Avec la nouvelle année, veille du quatrième anniversaire de Coup de son peuple, la Tunisie officialise une nouvelle donne politique. Elle se manifeste notamment par le retour des compétences, dont nombre de figures ayant servi sous l’ancien régime. En effet, leur place n’a pas été remplie par les cadres des gouvernements issus de la majorité islamiste et ses alliés supposés laïques ; or, comme la nature, la politique a horreur du vide.
Une centralité politique
Précisons tout de suite que le cours nouveau salué de partout comme exemplaire n’a été possible que grâce à une sagesse certaine des dirigeants du parti Ennahdha, osant faire montre de réalisme quitte à bousculer leurs troupes, heurter leurs caciques les plus dogmatiques et rompre avec une certaine vision de la politique.
Aussi, plus que jamais, le parti islamiste en Tunisie se trouve-t-il, moins au sein du pouvoir actuel en Tunisie, qu’au centre de celui qui doit s’installer progressivement en Tunisie : une démocratie paisible, ne reniant pas ses valeurs, mais attachées à un humanisme certain, car intégral.
En effet, malgré les apparences, le cheikh Rached Ghannouchi a réussi a sauver l’essentiel de ce qui devait être la bérézina pour son parti après son catastrophique passage par les plus hautes sphères du pouvoir au pays.
Or, il ne préserve pas seulement ses troupes de persécutions des ennemis des islamistes envisageaient pour ses troupes assez promptes — ne serait-ce que par réflexe contestataire — de verser dans le radicalisme. On en a eu une illustration éloquente avec les dérives de celui qui était pourtant supposé être au-dessus de tout soupçon intégriste, le président provisoire, ancien militant des droits de l’Homme.
Son alliance stratégique in extremis avec le chef du parti désormais aux commandes lui a permis de garder un poids politique certain dont il aura à user à bon escient afin de préserver les chances d’avenir pour l’islam politique en Tunisie.
En effet, l’avenir des islamistes en notre pays est loin d’être derrière eux ; il est même au-devant s’ils savent tirer profit de la nouvelle donne tout en allant de l’avant dabs leur mue démocratique.
Qu’est-ce à dire sinon que le parti Ennahdha doit être en proue du futur combat de larges spectres de la majorité actuelle pour les droits et les libertés. Il doit surtout continuer d’oser aller dans le sens d’une démocratie intégrale, y compris en montrant le chemin consistant à ne pas s’embarrasser de tabous éculés, consacrant la nature humaniste de la Tunisie.
En effet, dans la majorité hétéroclite au pouvoir, nombre de libéraux ont juste une conception étriquée du libéralisme, la réduisant au domaine économique, n’étant pas mentalement en mesure d’accepter son pendant social, politique et surtout culturel. Car le libéralisme est un tout.
Une centralité idéologique
Voici donc ce que pourrait faire cheikh Ghannouchi afin d’être aux premiers rangs des combattants des valeurs en Tunisie, celles qui doivent tôt ou tard s’imposer dans notre pays, car le sens de l’histoire le commande.
Ainsi confirmera-t-il que la réforme de l’idéologie islamiste au sein de son parti est réelle et effective, faisant d’Ennahdha la première Démocratie islamiste du Sud, à la manière de ses consœurs en Occident où les Démocraties chrétiennes ont su allier valeurs spirituelles et valeurs libérales.
Du même coup, il prendra assurément une longueur d’avance pour les échéances majeures à venir en se positionnant comme le meilleur garant contre tout retour en arrière ; or, la meilleure parade consiste dans le renforcement des droits et des libertés privées.
Ennahdha sera bien inspiré de rompre avec sa logomachie à propos de l’abolition de la peine de mort en se prononçant pour un texte consacrant le principe constitutionnel sacralisant le droit à la vie. Car cela impose ipso facto l’abolition de la peine de mort. Un texte en la matière doit être incessamment proposé aux députés ; que le parti islamiste, à défaut d’être son promoteur, l’appuie et ainsi veille à le faire adopter.
Mieux ! Ennahdha doit prendre l’initiative de proposer un texte de loi décidant le moratoire de toutes les lois liberticides, notamment celles qui se sont avérées scélérates, se prétendant inspirées par l’islam, alors qu’elles le violent en étant attentatoires des libertés privatives que consacre notre religion.
Il s’agit, par exemple, de la liberté de conscience, reconnaissant le droit d’apostasier, la liberté des mœurs, impliquant l’abolition des textes homophobes et a loi criminalisant le simple usage des drogues douces.
Osant aller le plus loin dans la manifestation de son esprit humaniste intégral, le parti islamiste pourrait prendre l’initiative de proposer l’égalité parfaite entre les sexes en matière d’héritage. En effet, l’islam ne rejette nullement cette égalité, lui qui a élevé le statut de la femme comme aucune autre religion. De fait, pareille égalité est inscrite dans la dynamique même de la foi islamique ainsi que le montrent ses visées qui la rendent même impérative aujourd’hui.
Sur ces matières à fort degré de symbolisme, le parti islamiste pourra démontrer avoir évolué non pas en reniant ses valeurs islamiques, mais en faisant enfin de notre religion une lecture correcte, conforme aux visées de cette foi œcuménique, rationaliste et humaniste.
Ainsi agira-t-il concrètement non seulement à son propre avenir en Tunisie, mais aussi au futur de la religion musulmane dans le monde qui, après les abîmes où l’a fait tomber Daech et l’esprit rétrograde des intégristes a besoin impérativement de renaître de ses actuelles turpitudes. N’est-ce pas ce qu’emporte le nom même du parti islamiste Ennahdha, la résurrection ?
Je cite votre phrase « Elle se manifeste notamment par le retour des compétences »
Pouvez-vous nous démontrez comment avez-vous jugé de leur compétence ? Est-ce par le médiocre système d’éducation nationale (la Tunisie est dernière dans tous les tests PISA en lecture, sciences et mathématiques), l’absence de recherche scientifique et d’universités de pointe (aucune université dans le top 5000 du ranking de Shanghai), les prestation du système de la santé avec des hôpitaux universitaires de l’époque coloniale (aucun hôpital universitaire n’a été bâti dans les régions de l’intérieur depuis l’indépendance), des infrastructures vétustes, des régions entières non raccordées au gaz naturel, a la canalisation. Vos compétents ont pris la responsabilité après l’indépendance avec une Tunisie comparable a la Corée du Sud, Taiwan, la Malaisie ou la Turquie et plus développée que la Thaïlande ou la Chine, comparez maintenant ces pays au notre. La mafia du pds/rcd et les lobbies corrompus derrière ont régi ce pays depuis 1956 et n’ont délivré qu’un résultat catastrophique la raison principale des soulèvements répétés (1978, Gafsa, soulèvement du pain en 84, bassin minier en 2008, soulèvement de Ben Guirdan en 2010 et soulèvement du 17 décembre 2010. Ce résultat catastrophique one le voit bien dans la situation de régions entières isolées sans électricité, pain et eau pour quelques centimètres de neige). LA machine du RCD était au pouvoir pendant les trois dernières années car la troïka et Marzougui n’avaient aucun pouvoir réel, la rébellion de la garde présidentielle concernant les archives en est un signe. Cette machine n’est pas capable de résoudre les problèmes de la Tunisie et même avec la paix sociale, elle ne sera pas capable de réaliser plus que 3 a 4% de croissance, peu pour créer du travail pour les jeunes. Le prochain soulèvement n’est qu’une question de temps.
