Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Avant comme après la Révolution, le dossier écologique reste le parent pauvre de la politique tunisienne. Les questions environnementales semblent en effet ne guère susciter l’intérêt de nos hommes politiques tunisiens. Quant à nos concitoyens, ils ne paraissent s’intéresser à l’environnement que lorsque leur quotidien est directement affecté (pollution, déchets…).

Et depuis que les autorités ont commencé à s’intéresser au sujet, elles n’ont pas véritablement essayé d’inculquer aux citoyens les gestes permettant de mieux sauvegarder nos ressources naturelles ou d’encourager sérieusement un comportement responsable vis-à-vis de notre environnement. Les « choix » adoptés n’ont jamais pris en compte l’avis de la population (en matière de gestion des déchets, d’assainissement, des ressources en eau…). Les programmes d’éducation à l’environnement étaient si naïfs au point qu’ils n’ont suscité quasiment aucune vocation. Alors que le monde bouge, et que des filières entières ont été développées, nous n’avons pas évolué en matière de recyclage des déchets, et d’environnement en général.

La question du recyclage

Le recyclage du plastique, en particulier du polyéthylène (utilisé entre autres pour les bouteilles d’eau minérale), se maintient et génère beaucoup d’emplois, surtout parmi les ramasseurs (barbachas). Or il est regrettable que des données ne soient pas disponibles sur cette filière. A noter toutefois que dans ce secteur, la durée de vie d’une petite entreprise est relativement courte. En effet, d’après une enquête inédite, un taux important d’entreprises a cessé ses activités, tandis que bon nombre d’entre elles se sont transformées en structures informelles sur lesquelles aucune donnée n’est disponible. D’autres filières de recyclage existent en Tunisie, et concernent les métaux (ferreux et non ferreux) ou les déchets informatiques. Nous n’avons pas trouvé d’informations concernant les filières du recyclage du papier ou du verre.

Le plus gros des déchets, celui des villes et villages, n’est pas recyclé. Les déchets sont en effet regroupés dans des décharges dites « contrôlées » où ils sont enterrés sans le moindre traitement. Nous savons très bien, d’après l’expérience cumulée en Tunisie, que ces espaces constituent une source de pollution et de nuisances pour les riverains. Au rythme où évoluent les décisions concernant l’environnement, il est difficile d’imaginer la mise en place de nouveaux modèles de gestion des déchets urbains (tri à la base et recyclage, incinération et production d’énergie…).

Déchetterie à ciel ouvert, à bord d’un oued, Tunisie centrale

Le plastique à usage unique et les matériaux de construction constituent les déchets qui causent le plus de problèmes. En effet, malgré leur interdiction théorique, les sachets plastiques demeurent largement utilisés et continuent à enlaidir tous les espaces où ils sont rejetés ou déposés par le vent. Les emballages en plastique contribuent eux aussi à la pollution des paysages. Et malheureusement, les autorités ne paraissent pas en voie  d’imposer leur remplacement par d’autres matériaux (papier, autres types d’emballages recyclables…).

Les déchets de construction posent problème dans le sens où il n’y a pas de lieux qui leurs sont réservés. Ils sont souvent déposés à la périphérie des zones urbaines ou dans des dépressions (zones humides, lits d’oueds…). Ces déchets peuvent être facilement recyclés. Cependant, l’absence de stratégie pour les valoriser ne pourra que générer des problèmes potentiels (inondations en cas de grandes pluies), en plus de l’enlaidissement des paysages des lieux où ils sont déposés.

Déchets en milieu rural

En milieu rural, et malgré la couverture de l’ensemble du territoire par les municipalités, les déchets générés localement sont souvent déposés un peu partout. Ainsi, dans ces zones, les gens paraissent vivre quasiment dans des décharges à ciel ouvert. Malgré le volume relativement faible des dépôts, le fait qu’ils soient placés sur de grandes étendues les rend très visibles. Cela constitue une source de malaise pour quiconque passe par les zones rurales. Or dans ces régions, les détritus diffèrent des déchets ménagers urbains. En zone rurale, les déchets ont un taux important de matière organique (restes de fourrages dans les zones où l’élevage est pratiqué), susceptible d’être valorisé notamment par compostage. Le reste comprend les emballages de différents types : plastiques, conteneurs de conserves, verre (en faibles proportions).

