Appelant à la mise en place d’une « mission d’enquête conjointe » dans ce communiqué, le FTDES voudrait qu’elle révèle « la source du problème de ces émissions », évalue « ses conséquences sanitaires et environnementales » et enquête « sur les défaillances potentielles de l’unité industrielle dans son ensemble et sur la sécurité des travailleurs de l’usine ». Le communiqué revient sur les problèmes écologiques et sanitaires auxquels les habitants de Gabes font face. Hormis les évacuations des gaz toxiques, le déversement du phosphogypse dans la mer aggrave davantage la situation écologique. Le FTDES appelle également à arrêter l’activité des unités de production jusqu’à la fin de l’enquête de cette mission. Entre-temps, le ministre des Affaires locales et de l’Environnement Mokhtar Hammami assure, lors de la COP25, que la Tunisie veille à respecter ses engagements envers la communauté internationale en amortissant la densité du carbone1 à 41% d’ici 2030.
Situation écologique sinistre à Gabes
« Le conseil municipal de Gabès a décidé l’arrêt immédiat des activités du GCT. Mais ce dernier a fait un recours auprès du Tribunal administratif et a gagné le procès », affirme Ridha Sassi, conseiller municipal et directeur des affaires administratives à la commune de Gabès. Toutefois, Mokhtar Hammami a déclaré lors d’une conférence de presse tenue le 2 décembre que « la Tunisie a optimisé l’utilisation des énergies renouvelables non polluantes et en a produit 1000 kilowatt, ce qui représente 12% du taux global prévu pour 2030, soit 3880 kilowatts ». Il a également expliqué lors de la COP25 que les émissions de la Tunisie en gaz n’excèdent pas 0.07% au niveau international. Pour sa part, le conseiller municipal de la commune de Gabes trouve que le drame persiste malgré les promesses et les engagements. « Le groupe chimique représente un grand danger à cause du gaz et du phosphogypse déchargé dans la mer. La cimenterie de Gabes affecte aussi les habitants à cause de l’écoulement du charbon dans la mer. La situation est catastrophique et les efforts des acteurs civiles et politiques visant à limiter les activités toxiques ont été voués à l’échec », déplore-t-il.
Assise juridique internationale puissante, mais…
Depuis 1992, la Tunisie a signé, lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) qui regroupe 154 pays. La conférence COP est un organe qui se réunit annuellement pour suivre l’état d’avancement des pays dans la mise en œuvre des objectifs de la convention par rapport à la lutte contre les changements climatiques. La 21ème conférence tenue à Paris en 2015 a débouché sur un accord international sur le climat, appelé l’Accord de Paris.
En vertu de cet accord, les Etats signataires sont appelées entre autres « à respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de l’Homme, le droit à la santé, […] et le droit au développement », ainsi que « l’intégrité des écosystèmes » et « la protection de la biodiversité ». Par ailleurs, la protection de l’environnement et de l’énergie propre représentent respectivement le 7ème objectif du millénaire adopté par les Etats membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 2000 et le 7ème Objectif du Développement Durable (ODD).
Toutefois, la signature d’accords internationaux n’est pas suffisante pour lutter contre les changements climatiques et préserver l’environnement. Selon une étude financée par l’Union Européenne et réalisée conjointement par les deux sociétés de conseil Particip GmbH et ETI Consulting, montre que les émissions hydriques, solides et atmosphériques du groupe chimique au site de Gabès dépassent les seuils admis. Il s’agit par exemple des vapeurs-acides, des émissions d’ammoniac, du phosphore, des métaux lourds et des déchets de phosphogypse.
En effet, le phosphogypse figure sur la liste des déchets dangereux fixés par le décret N°2000-2339. La société de coopération allemande (GIZ) a révélé quant à elle dans un rapport publié en 2014 qu’il n’y a aucune stratégie pour le traitement du phosphogypse. « Le Groupe chimique en charge de la gestion de ce produit se contente actuellement de le stocker dans des sites à côté des unités de traitement ou il est rejeté dans la mer ». De plus, environ 6 millions de tonnes de déchets dangereux sont à l’origine du phosphogypse déchargé dans la mer. C’est ce qu’affirme le rapport de la commission parlementaire de la réforme administrative.
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