Toit est relatif, c’est la seule chose absolue. Les compétences dont je parle sont celles d’avant et d’après la révolution, les premières étant au pire les borgnes au pays des aveugles de la troïka.
Pour le reste, je ne dis pas que la Tunisie a réussi là où elle a manifestement échoué; mais c’était la dictature et la situation ne peut être jugée de la même manière qu’après la révolution.
Sachez que les problèmes de la Tunisie ne dépendent pas que de la Tunisie, mais faut-il avoir des femmes et des hommes qui osent tenir compte des revendications du peuple et les traduire concrètement. Or, quand ceux qui se réclamaient de la révolution font pire que leurs devanciers, on voit ce que le coup du peuple aura une réplique. C’est le soulèvement dont vous parlez et que je n’exclue pas, appelant les élites à en faire l’économie en traduisant les attentes du peuple dans leur politique, faire même une “Houmani politique”. Pour avoir le détail de ce que je propose comme exigences des jeunes, il vous faudra lire certains autres de mes articles ici et ailleurs.
تقول في المقدمة “… مشهد سياسي جديد يتميز بعودة الكفاء ات ومنهم من خدم تحت النظام السابق…”. كفاءات؟ هكذا بكل بساطة؟ إذا كان التجمّع يزخر بالكفاءات وصانع الصناديق لا يوظف إلا الكفاءات فلماذا انتفض شباب الجهات المهمّشة ذات 17 ديسمبر 2010؟ كفاءات؟ ربما كفاءات في التملّق والتزييف والدمغجة … كأمثالك
أما مستقبل الإسلامويين في تونس فبالتأكيد ستحدّده “الديمقراطية (أو بالأحرى الديموكراسية) الهادئة التي لا تنكر قيمها (قيم الفساد، الاستبداد، التمييز، الظلم، التبعية، التزييف والكذب)” التي يقودها نداء التجمّع (المتكون أساسا من شبكات الفساد والاستبداد التجمّعي المتحالفة واقعيا وموضوعيا مع اليسار الهووي الاستئصالي المستشرق التابع)، وبالتأكيد ستكون قطعان الخرفان والماشية التي تقدّس شيخها الغنوشي وبطانته ضحية محرقة جديدة لن تبق منهم هذه المرة ولن تذر. هذا ليس تشاؤما بقدر ماهو قراءة بسيطة لأحداث معلومة، فمن دفع عشرين مليار دولار لإبادة بني اخونج المصريين وتكفل بالمصاريف الخيالية لحملات العجوز الخرف الباجي قايد طبابلية التجمّع لم يفعل ذلك رغبة في بناء “ديمقراطية تونسية إنسانوية” -كما تدّعي- وإنما لأنه يريد بناء دولة قمعية عربانية جرذانية أصيلة تذبح الجميع وعلى رأسهم الإسلامويون بجميع فئاتهم
ولعل نصّك هذا حيث تتذاكى وتلوي عنق اللغة لتدعو مشعوذ النهضة الأكبر (وشيخهم الذي علّمهم السحر) بأن يقبل بقوانين تبيح الشذوذ الجنسي والمخدرات والمساواة في الإرث والتراجع عن عقوبة الإعدام (والكل يعلم أن ذلك أمر مستحيل مهما تم التحايل على النصوص الدينية) حتى تصبح النهضة “أول حزب ديمقراطي إسلامي من الجنوب” وتساهم -كما تقول- “لا في نكران قيمها الإسلامية وإنما في تكريس قراءة سليمة، عقلانية وإنسانوية للدين الإسلامي”، يبحث أكثر عن إحراج النهضة وغيرها من التيارات الإسلاموية حتى تثبت عليها تهمة “الرجعية والظلامية” (ويصبح عندئذ مشروعا نعتها بالإرهاب وتصفيتها) أكثر من محاولة لتقديم اقتراحات تطوّر “الحريات الفردية والعامة” في تونس النداؤالتجمّعية. وبعيدا عن قرائتك التي تصفها ب”السليمة” للاسلام وهي تلك التي تبيح الشذوذ (وفي نص آخر شرب الخمر) والمخدرات وغيرها، فإنّ مستقبل النهضة معلوم لأسباب تاريخية وسياسية وجيوستراتيجية وواقعية. وشخصيا، بقدر ما سأتألّم لقمع خرفان النهضة (وهم في النهاية تونسيّون مثلي ومثلك) سأنتشي بما سيحدث لشيخهم التكتاك وزمرته من المتآمرين الذين حرمونا من فرصة تاريخية للتصفية القانونية للتجمّعيين وإخراس كل المتملّقين والمزيفين وتفكيك أركان دولة الاستبداد والفساد وتحييد كل المنبتّين والكولونياليين الذين صادورا مستقبل البلد وباعونا عبيدا في أسواق نخاسة الشرق والغرب. لكن تلك هي حكمة الله وذلك هو حكمه في شعب جاهل، عابث ومنافق لا يُوالي سوى الطغاة والفاسدين ولا يأتمن سوى الخبثاء والغادرين ولا يصدّق سوى المتملّقين الكاذبين! عل كل حال، إن كنتم وتجمّعكم العائد بوقاحة قد ربحتم المعركة ضد هذا الجيل فحرب “الشغل، الحرية والكرامة الوطنية” لم تضع أوزارها بعد وسيكون أمامكم وأمام ورثتكم أجيالا كثيرة ستحاربكم كما لا عين رأت ولا أذن سمعت. ودوام الحال من المحال لو كنتم تعلمون والسلام يا مِسْتر كفاءات
#كفاءات_ماذا_أيها_الأبله؟
إن في ما تقوله البعض من الحقيقة والكثير من الغلط. ولعلك تجد من البعض الحقيق الشيء الكثير في ما أكتبه في غير هذا المقال. أما ما هو من الغلط الكثير، فهو أن تعتقد أن الأمور جامدة لا تتغير؛ ومنها المفهوم الظلامي للإسلام الذي مآله الاضمحلال لأن الإسلام أولا وقبل كل شي ثقافة لا مجرد شعائر، فهذا ما جعل منه ثورة عقلية ثم حضارة عالمية. إن الشعب اليوم أكثر وعيا بحاضره ومستقبله، لذا فهو لا يأخد بالماضي، إنما يأخذ منه ما يفيده في حياته اليومية. ومن ذلك فهمه للمسائل التي تبدو لك حقيرة وهي أساس العيش السلمي مع الآخر. لذا، فلا معركة غير تلك التي يخوضها الشباب ضد نفسه، أي الجهاد الأكبر، حتي يفرض تطلعاته للحياة كما يعشها يوميا لا كما يفرضها عليه من لا يفقه لغة الشعب من النخب ولا يحس بمعاناته. تبقي الإجابة علي الكفاءات وهي من الغلط عندك، فعد للمقالة السابقة؛ لعلك كتبتها أيضا ولكن بلغة موليير هذه المرة.
Vous annoncez la naissance du centralisme ideologique que vous encouragez les islamistes et le parti Ennahdha a adopter pour survivre. Mais vous oubliez que la dynamique des contradictions sociales ne s’est jamais accomodés des demi mesures et des positions médiales “centristes” L’islam politique est mourant. Il ne pourra survivre que dans un radicalime quicidaire, ou disparaitre Quandau à Ennahdha elle ne pourra survivre qu’n se débarassant du manteau de l’Islam sous elle se cache. Mais elle ne pourra devenir qu’un parti de droite fasciste. L’Islam ne peut se perpétuer au 21ème siècle qu’en tant que croyance individuelle, irrationnelle et métaphysique.