Du côté de Sfax, la « décharge contrôlée » d’Agareb a été clôturée et la ville s’est vue crouler sous ses déchets. Mais des problèmes similaires risquent de se poser pour d’autres régions. Il y a lieu de s’interroger sur les conséquences à long terme du modèle adopté en matière de gestion des déchets… Y-a-t-il une alternative à l’enfouissement des déchets ? Laquelle ? Autant de questions auxquelles les réponses ne sont pas évidentes. Lorsqu’on jette ses déchets à la poubelle, pense-t-on à leur devenir ? Et quel prix accepte-t-on de payer pour un traitement « convenable » des déchets générés ?

D’autres sujets relatifs à l’environnement sont préoccupants. Nous traitons dans ce qui suit ceux relatifs aux ressources en eau, à la pollution et à la biodiversité.

Stress hydrique

Les contraintes imposées par les changements climatiques en cours (faiblesse des précipitations, hausse des températures) menacent le renouvellement des eaux de surface. Le centre du pays est particulièrement exposé au renouvellement de ses eaux de surface.

Les barrages présents risquent d’être à sec pour de longues périodes, et de ne se remplir que pendant de grands événements pluvieux. Le risque réel est que les ressources dont dépend la vie des habitants deviennent insuffisantes pour les maintenir sur place. La conséquence étant la migration forcée des populations lésées par la prolongation de la sécheresse et l’absence de conditions décentes pour les maintenir sur place (migrations climatiques). Les communautés les plus vulnérables étant celles qui dépendent des ressources naturelles pour vivre (surtout celles vivant de l’élevage extensif).

Champ de salades destinées à l’exportation, Tunisie du centre-ouest

Le recours au rationnement de l’eau est une option à laquelle nous ne pourrons pas échapper à l’avenir. Pour l’occasion, une révolution doit s’opérer dans le milieu agricole en matière d’économie d’eau, surtout que l’agriculture consomme plus de 80 % de cette ressource. Le recours aux sondages n’est pas viable dans plusieurs régions, surtout celles où la pluviométrie annuelle ne permet pas le renouvellement des volumes pompés. D’ailleurs, le niveau des nappes où un pompage excessif est à l’œuvre ne cesse de baisser à force de prélèvements.

Les cultures gourmandes en eau devraient être interdites dans les régions vivant un stress hydrique aigu. Parmi ces cultures, celles d’été sont particulièrement ciblées, notamment les tomates, piments, pastèques, melon… Les cultures qui consomment d’importants volumes d’eau et destinées à l’exportation devraient être elles aussi interdites (tomates, fraises…).

Comme le pays vit en situation de stress hydrique permanent, il y a lieu de penser à la récupération des eaux pluviales en milieu urbain. Ces eaux peuvent facilement être mobilisées pour l’arrosage des espaces verts par exemple. La récupération des eaux pluviales chez les particuliers devrait être généralisée, pour un usage domestique (eau de boisson ou aussi pour d’autres usages). Toutefois, si l’eau est destinée à la consommation humaine, il s’agit de respecter scrupuleusement les normes d’hygiène, afin d’éviter la propagation de maladies liées à des eaux non conformes.

Il y a lieu de rappeler qu’en règle générale, en milieu rural, les éventuels réseaux d’eau potables sont gérés par des GDA (Groupements de Développement Agricole). Surtout après 2011, de nombreux GDA ont connu des dysfonctionnements financiers et administratifs (régularité des assemblées générales). Le résultat étant des arrêts de fourniture d’eau potable aux populations desservies.

Cela a provoqué des mouvements de protestation un peu partout où ces problèmes ont eu lieu. Les habitants ont compris que ces coupures étaient liées au non-paiement des factures d’électricité. Actuellement, même si le cadre juridique des GDA n’a pas changé, ces problèmes se sont atténués. La qualité de l’eau desservie par les GDA n’est pratiquement pas connue –même si les services de la santé publique sont supposés la contrôler-. De même, si la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) assure la fourniture de l’eau potable à la majorité de la population tunisienne, elle ne fournit pas d’informations sur la qualité de l’eau desservie. Pourtant, dans nombreuses régions, la qualité de l’eau est jugée mauvaise, incitant les citoyens à consommer de l’eau minérale. Pis : cela favorise le développement d’un commerce inédit (celui de l’eau potable), pourtant interdit par la loi, car hors contrôle sanitaire.

