient malheureusement cantonnés au Nord-est et à la bande côtière, et on avait mis en place la bonne recette pour aboutir à un pays à deux vitesses et des citoyens de seconds zone. Ce n’est point un hasard si la Révolution est partie de Sidi Bouzid puis de Kasserine ou si Al Moubadara a obtenu la majorité de ses sièges au Sahel
3) Quand une mafia (Ben Ali et Trabelsi pour les amnésiques) contrôle le tiers de l’économie ou plus, il me paraît clair que la croissance du PIB n’a plus aucune signification. Le produit de la croissance étant siphonnée par la mafia et ses acpolytes qui laissent des miettes à la majorité des populations.
Aussi, autant les ministres de Bourguiba avaient une vision pour bâtir l’Etat tunisien moderne, au moins entre 1957 et 1975 année de sa proclamation président à vie, et ce malgré toutes les critiques qu’on peut parfois légitimement leur adresser (Messaadi dans l Education, Ben Salah dans la Santé publique et l’Education, Nouira dans l’économie, Masmoudi, Sadok Mekaddem, Mestiri etc…) autant les ministres de Ben Ali étaient de simples faire-valoirs destinés à faciliter la mise en coupe réglée du pays par la mafia. D’ailleurs, vous remarquerez que dans la liste que je viens de donner en exemple, plusieurs noms ont même tenu tête à Bourguiba au faîte de sa gloire, et l’ont parfois payé très cher, alors que nos trois comparses (c’est le cas de le dire) Zenaidi, Morjane et Nabli étaient des partisans dociles pour ne pas dire obséquieux de Zaba et des simples exécutants des décisions de la Mafia. Aujourd’hui, ils jouent les propres et prétendent ne rien avoir su des agissements de la dictature en matière de corruption et de répression ??? Voyons…
Certains nous citent toujours la France et les Etats-unis comme exemple. Souvenons-nous que pour beaucoup moins que cela (collaboration active avec une dictature et complicité agissante), Mitterrand a vu sa légitimité remise en cause pour avoir omis d’informer l’opinion publique de son cancer. Nixon, lui a été obligé de démissionner après le scandale du Watergate. Clinton a failli y passer à cause d’un mensonge qui concerne des affaires de batifolage qui au bout du compte relèvent strictu sensu de sa vie privée. Alors avons-nous fait une révolution pour élire des aparatchiks du régime Ben Ali ? Je ne crois pas non !
Au final, il faudra trancher une bonne fois pour toute. Soit on continue à considérer qu’il s’agit bien d’une révolution, et là ces gens-là ne font manifestement pas l’affaire pour diriger le pays dans cette phase critique, parce que nous avons besoin de changer radicalement de modèle (social, économique et politique), les Anglo-saxons appellent cela joliment pardigm shift….Soit, on accepte les réformettes et les ravalement de façade en continuant avec le même modèle, et là je suis preneur dún Nabli ou consorts, mais attendons-nous tous à une révolution encore plus violente d’ici vignt ou trente ans.
J’ai essayé de m’en tenir aux éléments factuels et historiques pour garder un minimum d’objectivité, je ne veux même pas évoquer les lobbys qui se cachent derrière le retour de ces caciques, mais ceci est une autre histoire. Il fait beau dehors, et je n’ai pas envie de me faire encore traiter de paranoiaque populiste qui croit à la théorie du complot et qui roule pour Nahdha.
Sur ce, bon week end !
Hichem Mustapha manque de rigueur intellectuelle, certains passages frise la malhonnêteté… j’ai très vite décroché
Le débat est pipé, et l’on a glissé subrepticement d’un paysage où celui-ci traversait le pays dans ses particularité et diversité à un débat mettant en scène un choix réducteur et tronqué: Ennahdha ou les suppots de la dictature.
On peut prendre le parti de rendre au peuple ce qui lui appartient en nature, le débat concernant son présent et son avenir. Ce ne sont ni les islamistes, ni les caciques ou leurs collabos du régime Ben Ali qui ont donné leur sang pour que s’ouvre cette page nouvelle; c’est le petit peuple, à travers sa jeunesse qui firent face aux snipers dont certains tiennent encore les commandes ou occupent des postes dans le système de “sécurité”.
Le meilleur service à rendre au pays, à la population, ce serait de mettre en échec la logique dans laquelle ils l’ont enfermée la contraignant à de faux choix, à un pari dont les résultats sont entre les mains des commanditaires.
Ce n’est pas une vision paranoiaque ou la énième version de la théorie du complot, mais bien un complot contre une espérance vite étouffée au bénéfice d’un “sécuratisme” effet et cause de la donne qui forclot tout possible. Un jeu de bonneteau dont le manipulateur qui tient les cartes s’appelle Ennahdha, et les complices Nida tounis ou autres mico-parti aux ordres.
La multiplication à saciété des listes aux législatives, et désormais du nombre de prétedants à la présidence de la république en sont une illustration. Sans que l’on ait une idée de leurs propositions ou programmes…ni de ce qui les distingue hormis leur amour du pouvoir.
Ni Ennahdha, capable tout juste d’enturbanner les femmes ou emprisonner les consciences par des gloses rétrogrades du Texte, ni Nida ou les divers agents de la dictature qui partagent un mème désir de commander aux autres à seule fin d’en tirer bénéfice pour soi et ses partisans.
Aucune de ses machines ne mérite la confiance, en tout cas pas la mienne.
Merci pour vos reactions. J adhere pleinement au deuxieme commentaire de Houcine, les deux machines ”infernales” Nidaa et Nahdha ont prouve, pour des raisons differentes, qu on pouvaient pas leur faire confiance pour diriger le pays. L enjeu de ces elections sera, a mon humble avis, d eviter que l un des deux partis hegemonistes parvienne a avoir un score qui lui permette d asseoir sa preponderance (seuil de 20 a 25 % je dirais) en esperant que le reste des voix ne soit pas trop eparpille pour pouvoir constituer un bon contrepoids et un garde-fou efficace aux eventuelles derives autoritaires des uns et des autres. Quand au premier commentaire de Mustapha, je respecte pleinement votre objection, mais malheureusement votre commentaire ne permet pas de repondre avec des arguments, Pouvez-vous preciser et developper votre pensee ? En quoi mon propos serait foncierement malhonnete ? Quel exemple parmi ceux que je cite est contestable et pourquoi ? Sans cela je crains qu on ne puisse pas aller tres loin dans le debat (argumente du moins)
Analyse superficielle qui ne tient compte que du rôle de certains acteurs politique de second ordre. Car les changements dans la domaine du pouvoir politique sont la consequence d’un rapport des forces sociales invisibles qui peuvent êtrevreprésentés par des partis politiques ou des hommes politiques jouissant d’un charisme effectif. Or seul Bourguiba est un véritable leader.Tous les autres personnes cités, issus du régime de Bourguiba, du régime de Ben Ali, et en particulers ceux qui participent à la course pour la presidence n’ont ni la compétence technique, ni la compétence politique,ni le moindre leadership. Ce sont des pions manipulés par des forces occultes de l’intérieur du pays comme de l’extérieur. Aucun n’a l’envergure nesessaire à part peut être Beji Caid Essabsi.D’autre part ce sont les forces sociales (classes politiques ou groupes d’interet qui agissent sur les orientations politiques, non de simples personnes.