Je n’annonce rien, j’observe ce qui est et ce qui est en train d’être. Si ‘islam est mourant comme vous croyez, c’est l’islam comme idéologie haineuse et d’exclusion qui a atteint son point de chute à daech et ailleurs. En Tunisie, c’est l’islam comme espoir qui est en train de naître, l’islam culturel et non cultuel. Et c’est ainsi qu’il se perpétuera, car il sera alors i-slam, l’islam postoderne; or, nous sommes en postmodernité.
Vous semblez ignorer 1) que la religion selon Karl Marx est “l’opium du peuple”.Elle peut êtreutile à l’individu pour calmerses angoisses metaphysiques. Mais utilisée comme idéologie,l’histoire a prouvé qu’elle n’a causé que des catastrophes.Nonmonsieur nous ne sommes pas en Tunisie dans la post modernité.Nous n’avons même pas vecu l’équivalent du siècle des lumières en Europe.Et votre islam culturel ou i-islam sont des illusions, démenti par la vie actuelle, celle du 21ième siècle.Et dans cette vie réelle. on ne vie pas d’espoir.Ne dit-on pas en fraçais “Qui vit d’espoir meurt de desespoir”. Et dans notre langage.عيش بالمنى يا كمون.Ilest bizarre d’ailleurs que les pays islamistes qui se disent avoir la meilleure religion (l’Islam) sont encore des pays arriérés à tous les niveau. Allah a-t ignoré ses fidèles serviteurs? Voilà une question tres simples. Qui peut y répondre sans recourir à des concepts métaphysiques?
Certes, monsieur Ghannouchi a su faire une lecture intelligente de la situation en faisant profil bas et en se rangeant dans le camp du compromis avec les gagnants. Son parti, en revanche, sort partagé par l’épreuve électorale: les durs campent dans la surenchère, alimentant les soupçons de prévarications et de tricheries, et comme pour prouver leur incapacité à admettre l’échec, ils vont jusqu’à répandre le bobart de 400 000 morts parmi les votants au dernier scrutin; ceux qui le suivent semblent gagnés par le silence, ce qui interroge quant à l’équilibre des forces au sein de Ennahdha, et l’autorité réelle de Ghannouchi sur ses troupes, désormais.
Je ne partage, en revanche, pas votre confiance dans l’islamisme politique de Ennahdha, et crois moins encore que ce soit un tropisme tunisien. Vous-mème écrivez que l’islam tunisien a des couleurs locales et des usages pacifiques naturalisés dans des pratiques ancestrales. Or, l’entrisme et l’hégémonisme que nous ont montré les nahdhaoui ont fini par heurter les consciences et rebuter, y compris, des partisans convaincus de l’Islam. Une des raisons est l’inadaptation du discours totalisant et des modes opératoires faisant fi du travail d’interlocution et de conviction qui sont si coutumiers aux tunisiens, grands amateurs de palabres.
L’aggoiornamento auquel vous conviez Ennahdha ne me parait pas encore de saison tant ils ont la défaite insupportable. Et, l’islamisme ne me parait pas davantage l’avenir des pays musulmans, encore moins de la Tunisie, sinon comme l’avenir d’une illusion dont on perçoit l’hécatombe de malheurs dont elle est suceptible de nous gratifier.
La Tunisie a eu ses dictatures, sa longue disparition de la scène du monde, soumise qu’elle fut aux divers colonialismes, elle n’a plus besoin que de vivre en paix avec son peuple et dans des relations de bonne intelligence avec les autres. Si nous y parvenions, ce serait là notre part contributive à la civilisation du monde après Carthage.
Cher ami,
Vous dites avec raison :
“La Tunisie a eu ses dictatures, sa longue disparition de la scène du monde, soumise qu’elle fut aux divers colonialismes, elle n’a plus besoin que de vivre en paix avec son peuple et dans des relations de bonne intelligence avec les autres. Si nous y parvenions, ce serait là notre part contributive à la civilisation du monde après Carthage.”
Je retiens cet extrait de votre commentaire qui résume bien ma pensée; il se trouve que ce peuple qui aspire à vivre est attaché à ses valeurs qui sont spirituelles plus que religieuses. Aussi, outre l’action nécessaire en direction de l’environnement de la Tunisie (j’en parle par ailleurs en termes notamment d’espace de démocratie), il est impérativement une évolution que l’islam se doit de faire, mais qui ne sera pas un reniement de soi, plutôt des retrouvailles avec soi, une sorte d’invagination de sens. Et contrairement à ce que vous croyez, c’est justement parce que la situation de l’islam ailleurs est horrible que l’espoir est total que l’islam comme culture renaisse en Tunisie.
Cher monsieur Othman, votre plaidoyer pour un renouveau de l’Islam, ou encore sa refondation qui renouerait avec un “sens” dévoyé me parait méritoire. Elle supposerait au moins des penseurs et des leaders capables d’incarner cet aggiornamento que je ne vois pas se dessiner à horizon. Elevé comme vous dans une culture musulmane, mon attachement à mes racines ne s’est pas démenti à l’épreuve d’une longue émigration. Il me plairait de voir renaitre le flambeau d’une culture musulmane rayonnant dans son espace et éclairant le monde à l’image de ce qu’elle fut durant plusieurs siècles.
Mais, la raison commande de regarder le présent avec les yeux ouverts, le spectacle que nous offrent tous ceux qui ont l’Islam pour fanion et la culture Arabe comme berceau se range dans le camp de l’immobilisme, la violence et le déni des droits des gens étant leurs pratiques offertes au monde au point de virer au repoussoir.
Certes, la page ouverte chez nous aurait les couleurs de l’espérance, contredisant le sort qui s’est emparé de notre monde depuis des siècles. Ce pourrait ètre un sujet de fierté qu’un petit peuple ait su rompre ses chaines et congédier ses tourments avec leurs auteurs.
Attendons de voir, et saluons cet espoir auquel nous aurons contribué. Je salue votre mérite à tenter d’en éclairer le chemin par vos contributions.
Avec mes salutations fraternelles.
@ Houcine
Cher ami,
La nature humaine état imparfaite, elle ne cessera jamais d’osciller entre ses parts sublimes et sordides; c’est que la part du diable en l’homme contrebalance celle de l’ange en lui. Une civilisation qui brille, une culture qui fleurit, c’est une symbiose non conflictuelle entre ces deux parts. Et le sommet en tout est toujours la base pour une autre ascension; car c’est tout simplement la destinée humaine. Or, avec Daech, l’islam a mangé son pain noir.
De ce qui précède, la raison cartésiste, celle qui a fait la Modernité, ne tient pas assez compte. C’est pourquoi je me réfère plus à la “raison sensible” où l’acquis de la psychologie des profondeurs et de l’imaginaire ne sont pas ignorés.
Bachelard et son élève Durand avaient déjà parlé de nouvel esprit scientifique et du lien entre tradition et modernité; j’entends marcher sur leurs pas en agissant pour un nouvel esprit islamique, un islam postmoderne.
Amitiés
Vous semblez oublier qu’Ennahdha a créé un précédent,Elle a gouverné !Et judicièrement on
dirait qu’il y a jurisprudence,et le Peuple n’oubliera pas de sitôt cette “jurisprudence” !
Le Peuple lui a donné sa chance,et Ennahdha a montré ses limites,incompétence et gabegie !
L’Histoire ne repasse pas les plats ! Vous leur prêtez un bien trop grand pouvoir de réformes
dont ils sont parfaitement incapables,ancrés qu’ils sont dans leur atavisme rétrograde.