Les palmeraies du sud dépendent pour leur irrigation, des nappes profondes. Certaines de ces nappes sont fossiles, et non renouvelables sur une échelle de temps courte. Elles sont en revanche partagées avec les pays voisins. Au cours des dernières années, une agriculture intensive s’est développée en Algérie, puisant d’importants volumes d’eau. L’absence de gestion conjointe entre les deux pays de ces nappes compromet la disponibilité de l’eau dans les régions ayant recours à leurs eaux. Aussi bien en Tunisie qu’en Algérie, le souci du renouvellement de la ressource est pratiquement absent, du moins chez les exploitants agricoles. Une réflexion sur le devenir de ces régions s’impose d’urgence.

Reste le problème de l’assainissement des eaux usées. Même si d’importants efforts ont été consentis pour mettre en place des stations d’assainissement un peu partout dans le pays, la qualité des eaux issues de ces stations est impropre pour une réutilisation sans risques pour les exploitants, les sols et les consommateurs. A la saison estivale en particulier, certaines stations d’épuration se trouvent incapables de traiter tous les volumes qui leurs parviennent. Par conséquent, elles rejettent des eaux non traitées dans le milieu récepteur (cours d’eau, mer). Les stations d’épuration sont considérées comme une source de pollution, au moins dans certaines régions (Tunis, Sfax, Béja…).

La situation est préoccupante pour le cas de la station de Béja qui rejette ses eaux dans l’oued Béja. Ces eaux finissent donc par échouer au barrage Sidi Salem dont la réserve est en partie destinée à la consommation humaine.

De même, un coût supplémentaire est à prévoir si on cherche à procéder à l’assainissement tertiaire des eaux usées afin de les valoriser sans risques. Actuellement, certaines stations d’épuration sont supposées assurer un traitement tertiaire des eaux qu’elles reçoivent. Il serait intéressant de comparer la qualité des eaux produites avec celles des autres stations d’épuration, ainsi que les coûts des traitements effectués. Sur le plan stratégique, nous devrions opter pour un traitement tertiaire des eaux usées, afin de pouvoir les réutiliser en confiance, et conformément aux normes en vigueur.

Concernant la pollution, les zones les plus touchées correspondent au golfe de Gabès (de Gabès à Sfax), étant affectées par l’industrie de transformation des phosphates. Ce ne sont malheureusement pas les seuls sites du littoral à être victimes de la pollution, même si les causes ne sont pas les mêmes. En effet, si le golfe de Gabès souffre en particulier de la pollution industrielle (secteur des phosphates), de nombreuses plages voient se déverser les eaux usées, parfois non traitées.

Cela constitue une source de gêne pour les populations locales ou celles fréquentant ces sites. Les unités textiles génèrent elles aussi des eaux polluées et certaines les rejettent dans le milieu naturel. Ces unités devraient de toute urgence être strictement contrôlée, en vue de mettre fin à leurs pratiques polluantes.

Bassins dépotoirs de margines, sud de la région de Kairouan

Dimensions de la biodiversité

La biodiversité inclut la diversité des écosystèmes, des espèces et des gènes. Elle correspond aux espèces présentes dans le pays et les interactions établies entre elles, dans leurs milieux naturels. Autrement dit, elle comprend les plantes, les animaux, champignons, bactéries… naturellement présentes sur le territoire, avec ses espaces marins et terrestres. Elle englobe aussi la diversité des espèces cultivées.

Globalement, cette biodiversité est souvent réduite à l’objet auquel chacun s’intéresse. Les dimensions le plus souvent invoquées sont la diversité des espèces « visibles » (grands animaux, arbres et arbustes) ou utilitaires. Une grande partie des composantes de la biodiversité est méconnue (les insectes par exemple, mais aussi les invertébrés et autres espèces d’ordre inférieur).

Lorsqu’on parle de biodiversité, on évoque souvent les espèces natives, ou locales, c’est-à-dire celles qui se trouvent naturellement dans le pays, par opposition aux espèces introduites. Ces dernières, de plus en plus nombreuses, risquent d’avoir un caractère invasif et de porter atteinte à la biodiversité locale et aux milieux dans lesquels elles vivent.

