Jeudi 27 octobre, la société civile conteste à Sidi Bouzid l’arrestation des deux militants, Jamel Sagherouni et Khaled Bakari qui comparaissent devant le Tribunal de première instance, ce 1er novembre. Mardi 25 octobre, à Kasserine, Lawahedh Samaali, a été interpellée par la police dans un parc alors qu’elle lançait une campagne appelant à des élections législatives anticipées.

Deux ans de prison pour des publications sur Facebook

le bureau régional de l’UGTT de Sidi Bouzid, l’Union des diplômés chômeurs, ainsi que des composantes de la société civile sont rassemblés depuis ce matin, jeudi 27 octobre, devant le siège du gouvernorat pour demander la libération de Jamel Sagherouni et Khaled Bakari, en état d’arrestation depuis hier. Les deux diplômés chômeurs sont accusés « de nuisance aux tiers à travers les réseaux publics des télécommunications » sur la base de l’article 86 du code des télécommunications, promulgué sous la dictature. Leur procès a été fixé pour le mardi 1er novembre 2016.

L’affaire commence début 2016, quand des hommes d’affaires ont loué des établissements publics et les ont transformé en espaces privés. Selon Walif Afifi, membre de l’UDC à Sidi Bouzid, la Maison des jeunes a été louée et sa piscine remplacée par un parking et un parc privé. Selon Moez Salhi, avocat et coordinateur du comité de la défense, Jamel et Khaled n’ont fait que relater sur les réseaux sociaux la colère des habitants de Sidi Bouzid en rapport avec ces appels d’offres sur lesquels pèsent de lourds soupçons de corruption. Après que les deux militants aient appelé les autorités à ouvrir une enquête, les hommes d’affaires concernés ont porté plainte. Le comité de défense des deux détenus a prévu une grande manifestation mardi prochain, jour du procès.

Kasserine : 120 personnes demandent des élections anticipées

À Kasserine, mardi 25 octobre 2016, Lawahedh Samaali, 21 ans, a été interpellée par la police suite à une campagne qu’elle lancé lundi 24 octobre pour « dissoudre le parlement et le gouvernement et appeler à des élections anticipées ». Le procureur de la République ordonne à la police d’enquêter sur cette initiative. Lawahedh explique que sur le PV de son interrogatoire, la police judiciaire fait mention de « tentative de renversement du régime et appel à la dissolution du gouvernement ». Près de 120 personnes ont signé la pétition de Lawahedh qui continue, malgré les tentatives d’intimidation, à mener sa campagne au centre ville de Kasserine.

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Après des études en stylisme et modélisme, Lawahedh travaille dans une usine de câblage à Sousse en 2014. Huit mois après, elle est virée après avoir dénoncé le harcèlement sexuel sur les lieux de travail. Depuis, elle est active dans la société civile de sa ville et principalement dans l’Association Amal [ espoir] pour la solidarité, le développement et le savoir. « Mais cette action, je la mène à titre individuelle. Car j’estime que le citoyen est le noyau principal de toute action politique. S’il vote pour des représentants au parlement, il ne doit en aucun cas déléguer son pouvoir sans suivie ni contrôle » explique la jeune protestataire. Pour elle, cette action vise à montrer le manque de confiance et de dialogue entre les citoyens et les élus.

Avant de lancer sa campagne de mobilisation, Lawahedh essaye de contacter les députés de Kasserine en vain. « Mabrouk Herizi [CPR] Mahmoud Kahri [UPL], Ikram Moulahi, Safia Khalfi et Kamel Hamzaoui [Nidaa Tounes],  n’étaient pas disponibles pour une rencontre avec les citoyens qui ont voté pour eux. Entre le premier qui prétend avoir trop de boulot et le deuxième qui était au Hajj et la troisième qui ne voulait pas décrocher au téléphone, j’ai compris que nos élus ne pensent pas à nous mais à leurs intérêts. Ils ne comprennent pas que nous n’avons pas voté pour des personnes mais à des programmes » déplore la jeune militante avant de rappeler que depuis des années, aucun projet n’a été accompli à Kasserine.

À Meknassi, Tozeur, Kasserine et Tunis les sit-in des chômeurs continuent. A Gabès, la tension est monté d’un cran suite au décès hier d’un agent de la STEG, asphyxié par des émanations d’ammoniac. La région déjà sinistré par la pollution prépare à une mobilisation pour protester contre les causes de la mort du défunt.