Seule une nouvelle génération d’islamistes modernes pourraient réformer ses idées d’un autre
âge,mais pas Ennahdha dans sa composition actuelle.Peut être qu’un nouveau parti naitra,
mais je vous fiche mon billet qu’Ennahdha ne reviendra jamais au pouvoir en Tunisie !
“Des islamistes modernes”c’est une antinomie mon cher monsieur.
@ welles
Cher ami,
Je parle bien davantage d’islam postmoderne, l’i-slam.
Or, s’il est une figure qui résume la postmodernité, c’est bien celle de l’oxymoron. Il n’est de contradiction entre islam et “modernité” que dans les esprits encore colonisés par la “Modernité occidentale qui est en train de mourir. Or, rappelez-vous, la modernité occidentale est à base judéo-chrétienne. Et ce n’est pas moi qui le dit.
D’abord, j’assume totalement mon appartenance à l’esprit des Lumières et je ne me sens pas colonisé et d’autre part, je vous rappelle que l’Islam aussi est à base de judéo-chrétienté, et le prophète Mohammed a vécu à ses début en côtoyant les commerçants juifs de l’époque et c’est avec eux qu’il s’est initié aux “religions révélées”
Forza, tout ce que tu dis est juste, je suis de ton avis, c’est la réalité. F. Othman fait du verbiage de bar du commerce. “L’élite” intellectuelle, universitaire et économique dont il parle n’a fait que profiter des privilèges de Bourguiba et Ben Ali. Elle a failli à son rôle et à sa fonction. Culturellement colonisée, elle se complaît dans sa médiocrité et sa lâcheté. Quant aux “compétences nationales”, il suffit de regarder les reportages sur les intempéries et la situation désastreuse des populations sinistrées livrées à elles-mêmes.
@ Ameur Jaouani
Sur les élites, cf. ma précédente réponse.
Pour les populations délaissées, j’ai assez parlé de la coupure entre les élites et le peuple; mon ambition est de réduire un tel déphasage, car c’est impératif aujourd’hui, à l’âge des foules. Sinon, la supposée élite sera emportée par le cours de l’histoire.
Cela dit, c’est ainsi que notre population est en train de découvrir sa puissance sociétale, la seule qui compte, au moment où le pouvoir institué est désormais nu. L’avenir est entre les mains du peuple et non de ses élites, car il est sa propre élite! Et, comme on le dit si bien, ce qui ne tue pas renforce !
Pour vous convaincre que c’est ce que je n’arrête pas de dire, merci de lire mes autres articles sur le Net.
Il y a élites et élites. Je maintiens que les “compétences” sont d’autant plus “acculturées” qu’elles ne sont pas formées en Tunisie et le haut du pavé dans les grandes écoles en France. C’est pour cela que le petit peuple parle de “francophones” (“Tunisiens à l’extérieur, Français à l’intérieur” ou encore “C’est dur d’être colonisés par des Tunisiens, quand on est colonisés par l’extérieur, on connait son ennemi… Mais là…”)
Ennahdha a eu la chance de gouverner, mais de mal gouverner; c’était assez prévisible et en même temps salutaire pour le parti et pour la patrie. Ceux qui ont tablé, dans l’ombre parmi les amis ou parrains de la Tunisie, sur l’expérience islamiste en Tunisie avaient entrevu aussi dans leurs plans un tel scénario; c’est ce qu’on appelle par ailleurs catharsis.
Le fait est là aujourd’hui, Ennahdha est installé sur la scène politique et son travail de rénovation — qui peut être aussi un travail du négatif selon Hegel — est à l’oeuvre. Il va de l’intérêt des vrais patriotes tunisiens et à leurs amis sincères d’aider les rares bonnes volontés dans le parti islamiste à évoluer vers une Démocratie islamique qui est loin de ne pas exister déjà en théorie. Le rôle historique ou la destinée d’Ennahdha est de faire réalité de cette théorie.
Bien évidemment, cela ne se fera pas sans douleur et dégâts; mais rien de véritablement sain ne peut avoir lieu dans le monde des hommes s’il ne remplace pas d’abord ce qui est malsain; c’est en quelque sorte l’opération de se laver qui est d’autant plus nécessaire et utile que l’impose l’état de malpropreté. On, le monde islamique aujourd’hui a atteint un état limite de saleté mentale; et il a le nécessaire pour se refaire une beauté.
Sachez enfin que ce sont les plus grosses erreurs qui font les meilleures victoires quand on est capable d’être lucide et d’agir utilement. Si l’histoire ne repasse pas les mêmes plats, elle ne fait qu’en passer autrement composés les mêmes ingrédients, l’histoire n’étant qu’un éternel recommencement en un temps spiralesque.
La nouvelle génération dont vous parlez est déjà là, au sein de notre peuple si divers, si multiple et si riche de compétences; et son heure viendra pour réenchanter son monde. Maintenant, ce qui importe ce n’est pas qu’Ennahdha soit ou non au pouvoir, car on peut peser et mieux peser sur le cours des choses en étant formellement en dehors des commandes. Ce qui importe, c’est qu’Ennahdha se saisisse de cette seconde chance historique qu’il a pour continuer à évoluer en se tenant dans la bonne direction.
les islamistés n’ont pas d’avenir en tunisie ,ils sont des laches et n’ont pas de l’experience requise pour diriger le pays surtout dans cette situation trés difficile marqué par une forte dégradation economique,mais cela ne peut pas justifier le retour des RCdiste a la vie politique pour diriger le pays vers l’embarras ,ils sont des laches aussi , c’est vrai qu’ils sont des compétences et ils ont beaucoup d’experience mais dans la corruption.ils sont la source de la marginalisation de la majorité du peuple tunisien qui avait sorti en masse le 14 janvier pour dire “khoubez we maa we ben ali tejama3 la
@ sozimuser
Les islamistes, qu’il ne faut pas assimiler aux extrémistes, sont une partie prenante du pays et y ont droit de cité tout autant que les non-islamistes. La seule condition qui s’impose à tous est de respecter les obligations du vivre-ensemble, ce qui suppose de se défaire du dogmatisme, qui n’est pas que religieux puisqu’il peut être aussi profane.
S’ils évoluent dans le bon sens, et je le leur ai conseillé dès leur arrivée au pouvoir, ils seraient en mesure de jouer le rôle de contrepoids dans le pays aux dogmatiques laïques. Car le peuple a besoin d’une classe politique qui se soucie d’abord de lui et non de ses seuls intérêts. Or, ceux qui étaient supposés le représenter dans le gouvernement de la troïka n’ont pas fait mieux que leurs devanciers, bien pis même !
Inutile de commenter le lyrisme nationaliste de ce texte qui chante « la nature humaniste de la Tunisie », rien que ça !, ni l’analyse des stratégies à venir d’une Nahdha, convertie comme par miracle et contre ces propres fondements, au rationalisme, humanisme et autres ismes, gargarismes bien commodes et peu coûteux. Inutile de s’arrêter sur la rigueur du propos, la correction de la langue.
Il est urgent cependant de détromper de quelques dénis, de pointer quelques myopies qui ont la vie dure et qui, à force d’ignorance, d’à peu près et de mensonges, prétendent éclairer alors qu’ils « embrouillent jusqu’aux choses les plus claires ».