L’introduction d’espèces végétales s’est faite depuis longtemps. Celles qui furent introduites avaient un aspect utilitaire. Il s’agit en fait d’arbres fruitiers, tels que le grenadier, le mûrier, le pommier… Les espèces maraîchères ont été introduites plus tard, notamment par les Andalous (pomme de terre, piment, tomate, haricot…). Ces derniers ont aussi introduit le cactus qui a longtemps servi à l’alimentation humaine ou celle du bétail. Il a surtout servi pour délimiter les bordures des espaces cultivés.

Agriculture de montagne, Tunisie méridionale

Pendant la période coloniale, de nombreuses espèces cultivées, forestières ou d’ornement ont été introduites. Citons par exemple les eucalyptus, plantés surtout le long des routes et près des habitations, certains Ficus, le Jacaranda flamboyant, l’Araucaria, le palmier des Canaries…, plantés en milieu urbain. D’autres espèces furent introduites, et se sont naturalisées par la suite, comme la pomme de Sodome (originaire d’Afrique du sud), le tabac non cultivé (originaire d’Amérique latine), le ricin (originaire d’Afrique tropicale)… Les introductions plus récentes -qui n’étaient pas délibérées- comprennent la morelle jaune qui a un caractère invasif évident et pose problème pour les agriculteurs, tout comme le crabe bleu, la cochenille du cactus ou le charançon rouge. Ces dernières espèces modifient le fonctionnement des écosystèmes (en mer, pour le cas du crabe bleu), portent préjudice aux plantations de cactus ou s’attaquent aux palmiers d’ornement (pour le moment), mais constituent une menace pour les palmeraies (cas notamment du charançon rouge). Bref, nombreuses sont les espèces introduites qui risquent de poser de sérieux problèmes le jour où se manifeste leur caractère invasif, et quand on cherchera à s’en débarrasser. La morelle jaune peut être considérée comme une plaie pour le pays, et il y a lieu de contrôler sa progression et chercher tous les moyens possibles pour limiter ses impacts.

Pour ce qui est des écosystèmes naturels, il paraît évident que les zones humides et les terrains de parcours sont les plus dégradés, car ils subissent des pressions qui sont de nature à ne pas permettre le maintien et le renouvellement de leur couverture végétale. Les espèces animales qui les habitent disparaissent par conséquent, suite notamment à la destruction de leurs habitats.

Il y a, en Tunisie, des espèces végétales localisées à certains endroits et dont les aires de distribution sont limitées. C’est le cas notamment du chêne afares, de l’érable de Montpellier, des espèces du genre Calligonum (milieux sahariens). D’autres sont limitées à des habitats particuliers, tels que la ripisylve (végétation poussant le long des cours d’eau, tels que le frêne ou l’aulne glutineux), ou encore les espèces d’altitude, comme le micocoulier. Toutes ces espèces méritent un suivi de leurs habitats et aires de répartition dans le pays. D’ailleurs, certaines n’ont pas été inventoriées depuis longtemps, ou subissent une pression anthropique notable malgré leur rareté dans le pays.

Espèces animales menacées

Les espèces animales directement menacées sont surtout celles qui sont chassées, particulièrement le lièvre et la Perdrix gambra dont plusieurs populations ont été décimées. Les Carnivores sont menacés par la raréfaction de leurs proies et la destruction de leurs habitats. Ils sont parfois délibérément tués surtout lorsqu’ils sont croisés sur les routes (cas de l’hyène rayée, du loup doré africain, du renard…). C’est aussi le cas de tous les serpents qui sont systématiquement tués une fois trouvés. Pourtant, parmi ces derniers, nombreuses sont les espèces inoffensives et qui jouent un important rôle dans le fonctionnement des écosystèmes.

La chasse et le braconnage menacent d’autres espèces, parmi les oiseaux, comme le Pigeon ramier, la Tourterelle des bois et l’Outarde houbara. Les deux dernières espèces sont connues pour un avoir un statut préoccupant selon les critères de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). La Tourterelle des bois est « légalement » chassée en Tunisie, alors qu’elle se raréfie au niveau global… On ne peut, dans ce cas, que recommander l’alignement de la réglementation en vigueur sur le statut global de conservation des espèces chassées, même si certaines parmi elles peuvent être considérées comme menacées localement, indépendamment de leur statut au niveau mondial.

