Artistes d’ici et d’ailleurs ont été inspirés par les mouvements contestataires tunisiens depuis la Révolte du Bassin Minier en passant par le soulèvement de Sidi Bouzid en 2010 jusqu’à son couronnement en 2011. Ils ont rendu hommage aux villes révoltées tunisiennes, chacun à sa façon. Sélection.

Anouar Brahem – Kasserine

Extrait du double album « Souvenance », sorti fin 2014 chez le prestigieux label munichois ECM, « Kasserine » est la quatrième pièce du deuxième CD de la dernière création d’Anouar Brahem. Accompagné par l’Orchestre de la Suisse Italienne dirigé par Pietro Mianiti, le maître de l’oud y est entouré par François Couturier au piano, Klaus Gesing à la clarinette basse et Björn Meyer à la basse. Un succès encensé par la critique internationale. Dans ce disque, le compositeur tunisien rend un vibrant hommage à Kasserine et à sa résistance contre la dictature benaliste.

 

Imed Alibi – Maknassy

Originaire de Maknassy, le jeune percussionniste Imed Alibi livre ici un ardent hommage à sa ville natale. Quatrième pièce de l’album « Safar », sorti en mars 2014, «Maknassy» invoque un extrait d’un vieil enregistrement de « Nakhlet Oued el Bey », ballade historique de la gauche tunisienne interprété par la troupe El Bahth Al-Moussiqi sur un texte d’Adam Fethi. Composé par le trio Imed Alibi, Zied Zouari et Stéphane Puech, ce morceau invite la voix d’Emel Mathlouthi à s’aventurer sur une musique instrumentale aux atmosphères renforcées par de saignants sons électroniques. Une production signée Justin Adams, le guitariste du fameux Robert Plant et le révélateur du groupe touareg malien Tinariwen.

Checkpoint 303 – Sidi Bouzid to Cairo

Adeptes d’une approche expérimentale atypique, le duo universaliste tuniso-palestinien, SC Mocha et SC Yosh, a sorti ce morceau en mars 2012. Extrait de l’EP « Sidi Bouzid Syndrome », troisième projet discographique de ce collectif pionnier de la musique électronique arabe, ce track inclut des enregistrements sonores des rues de Tunis et du Caire. Il est également truffé d’extraits d’une vidéo faisant la propagande de Leila Ben Ali, d’une chanson de Sofia Sadok et autres discours et slogans ayant marqué la mémoire collective durant la révolution.

Filastine – Sidi Bouzid

Originaire de Los Angeles et résident à Barcelone, Filastine développe un mélange sonore atypique. Il nourrit sa bass music débridée de mélodies et de sons des quatre coins du monde. Artiste et globe-trotter, actif au sein du mouvement des indignés espagnoles en 2011, il a sorti ce track extrait de son troisième album « £oot » en avril 2012, en hommage à la révolution tunisienne et à son berceau, la ville de Sidi Bouzid. Il y oppose les basses fréquences du dubstep à une multitude de mélodies et de samples arabes.

Bendir Man – Redeyef

Une composition minimaliste interprétée par une simple guitare classique qui a pourtant marqué la scène contestataire lors des dernières années de règne de Ben Ali. Sortie sur le net en 2009, cette ballade au texte attachant, co-écrit par Ghassen Amami, rend hommage à cette ville berceuse de la Révolte du Bassin Minier de 2008. A l’époque, c’était agréablement surprenant de la part de Bendir Man, plutôt connu pour ses chansons satiriques et festives. C’était la première fois qu’il délaissait sa cape mauve et son univers truffé d’ironie pour laisser sa voix suave dénoncer les injustices et la marginalisation subies par Redeyef.