Il est question, lit-on, d’apostasie. Et l’on conclue benoîtement que l’on peut la répudier et abolir sa punition dans le droit musulman, comme ça, par caprice et simple trait de plume. Tout musulman, pour qui il n’est de loi que la religieuse, y compris les Frères les plus opportunistes, sait de science sûre -et approuve- ce que les docteurs de l’islam préconisent en la matière : la peine de mort. Il pourra constater, quand il a quelque curiosité, qu’ils fondent leur raisonnement, toutes sectes confondues,
– d’une part sur l’interprétation de deux versets :
le 217 ème de Al-Baqara, II : « […] Ceux qui, parmi vous, adjureront leur religion et mourront infidèles, leurs actions seront vaines dans l’Ici-bas et dans la vie future. Ceux-là sont les gens du Feu : ils y seront pour l’ éternité. » (trad. perso.) ;
le 74 ème de At-Tawaba, IX, plus explicite : « […] ils ont prononcé cependant la parole d’abjuration et renoncé à la foi après avoir été musulmans […] S’ils se repentent, cela leur sera faste ; s’ils s’en détournent, Dieu leur appliquera un châtiment douloureux Ici-bas et dans la Vie dernière. Sur terre, ils n’auront ni allié ni renfort » (trad. perso.) ;
– et, d’autre part, sur la stricte application d’un dit prophétique dont différentes versions sont consignées dans les corpus de référence du Hadith, chez Ibn Hanbal, Al-Bukhâriyy, Muslim, etc. et attribuées à Ibn ‘Abbâs, à ‘A’isha, à Ibn Mas’ûd. Ce dernier en rapporte une version des plus complètes : « On ne saurait mettre à mort un musulman que dans trois cas : s’il commet l’adultère alors qu’il est marié légalement (‘ihsân) ; s’il renonce à l’islam ; s’il en tue un autre [intentionnellement] (trad. perso. de Bukhâriyy 6878/Muslim 1676), hadith que le 4 ème calife, ‘Uthmân, aurait rappelé à ses assaillants avant qu’il ne fût assassiné. L’exécution du coupable intervient trois jours après le constat, délai légal, chez les Sunnites, pour un repentit. Les Shi’ites, sont encore plus sévères : ils administrent promptement la mort au natif, al-fitriyy, qui abjure sa foi et n’accordent de délai qu’au converti, al-milliyy.
Seul les Hanéfites montrent quelque clémence pour la femme qui apostasie en la punissant de prison et de bastonnade, position partagée par S. Ath-Thawriyy mais vigoureusement combattue par les Malékites de tous rites.
Les versets tels que Al-Baqara II, 256 : « Point de contrainte en religion. » ; Al-Kahf, XVIII, 29 : « […] que celui qui veut croire, croie, et que celui qui veut être infidèle, le soit. » ; Al-Kâfirûn, CIX , 6 : « Vous avez votre religion, et moi j’ai la mienne. » que l’on avance souvent pour démontrer la tolérance religieuse de l’islam, tous les jurisconsultes démontrent avec force arguments qu’ils ne concernent en rien les musulmans.
La seule fois où l’Etat musulman a consenti à ne pas punir de mort ses renégats, ce fut en vertu du pacte de Al-Hudaybiyya, (dhû al-qa’da 6 H./mars 628 J.C.) où il fut convenu, entre autres clauses disproportionnées, que « les Musulmans renverraient tout Qurayshite qui viendrait embrasser leur foi sans l’autorisation de son protecteur » sans que la réciproque ne joue pour le musulman qui abjure sa foi et retourne auprès des Quraysh. Sinon, la peine de mort fut constamment appliquée : c’est ce que fit Abû Mûsâ Al-‘Ash’ariyy, à son arrivée au Yémen (Bukhâriyy, 1578), puis les califes, à commencer par le premier d’entre eux qui mit à mort, disent les chroniques, une femme qui avait apostasié…
On parle ensuite d”égalité que l’on voudrait, de surcroît, « parfaite » entre hommes et femmes. A quand les foules recueillies écoutant une imame au pied du minbar, s’alignant pieusement derrière elle pour la prière ? Faudrait-il rappeler le simple verset 34 de la sourate IV, An-Nisâ’ ? que tout le monde récite, où tout est dit, sans équivoque, dans quel sens va la préférence divine, préférence qui fonde en droit la supériorité des uns et l’infériorité des autres ?
On reste sans voix devant des affirmations telles que « l’islam ne rejette nullement cette égalité, lui qui a élevé le statut de la femme comme aucune autre religion. De fait, pareille égalité est inscrite dans la dynamique même de la foi islamique ainsi que le montrent ses visées qui la rendent même impérative aujourd’hui. ». De quel texte parle-t-on ? Qu’entend-on au juste par « dynamique de la foi islamique », par « ses visées » ? Qu’est-ce qu’ « une foi œcuménique, rationaliste et humaniste » ? Assurément, ce n’est pas la tête qui écrit ce genre de choses.
On parle enfin d’homosexualité. Je me permets de renvoyer à un commentaire sur un article publié sur Nawaat, de Mariem Dali, le 11 décembre dernier et intitulé « Tunisie : Comment échapper légalement à la sanction du viol » -article qui hélas ! n’a probablement pas attiré l’attention qu’il mérite, à en juger par le peu de réactions qu’il a suscitées. Dans ce commentaire il est rappelé qu’en droit musulman l’homosexualité masculine est punie de mort, même en rapports consentants, en vertu du hadith de « l’agent » et du « patient », fâ’il et maf’ûl bi-hi ; et que l’homosexualité féminine, est laissée à l’appréciation du juge qui, de toute façon, ne recourt qu’au ta’zîr, admonestation, car l’acte n’est pas constitutif du crime d’adultère, zinâ’, disent les justes docteurs -petit avantage de l’incapacité juridique des femmes, évoquée supra.
Que l’on cesse donc de prendre ses rêves pour des réalités, les vessies pour des lanternes et le Sheikh de Montplaisir pour une pâle –même très pâle !- réplique de At-Tâhir Al-Haddâd, de Judith Butler ou même du plus humble militant des droits humains !
Merci pour ces rappels salutaires
@ welles
Nous relevons tous des Lumières; mais il y a des visions courtes, ne voyant pas les obscurités qui ont précédé ces Lumières, ni les Lumières qui les avaient amenés.
Or, la lumière est un tout, et sans obscurité, elle n’existe pas.
C’est de relativité et de relativisme qu’est faite ma pensée et non de dogmatisme dans lequel verse trop facilement mes amis “modernes” au moment où il importe d’être postmoderne avec ce nécessaire et inévitable alliage entre le technologique le plus sophistiqué de la Modernité occidentale et l’archaïque de ses racines orientales. En rappelant le sens étymologique de l’archaïque qui est d’abord ce qui est premier, fondamental.
Amitiés
@ ورود الشتاء
Sachez que même dans un rude combat, le lyrisme est utile, donnant de l’énergie à ceux qui en manqueraient, leur permettant de puiser dans leurs réserves. Or, si nos peuples sous-développés manquent de quelque chose, c’est de confiance en leurs moyens. Et en la matière, du lyrisme n’est pas inutile. Du moins, c’est ce qu’enseignent les neurosciences actuelles que vous semblez négliger, relevant de la science de la Modernité qui est un paradigme fini.
C’est pour cela que vous ne voyez que des dénis alors que c’est vous qui en faites. Mais, vous pouvez avoir l’excuse de n’avoir lu de moi que l’article que vous commentez et qui ne peut résumer toute une pensée.
