57 chômeurs de Gafsa sont arrivés, hier, lundi 8 février, à Tunis. Leur marche pour l’emploi et la dignité qui a démarré le 1er février, est bloquée par les forces de l’ordre au niveau de la cité El Mourouj. Une action qui donne un nouveau souffle aux mouvements sociaux qui font face à la répression policière depuis une dizaine de jours. Malgré l’essoufflement de la plupart des mouvements et le silence radio du pouvoir surtout au niveau régional, la contestation sociale se maintient dans une dizaine de villes.

Gafsa : tentative de suicide collectif et marche sur Tunis

Après 8 jours de marche, les sit-ineurs campent, depuis hier matin, devant le parc de la cité El Mourouj. La garde nationale les empêche d’atteindre leur destination finale, la Kasbah. Depuis hier, la société civile commence à constituer un comité de soutien aux jeunes sit-ineurs.

43 jeunes chômeurs ont entamé, le 3 février, une marche de Gafsa jusqu’aux frontières algériennes. Le 7 février, arrivés à destination, les manifestants ont été arrêtés par la police des frontières à Hizoua et relâchés le jour même. Les chômeurs menaçaient de demander l’asile économique en Algérie si les autorités locales continuent à ignorer leurs revendications.

Dans la ville de Gafsa, sept chômeurs ont menacé d’un suicide collectif, lundi 8 février, au sein du gouvernorat. Un autre sit-ineur a essayé de s’immoler par le feu devant le gouvernorat avant que ses camarades ne lui sauvent la vie. Le sit-in de Gafsa se poursuit depuis 22 jours au siège du gouvernorat et rassemble une centaine de chômeurs de tout le bassin minier.

À Redayef, 30 diplômés chômeurs poursuivent un sit-in dans les locaux de la Compagnie des phosphates de Gafsa. Les sit-ineurs contestent les solutions improvisées et les conditions précaires de travail que l’État propose aux jeunes de la région. À Om Larayess, Houssem Ben Ali Azara, 20 ans, chômeur, s’est immolé par le feu, le 4 février. Il a été transféré à l’hôpital des grandes brûlures de Ben Arous.

Kasserine : sit-in des chômeurs sous l’embargo de la police

Toujours au siège du gouvernorat, le sit-in des chômeurs à Kasserine se poursuit malgré l’embargo des forces de l’ordre. Après deux semaines de sit-in, une quinzaine de jeunes ont entamé une grève de la faim sauvage et menacent de suicide collectif. Le 3 février, Khaled Fagraoui, un des grévistes de la faim, a été transféré à l’hôpital. Les sit-ineurs demandent, depuis le 16 janvier, des négociations directes avec le gouverneur, absent depuis le déclenchement du mouvement. Wajdi Khadraoui, porte parole du sit-in, nous explique que « les demandes dépassent l’emploi. Nous sommes ici pour revendiquer la discrimination positive et le développement régional. Nous demandons aussi en urgence des dossiers de corruption dans la région ». À Haïdra, sur la frontière algérienne, Taib Saadi, jeune chômeur, en grève de la faim depuis sept jours a été hospitalisé, samedi 6 février.

Grève générale à Enfidha

À Enfidha, la grève générale à été décrétée lundi 8 février, par l’union locale du travail ( UGTT ). La grève était en signe de protestation contre le chômage et les licenciements abusifs des employés de l’aéroport international Hammamet – Enfidha. La grève qui a concerné tous les secteurs a été réussie, selon, les organisateurs. Elle avait pour slogan « développement régional pour tous ».

Kairouan : des manifestations à Chebika

Le 5 février, un jeune chômeur a menacé de se faire pendre à la mosquée de Al Alaa à Kairouan qui refuse depuis des années de régulariser sa situation en tant que ouvrier permanent de la mosquée. D’un autre coté, les manifestations continuent à Chebika où des dizaines de chômeurs et d’ouvriers de chantiers ont bloqué la route nationale numéro 3 reliant Kairouan à Chebika et la route de Wled Al Zayer, le vendredi 5 février.

Meknassi : sit-in « On a vieilli » [هرمنا]

Les diplômés chômeurs entament le 8ème jour de sit-in au sein de la délégation de Meknassi (Sidi Bouzid). les sit-ineurs, dont la majorité est au chômage depuis 15 ans, ont appelé leur sit-in [هرمنا] pour protester contre le chômage endémique. Ils expliquent que leur sit-in ne freine pas le bon fonctionnement de l’administration de la délégation. Ils rappellent qu’ils ne sont pas convaincus des dernières mesures prises par le gouvernement favorisant, d’après eux, la précarité de l’emploi. Ils appellent à adopter des critères plus équitables dans les recrutements de la fonction publique et à enquêter sur le « népotisme » qui a entaché les concours précédents.

Ksour (Kef) : répression policière et criminalisation du mouvement social

La nuit du samedi, 6 février, la police a arrêté 11 sit-inneurs au siège de la délégation de Ksour au Kef. Ils ont été relâchés, lundi 8 février, en milieu de journée. D’après Farouk Jebali, un sit-ineur, ils sont accusés de violation de la liberté de travail et ils comparaîtront, bientôt, devant la justice. La même source affirme que le sit-in, démarré, le 9 janvier, n’a causé aucun dégât à l’institution publique.