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Encore une fois, la jeunesse tunisienne donne le la de l’évolution future de la politique sur cette terre de Tunisie, toujours originale, dont le peuple est à jamais innovant si on prend la peine de le regarder au fond des yeux, partagent son quotidien dérisoire, mais combien riche en potentialités.

Certes, cette jeunesse est toujours brimée par les lois scélérates de la dictature mise à bas par certaines de ses forces vives qui continuent de ne pas avoir la justice qu’elles réclament.

Elle arrive, malgré tout, à manifester son raz le bol de l’impasse dans laquelle se trouve non pas le pays, mais ses élites au pouvoir où une dictature morale, se prétendant religieuse, entend renforcer les relents de l’ancienne dictature, maintenant son arsenal juridique, renforçant sa mainmise sur une société à l’âme libertaire.

Une entrée dans la politique du futur

Notre jeunesse s’adonne avec jubilation à ce qui sera tout autant son « entrée » sur la future scène politique des nos adultes déconnectés des réalités de leur pays. Assurément, cela sonnera le glas de la fatale sortie de cette scène de nos bien-pensants politiciens, hérauts d’une pratique politicienne à l’antique qui ne saurait plus être utile, devenant même néfaste, comme un médicament hors de sa date de validité.

Ce qu’on appelle populairement

« dakhla », une alliance jubilatoire du spectacle et de la revendication, est tout en intelligents signes de protestation salutaire. Au pire, il s’agirait d’une dionysie, une fête à l’antique, en phase de par ses excès avec ceux de la pratique politique de nos cacochymes politiciens.

Toutefois, elle est aussi cette bacchanale qui est fondatrice d’un ordre nouveau en gestation, plus enraciné, étant organique, incarnant l’âme de ce peuple dont la volonté de vivre est un humanisme aussi hédoniste qu’intégral.

Et c’est tout à fait normal qu’à l’instar des antiques fêtes païennes, on n’y échappe pas à l’excès, puisque tout abus enfante son équivalent. C’est ainsi qu’on a vu certaines dakhlas encenser Hitler ou diaboliser Israël.

Il faut ici être attentif au fait que l’on ne peut écarter l’action de certains activistes politiques se servant de l’occasion pour donner une extension visuelle et médiatique au lavage de cerveau dont certains de nos jeunes font l’objet. On sait qu’une daéchisation rampante menace certaines mentalités et qui est particulièrement développée dans des régions où l’on verse dans un excès suspicieux d’une religiosité d’autant plus malsaine qu’elle est affectée.

Il n’en demeure pas moins qu’en l’occurrence, on assiste moins à des slogans politiques qu’à une salutaire homéopathisation du mal qu’entretiennent nos politiciens, chez nous comme chez nos partenaires, usant du vrai pour servir le faux dans une politique de gribouille qui a atteint ses limites, devenant criminogène sinon criminelle, comme on le voit de plus en plus en Méditerranée.

Une sortie de la politique à l’antique

De fait, la « dakhla » de la jeunesse tunisienne est un éminent manifeste sociopolitique qui dessine les contours des élites de la future scène de la politique dont seront exclus tous ceux de nos politiciens qui ne sauront pas s’adapter à l’esprit du temps.

Or, il est dans la culture des sentiments de solidarité ; dans l’action pour un ordre juridique mondial et national qui soit juste et éthique, sans soi-disant moralisme se révélant une pure immoralité
.
C’est un véritable ordre amoureux qu’annoncent ces entrées, une sorte de « houmani » en politique comme nous y avons appelé ici même pour une pratique politique que je qualifié de poléthique, compréhensive et fusionnelle avec le peuple, ses exigences et ses attentes que n’incarne aujourd’hui dans sa vérité qu’une jeunesse plus que jamais mobilisée pour ses doits et libertés.

Si elle ne le fait encore qu’en festoyant, elle ne montre pas moins sa détermination à obtenir ses droits, tous ses droits sans restriction, contre le conformisme ambiant.

Ce dernier est passé de saison et ne garantit plus la paix sociale ni l’ordre public, car il les viole. C’est qu’on ne peut plus, à l’âge des foules qu’est la postmodernité, faire de notre jeunesse alerte du bétail enclos dans une réserve, interdit de circuler librement.

On ne peut plus continuer à l’exploiter avec des lois scélérates, surveillant le moindre de ses gestes, l’empêchant de consommer librement ce qu’un jeune normalement constitué veut de ce qui n’est pas plus nocif qu’une cigarette, ou de vivre selon sa nature, l’homophobie de ses élites se voulant mythiquement celle d’un peuple foncièrement tolérant, sensuel et voluptueux.

Il est temps que les plus sincères, les plus patriotes et les plus lucides de notre classe politique se réveillent aux attentes de notre jeunesse qui est saine et mûre; je le vérifie tous les jours dans notre Tunisie profonde.

Car demain, si rien ne change pour plus de droits et de libertés, véritables et non simulées, les « sorties » d’aujourd’hui ne seront plus limitées à la fin de l’année scolaire, mais marqueront la sortie irrémédiable des élites actuelles non seulement de la politique, mais de l’histoire, et ce par sa plus petite porte.

La sortie (dakhla) de notre jeunesse (étymologiquement, le comportement particulier) relève encore de la nécessaire dépense de son vitalisme que ne peut que tolérer, contraint et forcé, le pouvoir en place. Toutefois, elle sera demain cette éruption qu’emporte également le sens du mot, la sortie étant aussi le bouillonnement, l’ébullition et l’explosion.

À bon entendeur, la sagesse mande de faire de nos dakhlas une sortie honnête de l’arsenal juridique scélérat actuel et de l’opéra-bouffe de la politique avec une langue de bois dont n’usent plus que les rois nus !