Donc, pour être objectif et scientifique ainsi que vous tenez à le paraître, reportez-vous à ce que j’écris par ailleurs. Voici deux liens résumant ces essais :
L’islam n’est pas homophobe, en voici la preuve ! (1/7)—(2/7)—(3/7)
http://www.huffpostmaghreb.com/farhat-othman/lislam-nest-pas-homophobe_b_5491150.html
L’apostasie est licite en islam, en voici la preuve (1/7)
http://www.huffpostmaghreb.com/farhat-othman/lapostasie-est-licite-en-_b_5629553.html?utm_hp_ref=maghreb
Juste pour vous orienter à ce propos, sachez que l’ignorance est aujourd’hui la marque du vrai savant; vous avez certainement entendu parer de Nicolas de Cuse et de sa docta ignorantia ?
Aussi, si je salue l’effort méritoire du fiqh musulman pour son temps; j’affirme qu’il a fait justement son temps et que l’islam mérite que ses légistes renouvellement sa lecture figée. Et je démontre, preuves à l’appui, qu’il n’est nulle interdiction pour les deux sujets que j’évoque.
Qui de nous deux est donc le plus scientifique : celui qui a publié des essais académiques en l’objet ou celui qui se contente de rapporter comme un perroquet ce que des penseurs ont fait tout en invitant d’autres à faire comme eux ?
Lisez mes essais et vous trouverez tout l’éclairage qui vous manque en nous livrant ce que vous rapportez et qui est loin de servir vos thèses et croyances ni les vraies valeurs de l’islam que je défends.
Je vous rappelle ici que l’effort est une obligation en notre religion dont l’interprétation est appelée à se renouveler chaque siècle ! Or, vous le faites pas, brillant par l’absence d’effort personnel qui doit se baser sur les deux seuls textes irréfutables, Coran et Sunna telle que compilée par Mouslem et Boukhari, et en ne se limitant pas au texte, mais en allant au contexte et au sous-texte que Chatibi résume par le terme des maqasid ou visées.
Alors, ne dites pas ce que vous ne savez pas; dites comme disaient les anciens : Dieu est seul savant. Et convenez que la sagesse divine est bien plus grande que celle de la raison humaine qui ne fait qu’essayer de la comprendre en se livrant à l’effort qu’exige Dieu d’elle et dont il la rétribue même en cas d’erreur du moment que l’intention est bonne.
L’islam ne se réduit pas à un moment de l’histoire ou à un arsenal juridique qui le viole en se prétendant s’y conformer. Doit-on toujours voir en la France l’État de Vichy ou en l’Allemagne le régime nazi ? Un peu de bon sens , je vous prie et, arrêtez d’être un musulman honteux, si du moins vous l’êtes !
Mon islam, notre islam, est cette belle foi spirituelle et humaniste que vous défigurez en voulant la figer dans le degré de civilisation atteint un jour, mais qui est devenu aujourd’hui une décadence !
Ma conviction est que l’islam est une révolution mentale et il le restera, mais pas avec de faux musulmans qui ne font que reproduire l’esprit étranger qui a envahi l’islam à partir de la tradition judéo-chrétienne désormais répudiée par les siens.
Pour terminer, je reprendrai volontiers votre exhortation finale : Que l’on cesse donc de prendre ses rêves pour des réalités, les vessies pour des lanternes : l’islam n’est pas ce dont font ceux qui en parlent officiellement, cet islam institué faussé; il est dans nos rues, l’islam populaire !
Si l’on admet que l’Islam est davantage qu’une religion, une civilisation qui règle par ses décrets la société et les rapports des hommes -homme au sens générique- en son sein, y compris les relations aux non-musulmans, on peut observer que l’Histoire a transformé les sociétés musulmanes au point que la comparaison avec l’ère du Prophète et ses successsurs immédiats et les sociétés contemporaines devient malaisée.
Ceux qui se donnent pour objet ces sociétés et leur moeurs, et pour objectif de repenser ou transformer la lecture du Texte, ou encore d’en amender les interprétations dans une perspective actualisante sont les vrais modernes du monde Arabo-musulman. Leur opposer des références puisées dans Le Texte, ou dans les Hadith, c’est freiner leur effort, sinon en empècher le déploiement vers l’ouvert, le pluriel, le polysémique.
Car, la pierre d’achoppement semble la reddition, sans conditions, aux lectures fixistes, statiques, faisant du Texte une Parole univoque dont le Sens ne peut-ètre saisi ou pénétré que par les doctes qui , en somme, tenant le Vrai du Texte, tiennet les peuples sous leur tutelle et les pouvoirs temporel et spirituel en leurs mains.
Une émancipation du religieux me parait l’avenir, mais on ne peut sauter par-dessus les contingences historiques sans risquer la chute avec ses blessures, ou bien la rechute dans ce qu’on voulait contourner en l’ignorant. Car, la vision du monde en pays arabes reste par trop marquée du sceau du religieux, ce que l’on ne peut balayer du revers d’un e main…ou des deux. La droite ou la gauche…
@ Houcine :
Je souscris à votre analyse à cette variante près, reprenant votre finale légèrement modifiée : “Car, la vision du monde en pays arabes reste par trop marquée du sceau du spirituel, ce que l’on ne peut balayer du revers d’une main…ou des deux. La droite ou la gauche…”. J”y rajouterais : D’autant plus que la postmodernité est la redécouverte de la spiritualité et de la sensualité, qui sont à la fois la droite et la gauche de tout sens chez l’Arabe qui le conjugue au pluriel. Or, l’esprit du temps est aux sens débridé !
« C’est dangereux,
Pour les hommes de peu, de s’introduire
Dans un assaut féroce où flamboient les épées
De puissants adversaires »
Hamlet, trad. Y. Bonnefoy (1957)
Vous parlez de science, Monsieur, celle-ci est bonne fille et ses affaires d’une humilité extrême ; elle fait des hypothèses et s’échine à les vérifier avec, comme seule certitude, l’impératif catégorique de remettre l’ouvrage sur le métier : elle sait que ses résultats, quand elle en trouve, sont provisoires et toujours partiels.
Je ne sais pas si vous voyez qu’on est aux antipodes de l’orgueil de ceux qui ont des certitudes, et que dire de ceux qui prétendent avoir la Vérité ! De là viennent sans doute ces errements désinvoltes qui ne s’embarrassent ni de démonstration ni de connaissances, ni de mesure. Parlant de mythes et de croyances, on produit alors des mythes au carré et des croyances de croyances. Fuite éperdue, à tête perdue et lorsque le verbiage -rebaptisé rhétorique- s’en mêle, et c’est inévitable, on pense le fond de sauce onctueux, et l’on sert… l’indigeste.
Pourquoi s’arrêter dès lors aux vérités factuelles, démêler le centre de la périphérie, tenir des propos cohérents ? La course vers l’abîme est lancée, dans une joie béate.
On peut alors décréter détenir « les vraies valeurs de l’islam » et renvoyer à leurs chères études des générations de quinze siècles d’exégètes, de jurisconsultes, de théologiens, toutes écoles, toutes tendances, toutes sectes confondues. Cela permet, entre autres, de faire la précieuse économie de ne pas lire leurs ouvrages, ni ceux des spécialistes qui y ont consacré des vies entières. Pensez-vous, il est autrement plus savant de brandir « l’islam populaire ». Populaire de qui ? de quand ? Populaire, comme populisme. Quand on vous dit que le salut réside dans la boutique…
On peut aussi proclamer la supériorité de sa croyance, l’élection de son peuple et taxer les autres traditions de faussetés, d’impostures, de déviances -lorsqu’on est pacifiste, ce qui n’arrive que quand on est faible et vaincu ; et puis taxer ceux que l’on sait, ou croit, coreligionnaires de « croyant[s] honteux ». Plus élégant -et plus rentable pour que prospère le petit commerce- est d’insinuer qu’ils sont athées. Cela neutralise et disqualifie, pense-t-on, et permet au passage de ne pas affronter leurs idées. Pâtures jetées à la vindicte des foules fanatisées ? Bah ! Que pèse la vie d’un Ennemi de « notre » Foi ?! «’Innaka la-‘alâ khuluqin…», au choix, « ‘azîm », « karîm », « nabîl ».
