Réformer le système éducatif est avant tout un projet de société exigeant une vision politique claire. La société tunisienne a besoin que ses futurs citoyens aient un ancrage profond dans la culture démocratique et qu’ils aient aussi leurs places sur un marché du travail connaissant une mutation ayant imposé de nouvelles exigences. Il est déplorable que les gouvernements successifs depuis 2011manquent de vision en matière d’éducation, ce qui expliquerait le cafouillage et l’improvisation qui ont caractérisé la période Néji Jalloul à la tête du ministère de l’Education.
Apparemment, les partis politiques ont d’autres chats à fouetter que de s’occuper d’éducation. Une bonne réforme éducative porte ses fruits à long terme, alors que le politique a les yeux braqués sur les prochaines élections. L’échéance électorale prend le pas sur l’urgence des réformes. Le traitement médiatique de la question éducative demeure occasionnel et circonstancié par des évènements comme la rentrée scolaire, les grèves, les scandales de pédophilie et les examens de fin d’année. Un tel traitement reste superficiel, passe à côté du fond du sujet de l’éducation et s’avère incapable d’interpeller et de secouer l’opinion publique sur la chose éducative.
Malgré l’augmentation du budget de l’éducation nationale, le recrutement des enseignants est au point mort. L’année scolaire 2016-2017 est marquée par un manque sans précédent en enseignants, 18000 d’après Lassaad Yacoubi. Cette situation résulte des velléités gouvernementales de réduire le nombre de fonctionnaires quitte à atteindre gravement la mission pédagogique de nos établissements. Entre le besoin urgent de faire appel à des suppléants, et le refus de ces derniers de colmater les brèches de l’éducation nationale sans être recrutés, le ministère de l’Education promet et s’empêtre dans des engagements parfois difficiles à tenir.
Le livre blanc de l’éducation nationale affiche d’ailleurs des objectifs très ambitieux. Afin de concrétiser ces objectifs, le ministère de l’Education devrait les rendre opérationnels. Or, une opérationnalisation défaillante de ces mêmes objectifs reste le défaut majeur de toutes les réformes opérées jusqu’ici dans le système éducatif. Il est important à ce niveau de pointer du doigt la bureaucratie paralysante du ministère de l’Education et de ses différentes directions régionales.
Rappelons aussi que la réforme est prise en tenaille entre les revendications syndicales légitimes et les contraintes budgétaires et bureaucratiques du ministère de l’Education. A cela, s’ajoute les tensions politiques autour de l’éducation comme projet de société. Le contenu de certains programmes d’histoire, d’éducation civique, d’éducation et pensée islamique revête une dimension plus que symbolique pour les acteurs de la scène politique tunisienne.
Au milieu de toutes ces tensions, la réforme de l’enseignement sera au mieux un compromis entre des syndicats très attachés aux intérêts de leurs adhérents, des partis politiques soucieux de gagner les prochaines échéances électorales et une administration ministérielle sclérosée. Le résultat d’un tel compromis ne sera qu’une addition de réformettes sans aucune vision globale du sens de la réforme.
C’est trés facile de résoudre un problème avec des “SI” ou avec des “IL FAUT”.C’est avec un combat contre ceux qui s’opposent au changement qu’on peut obtenir des résultat. Et dans le cas présent ceux qui s’opposent c’est le syndicat des enseignants. Les enseignants tiennent à leurs avantages matériel comme les cours particuliers.