Certains de nos concitoyens et hommes politiques n’ont pas accueilli avec beaucoup d’enthousiasme le Prix Nobel de la Paix décerné au Quartet du Dialogue national: la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH), l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), l’Ordre National des Avocats (ONA) et l’Union tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA).
Entre critiques et dénigrements, les commentaires acides ne se sont pas faits attendre. Il y en a même qui auraient préféré que le Quatuor tunisien refuse cette distinction comme c’était le cas avec le vietnamien Lê Đức Thọ en 1973.*
Parmi les arguments des détracteurs de cette consécration, il y a ceux qui pensent que ce prix a perdu de sa crédibilité en consacrant des personnalités très controversés à l’image de Henry Kissinger (1973), Shimon Peres (1994), Yitzhak Rabin (1994), Menahem Begin (1978) voire Barack Obama, neuf mois après son investiture (2009), etc.
Ils oublient que ce prestigieux prix a aussi distingué de grands hommes et femmes tels que Nelson Mandela (1993), Mgr Desmond Mpilo Tutu (1984), Andreï Sakharov (1975), Mère Teresa (1979), Malala Yousafzai (2014), Lech Wałęsa (1983), Martin Luther King Jr (1964), Linus Pauling (1962), Dag Hammarskjöld (1961), Muhammad Yunus (2006), etc.
Tout est relatif et tout a un sens!
En fin de compte, le Quartet est un collectif d’organisations non gouvernementales qui représente bel et bien la mosaïque des forces vives tunisiennes. Et si on jetait un coup d’oeil sur le palmarès de ce prestigieux Prix, nous remarquerons la présence d’autres ONG de renommée internationale. Comme par exemple:
Médecins sans frontières (1999), Comité international de la Croix-Rouge (1917, 1944 et 1963), l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (1985), le Bureau du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (1954 et 1981), Amnesty International (1977), le Bureau international du travail (1969), le Fonds des Nations unies pour l’enfance, UNICEF (1965), l’Office international Nansen pour les réfugiés (1938), le Bureau international permanent de la Paix (1910), l’Institut de droit international (1904), l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (2013), etc…
Mais, tout porte à croire que cette consécration dérange, même au delà de nos frontières, ce qui explique le silence radio des dirigeants arabes. Ces derniers ont apparemment perdu la voix face à cette gratification du seul espoir du printemps arabe: la Tunisie.
Un étrange silence qui est venue supplanter la légendaire cacophonie des gouvernants arabes!
Pour ne pas conclure, rappelons que le prix Nobel de la Paix 2015 a été décerné à l’ensemble du Quartet et non à ses membres individuellement. Il s’agit d’une consécration pour saluer, et surtout, encourager les efforts de l’ensemble de la société civile tunisienne. Un couronnement bien mérité, À bon (mal)entendeur, salut!
Note
* Lê Đức Thọ: un homme politique, diplomate et militaire nord-vietnamien. Il est l’un des négociateurs des accords de paix de Paris de 1973 mettant fin à la guerre du Viêtnam. La même année, le comité Nobel a souhaité lui décerner le prix Nobel de la paix, conjointement avec Henry Kissinger, prix qu’il a refusé.
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