On peut affirmer tout aussi bien que « l’islam n’est pas homophobe », en dépit
– du consensus des docteurs de la foi sur l’interprétation englobante de Al-Mâ’da, V, 33
– et du dit prophétique dont l’une des versions est :
“من وجدتموه يعمل عمل قوم لوط فاقتلوا الفاعل والمفعول به” « Si vous trouvez des gens qui commettent les œuvres des contribules de Lût [Loth], tuez l’actif et le passif », dit classé dans le « sahîh » (authentique), transmis par une chaîne de garants irrécusables, cf. les Sunan de Abû Dâwûd, de At-Tirmidhiyy, de ‘Ibn Mâja. le Musnad de Ahmad b. Hanbal, dit qui sert de fondement juridique pour la peine à infliger aux criminels, partout où la shari’a est appliquée. On peut savoir -ou non d’ailleurs- cela, tout en se référant à la Sunna et au coran.
Schizophrénie ? Pas forcément. Myopie ? peut-être pas ; hubris, surtout, des gens de la Vérité.
On peut faire défiler et réformer illico la peine de mort, la consommation d’alcool… que ne peut-on repeindre au goût du jour ?… On a excommunié, on a fait jouer du fouet et du sabre pour moins que ça ; a-t-on oublié la guerre plus que millénaire entre Shi’îte et Sunnites -qui reprend de plus belle- pour moins que ça ; a-t-on jamais ouvert la riche et volumineuse hérésiographie musulmane. Quant au syncrétisme, on sait la fortune qu’il a eu, tout particulièrement dans ce qu’il est convenu d’appeler philosophie musulmane, depuis la Cité vertueuse de Al-Fârâbiyy. Tout cela on le sait mais on ne le sait pas tout en le sachant quand même !
Dans un autre registre, celui qui, habituellement, sert d’argumentation, on peut tout « citer ». « mal-t-a-propos » comme disait l’amuseur public. Les neurosciences ! Voilà qui est moderne ! Voilà qui est beau, qui est massif. Et le fin du fin, c’est de ne citer aucune référence à l’appui, aucun renvoi à la Découverte que seuls les élus ont l’insigne honneur de savoir : l’utilité du lyrisme. De cette utilité, on est convaincu, absolument ! et presque tous, pour… les élucubrations des cerveaux enfiévrés. Il semble que les lumières en neurosciences sont au moins équivalentes à celles en islamologie.
On peut s’accommoder, sinon revendiquer ceci : ce que je vous dis là n’est pas « toute [ma] pensée […] reportez-vous à… ». C’est vrai qu’il est fort difficile de « résumer » des associations de divan, et d’une humilité confondante de renvoyer à soi-même -on ne sait pas si Nawaat comptabilise les clics pour coter ses contributeurs, comme le fait certaines officines dites universitaires, bêtes et abruptes. Auto-citation faite, on est prié, tout de même, de vérifier ce à quoi renvoi le digne mot d’« Essai ».
Mais brisons là ! car c’est fastidieux, sinon on dirait tout, et cela n’inquiètera pas forcément ceux qui croient penser, le sabre de la Vérité au clair, et écrivent entre deux portes.
Plus fondamentalement, personne ne nie l’évolution des Traditions, comme de toutes les affaires humaines. Cela est même l’essence de la marche chaotique de l’Histoire. Mais peut-on guérir -et on prétend guérir l’islam de ses maladies- dans une fuite éperdue en refusant de diagnostiquer l’état du patient avec le plus d’objectivité et donc de savoir ? Se perdre dans les distinctions purement méthodologiques qui séparent « la vraie » religion des « déviations », les « bons » adeptes des « mauvais »… est ontologiquement puéril et pragmatiquement dangereux. La culture, la religieuse en particulier, est un processus à très long cours et l’histoire des religions montre la portée et l’efficience des réformes, rappelle l’envergure des réformateurs : on ne fait pas table rase des dogmes qui fondent une croyance, et l’islam, comme le christianisme, n’a pas développé, jusqu’ici, et pour des raisons longues à expliquer, un double coran, comme le judaïsme l’a fait pour la torah. La notion même de coran dit « muqayyad » que certains théologiens ont tenté de théoriser a été -demeure- sujette à vives controverses ; et l’on connait les avis fort tranchés sur l’abrogeant et l’abrogé…
Même avec des architectes de génie, on ne change pas les fondations d’un édifice.
Bref, on l’aura compris, c’est la loi civile, et elle seule, qui peut faire évoluer les sociétés musulmanes sur des questions sociétales telles que l’égalité homme/femme, la peine de mort, l’homosexualité, comme elle l’a fait pour la banque, la spéculation, et, ici ou là, pour les jeux de hasard, ou pour quelques progrès dans la condition féminine ; que l’on regarde le pragmatisme de la pieuse Nahdha ! Ces acquis-là, si on les considère comme tels, plus ou moins en vigueur dans les sociétés occidentales, n’ ont pas été l’oeuvre de Luther, de Calvin ni d’aucun réformateur du christianisme. C’est l’Etat laïc qui les a arrachés à l’Eglise, souvent dans le sang et les larmes, grâce à la Séparation au renvoi de la croyance à la sphère privée. C’est également l’Etat laïc qui a mis fin, du moins sur son territoire, à la violence religieuse, violence que tout étudiant sérieux en histoire sait inhérente au trois monothéismes.
@ ورود الشتاء
Monsieur,
Votre présomption vous trompe, vous faisant voir en votre prochain vos défauts.
Loin de moi votre dogmatisme et votre arrogance !
Comme le réclamait Nietzsche, je fais partie de ceux qui ont l’art pour ne pas périr de la vérité que j’écris “vers-ité”, pour signaler que c’est un horizon qu’on n’atteint jamais.
Péguy disait qu’il y a pire que d’avoir une mauvaise pensée, c’est d’avoir une pensée toute faite. La vôtre sur l’islam relève des deux, car elle n’est qu’un esprit anti-islamique primaire.
Sachez que ce n’est pas parce que les savants de l’islam ont atteint ce qu’ils croyaient une vérité, qu’ils ont dit la vérité sur la lettre et l’esprit de cette religion. Or, vous rappeliez, à juste titre, que la science n’est point une vérité figée !
C’est le fait polémique qui est honoré dans les sciences islamiques et c’est ainsi que je le pratique.
S’agissant de vos idées fixes sur l’apostasie et l’homosexualité, si vous aviez l’humilité du savant (celui qui se sait toujours ignorant) pour lire mes essais dont votre docte bêtise fait douter de la qualité sans même les avoir lus, vous y trouverez les réponses idoines.
Par exemple, que le verset cité ne fait pas l’objet d’interprétation aussi unanime que vous le prétendez, et qu’une sommité comme Tabari l’interprète correctement comme ne concernant nullement l’homosexualité.
De même, vous verriez que le dire que vous citez n’est pas authentique, ne relevant pas de la recension de Boukhari et Mouselm, les seuls vraiment authentiques à mon sens.
Pour le reste de vos élucubrations, je n’y prête pas attention, vous y laissant aller à y faire le transfert de vos défauts sur votre prochain. Ma pensée humaniste est dans mes écrits et ils sont assez nombreux sur Nawaat pour vous prouver que s’il est un esprit intégriste ici, croyant à une quelconque élection, ce n’est certainement pas celui qui milite pour un ordo maoris, l’humanisme intégral en islam.
