Jeudi 9 février 2017, les familles des disparus se sont rassemblées devant l’ambassade d’Italie. Au même moment, Béji Caid Essebsi, président de la République, effectue une visite de deux jours en Italie, où 800 jeunes tunisiens, au total, sont portés disparus depuis 2011. Mobilisées depuis six ans, les familles accusent les autorités tunisiennes et italiennes de cacher la vérité sur le sort de leurs enfants. Après des dizaines de manifestations, de sit-in et de conférences, les familles menacent de porter l’affaire devant la Cour pénale internationale.
Aziza Bouthouri, de Tunis, mère de 8 enfants, a perdu son fils, Maher Bouthouri, alors âgé de 26 ans. Elle affirme l’avoir vu dans un reportage diffusé sur une chaîne italienne. « Nous avons des preuves que nos enfants sont arrivés en Italie et ont été accueillis par les autorités italiennes en septembre 2011. Nous avons demandé à maintes reprises au gouvernement tunisien de nous ramener nos enfants. Le gouvernement italien dit que les autorités tunisiennes ne font pas leur travail », affirme Aziza. Samira Boutara, mère de Rochdi Boutara, parti à l’âge de 20 ans, raconte qu’une femme l’a appelé en 2013 pour l’informer que les jeunes Tunisiens sont pris en otage par des Italiens qui les font travailler dans les champs agricoles.
Lors d’une conférence de presse tenue mardi 7 février à Tunis, Abderrahmen Hedhili, président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, a annoncé sa démission de la commission d’enquête chargée du dossier. D’après Hedhili, cette commission, créée en mai 2015 par le gouvernement sous la tutelle du ministère des Affaires sociales, « ne fait pas son travail et vise à calmer les familles des disparus plus qu’autre chose ». Ayoub Ghedamsi, un des avocats des familles, affirme de son côté : « nous allons demander des informations plus précises sur le travail de la commission. Notons que, depuis 2015, la commission ainsi que le ministère ont essayé de bloquer les efforts de la société civile dans sa quête pour retrouver les disparus ».
Suite au grand flux migratoire consécutif à la chute du régime de Ben Ali, un accord a été conclu le 5 avril 2011 entre le ministre de l’Intérieur Habib Essid, et son homologue italien Roberto Maroni sur le renforcement du contrôle des frontières. Dans la foulée, , les autorités italiennes ont accepté de régulariser la situation de 22.000 immigrés clandestins avec un visa Schengen d’une validité de trois mois. Cependant, 800 personnes ont été déclarées disparues par le gouvernement tunisien.
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