Tortue mauresque, une des principales victimes du commerce d’animaux

Les grands Mammifères (gazelles dorcas, des dunes et de Cuvier, cerf, mouflon à manchettes) n’existent presque plus en liberté, en dehors des aires protégées où elles sont confinées. Des cerfs se sont échappés des espaces où ils étaient maintenus pendant les incendies des forêts et se sont dispersés dans plusieurs forêts. Ils sont cependant soumis à de fortes pressions de braconnage. Le mouflon à manchettes habite les escarpements rocheux des montagnes de la Tunisie centrale et méridionale. Certaines populations vivent en liberté, mais sont également soumises aux pressions des braconniers. Une petite population de mouflon de Corse (espèce exotique) a été introduite dans le parc national de Zembra et Zembretta pendant les années 1960. Cette population n’a jamais fait l’objet d’un suivi, et aucune information n’est disponible sur son état.

Parmi les espèces subissant des prélèvements du milieu naturel, citons :

  • La tortue mauresque (terrestre) est prélevée pour être élevée dans les habitations,
  • Le caméléon, le varan, le fouette-queue, les hérissons… sont chassés pour être vendus dans plusieurs marchés,
  • Certains Rapaces (Faucons, Aigles) sont chassés pour être vendus ou exposés dans quelques zones touristiques,
  • Fait inédit, la chasse et la vente du Flamant rose, dans la région de Sousse. L’oiseau ne figure pourtant pas parmi les espèces chassées en Tunisie…

La seule espèce qui connaît depuis des années déjà des pullulations et une extension de son aire de distribution en Tunisie est le sanglier. Les adultes n’ont pas de prédateur, et les effectifs des populations ne cessent d’augmenter. Les prélèvements opérés par les chasseurs ou les prédateurs sont pratiquement insignifiants. Le contrôle des effectifs du sanglier demeure un problème auquel les décideurs ne semblent pas en mesure d’apporter des réponses. C’est un sérieux problème qui mérite au moins d’être étudié, afin d’ébaucher des pistes efficaces pour réduire les impacts de cette espèce sur les écosystèmes fragiles (oasis, vignobles en sec, zones humides…).

Les informations concernant certaines espèces animales sont anciennes ou peu précises. Parmi celles présentant un statut incertain, citons le chat sylvestre, le lynx caracal, le chat des sables, la loutre d’Europe, la zorille, le rat à trompe, les musaraignes, le Sirli de Dupont, le Cincle plongeur… Parmi les espèces citées ici, certaines sont persécutées malgré leur rareté et le fait qu’elles habitent des sites éloignés des humains. L’hyène rayée, par exemple, est tuée chaque fois qu’elle croise une route fréquentée.

Il y a lieu d’ajouter que l’hyène rayée et la zorille sont recherchées pour des usages superstitieux ou pour « soigner des maladies », de même que les serpents et vipères. Le plus souvent, les maladies qu’on cherche à soigner sont incurables. La raréfaction des Amphibiens trouve une explication dans la destruction de leurs habitats et l’assèchement de nombreuses zones humides. Le captage des sources, par exemple, ne laisse pas suffisamment d’eau pour que ces animaux se maintiennent et se reproduisent. De même, le recours immodéré aux pesticides constitue une source de pollution et contribue à réduire l’abondance et la diversité des espèces qui y sont exposés (Vertébrés et invertébrés).

Conclusion

Les problèmes liés à l’environnement en Tunisie ne cessent de s’accumuler et de se complexifier avec le temps. Les approches adoptées pour leur faire face sont obsolètes et inefficaces. Considérer l’environnement comme un monopole des institutions publiques sans implication des citoyens dénote d’une vision très biaisée, visant à assurer l’immunité de ceux en charge de ces dossiers.

Des pistes demeurent encore inexplorées ou insuffisamment connues concernant les polluants émergents (antibiotiques, pesticides…), les impacts potentiels des changements climatiques sur la distribution des espèces… Nous sommes appelés à maîtriser les différentes thématiques liées à notre cadre de vie et à adopter des approches innovantes pour leur apporter des solutions appropriées et spécifiques. Reboiser après incendies est utile et intéressant. Mais effectuer des reboisements à base d’une seule espèce est insuffisant. Il faut au moins être conscient de la complexité des situations de terrain et essayer d’adopter des approches holistiques. Ceci constitue une piste intéressante et féconde en leçons (comme la réhabilitation des écosystèmes par exemple).

Le monde a fait énormément de progrès, comparativement au rythme auquel nous progressons. Or la Tunisie risque de payer cette inertie au prix fort.