Pour finir, je dirais, comme Rilke, que le chemin de l’éternité, en l’islam, la foi correctement lue et non viciée par les préjugés comme les vôtres, est celui d’une roseraie où il importe de : Faire de chacune qui se meurt
une confidente,
et survivre à cette sœur
en d’autres roses absentes.
Un peu moins d’arrogance, Monsieur; revenez donc à la modestie qui sied à celui qui cherche la vérité et sait ne jamais la trouver, mais se maintient sur le chemin qui y mène ! Adieu, ingénieux hidalgo, je vous laisse à vos moulins à vent !
Merci beaucoupnورد الشتاء Pour cecommentaire fouillé qui ravirait les plusespritsles plus exigeants. Mais helas comme le disait l’autre; “بر لوج شكون يسمعك او شكون يفهمك”.
Je ne vais pas polemiquer encore. bC’est inutile. Parce que les faits parlent d’eux mêmes.La dialectique des transformations sociales et politiques font peu cas des demi mesure et des positions miticuleusement confuses de ceux qui ne veulent pas être clairs. Cette dialectiqueavance inexorablement. Elle ne fait pas du surplace. La réalité d’aujourd’hui a balayé les suppositionset les tersivigations d’hhier.Pourquoi s’entêter? Lescombats d’arrière garde neservent à rien devant le rouleau compresseur de la volonté du peuple.
@ Béchir Toukabri
Cher Monsieur, vous êtes un intégriste à votre manière, comme tous les intégristes laïques que je dénonce autant que les intégristes islamistes et d’autres obédiences idéologiques.
Comme les intégristes religieux, vous êtes coupables de déni d’une certaine réalité qui s’offre à vos yeux, et qui n’est que la part immédiate d’un réel moins visible.
Un tel déni est bien flagrant chez nos dogmatiques laïques qui érigent en déité un principe de réalité réducteur, ne voyant pas le réel tel qu’il est. Ils veulent le réduire à leur lit de Procuste d’une laïcité qui n’existe même pas en Occident. Au nom de l’état civil, ils développent leur religion civile. Quelle différence, au vrai, entre eux et les intégristes religieux? Aucune quant à leur essentialisme; juste une différence de forme, les uns agissant brutement dans leur cruel rejet du différent, les autres le faisant avec finesse, usant des artefacts de la technologie. Mais science sans conscience…
Sachez d’abord que lorsqu’on prétend se baser sur les faits, il faut prendre certes rien que les faits, mais tous les faits, y compris ceux qui vous ne conviennent pas. Or, les faits sont pour le retour à la spiritualité qui, du fait de votre dogmatisme et votre intolérance, vous les prétendus séculiers, vire à la religiosité.
Sachez aussi, comme le rappelle Misha Gromov, qu’une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n’est une maison. Il y a l’essentiel qui est cet imaginaire qui nous fait et nous défait et que votre scientisme vous fait négliger, sinon nier.
On est en face d’une psychose chez les modernistes, nullement dissemblable de celle des intégristes, quand ils sont incapable de distinguer celui qui agit aussi pour le vivre-ensemble et l’État civil, mais avec des moyens différents, plus respectueux de l’autre tout en ne cédant en rien aux valeurs et à l’humanisme universel, sans la moindre exclusion dogmatique.
En effet, quel intérêt pour le vivre-ensemble de contester ce que je prouve sur l’inexistence en islam correctement interprété de l’homophobie ou de l’exclusion de l’apostasie ? Surtout que pour le faire l’on se se base sur une dosa islamique périmée, celle-là même qu’on pourfend, par ailleurs? N’est-ce pas révéler son esprit anticlérical primaire?
Comment oser parler de réalité en termes simples, sinon simplistes, avec les acquis de la physique quantique? Je vous réfère en la matière aux leçons du grand D’Espagnant.
Déjà, depuis les travaux de Jung, Bachelard et son élève G. Durand, on sait que le réel n’est pas ce qu’on croit. On doit tenir compte aujourd’hui de l’imaginaire et de l’inconscient pour être pertinent et le moins subjectif possible.
Nos élites dites modernistes sont aussi butées que nos islamistes; ce n’est rien d’autre que la banalité du mal bien diagnostiquée par H. Arendt. Et le terrorisme d’aujourd’hui, l’intégrisme, qu’il soit religieux ou profane, est la banalisation du dogmatisme.
Honte à vous qui vous prétendez composer les élites du pays ! Réveillez-vous de votre intégrisme laïque, aussi pernicieux pour le pays que l’intégrisme religieux !
Si celui-ci puise dans l’autorité du salaf, vous puisez dans l’autorité du paradigme de la modernité; or, les deux sont morts après avoir donné lieu à une culture qui a été grandiose, mais qui date, et ce aussi bien pour ce que je nomme rétromodernité, s’agissant de la civilisation de l’islam, que pour la modernité occidentale, évacuée par la postmodernité.
Réveillez-vous ! le paradigme actuel en gestation est celui de la postmodernité qui est un alliage entre archaïsme et technologie, la science et la tradition enfin réconciliés.
Vous parlez de volonté du peuple, et j’en parle aussi; mais vous vous réclamez d’une partie du peuple tandis que je veux tenir compte de toutes ses parties dans sa pluralité. Qui donc de nous deux agit avec raison et le plus efficacement pour l’État civil et la démocratie? Ne sont-ils pas un vivre-ensembme? Bien mieux, c’est un être-ensemble ? C’est donc d’une question de mentalité qu’il s’agit, une mentalité à révolutionner aussi bien chez les religieux intégristes que les intégristes profanes. À commencer par nos élites, car le peuple, grâce à sa sagesse séculaire, est bien en avance sur elles.
Bonne réflexion !
Salut Béchir,
Plusieurs siècles de despotisme ont semble-t-il développé dans nos cultures arabes et musulmanes une structure de défense bien connue des médecins de l'”âme”, longtemps avant Freud : “le déni de réalité”.
Sa forme collective la plus répandue chez nous confine à la psychose, dans la mesure où on nous apprend, dès le ventre maternel, à gommer toute réalité dérangeante. Cela se résume en une douloureuse boutade : on voit “noir”, on pense “bleu” et on dit “vert”, le plus souvent lorsqu’on en parle. Il est vrai que l’individu réorganise sa mémoire au fil de son existence, de même pour les groupes, les cultures. Chez nous, c’est l’escamotage des vérités factuelles et leur reconstruction autocratique.
C’est la raison pour laquelle la majorité de ceux qui tentent de penser et d’écrire en terre arabe et musulmane se trouvent dans la fuite systématique, piochent et taillent dans le patrimoine ce qu’ils croient convenir au moment.
Pour une question donnée, on va choisir au gré des positions de telle ou telle autorité ; et l’on peut affirmer, parce qu’on veut le Bien, que la Sunna, par exemple, se limite à tel ou tel Traditionniste. Celui-là même que l’on récusera aussitôt, lorsqu’on vient à traiter d’une autre question où il dit “l’inavouable”.
Et cela ne concerne pas hélas ! que le domaine religieux. On procède ainsi, sans penser à mal, le plus souvent.
Bataille éreintante pour le sens, pour la lucidité, pour une vie en plein jour, pour laquelle nos sociétés tentent de s’éveiller. Bataille qu’il faut, de toute façon, mener et qui est loin d’être perdue d’avance.
Amicalement