martyrs-tunisie
Les familles des victimes ont accusé, samedi 23 juillet, le président de la République Béji Caid Essebssi de bloquer la publication de liste finale des martyrs et blessés de la révolution. Avec le soutien de 38 associations et d’un groupe d’avocats, les familles ont tenu une conférence de presse au siège du Forum tunisien des droits économiques et sociaux. Après la conférence, un rassemblement devant le théâtre municipal a eu lieu où les familles des martyrs et des blessés ont manifesté pour exprimer leur colère face à ce qu’ils ont appelé « le deal de l’armée et de la police contre les martyrs et les blessés de la révolution ».

le 19 décembre 2015, Taoufik Bouderbala, président de la Haute instance des droits de l’homme et des libertés fondamentales a remis la liste finale des martyrs et des blessés au président de la République. « Huit mois sont passés et le président refuse de publier la liste au JORT. Il refuse de répondre à nos correspondances. Il a même porté plainte contre l’huissier qui a attesté de son refus et de son absence lors du dépôt d’un PV au palais présidentiel » dénonce l’avocat Charfi Kellil.
Selon Kelli, la liste finale des martyrs et des blessés de la révolution contient deux erreurs majeures. La première concerne l’exclusion des personnes tuées, dans des circonstances mystérieuses, dans les prisons en début 2011. « la deuxième erreur qui montre la mauvaise foi du président et sa volonté d’humilier les familles des martyrs et des blessés est la distinction entre les martyrs et les blessés de la révolution et ceux de la nation. Une discrimination et humiliation que ni les martyrs civils ni ceux de l’armée et du ministère de l’Intérieur vont accepter. Car nous sommes tous convaincus que les deux font partie des victimes de l’ancien régime et de l’État » affirme Charfeddine Kellil.

Leila Haddad, avocate des familles des martyrs et des blessés, a rappelé les conditions misérables des blessés et des circonstances douteuses dans lesquelles les procès des martyrs se sont déroulés. Avec beaucoup d’émotions, Mosslem Kasdallah blessé de la révolution, a rappelé la mort tragique de Mohamed Hanchi. « Pourquoi Hanchi est mort sans recevoir des soins adéquat ? Parce que la liste finale n’est pas encore publiée. Jusqu’à quand nous allons attendre ?! Jusqu’à qu’on meurt tous ?! »s’interroge le blessé.

Ali Mekki, président de l’association « Nous ne vous oublions pas » affirme que la publication de la liste est essentielle pour la mémoire nationale mais surtout pour la dignité des familles des martyrs et des blessés. En effet, de plus en plus, des familles et des blessés dont les noms ne figurent pas officiellement sur la liste, sont accusés de banditisme et de vandalisme alors que leurs bourreaux sont acquittés par la justice.
Le collectif des associations qui soutiennent les familles des martyrs et des blessés affirment que des plaintes seront déposés au tribunal administratif pour obliger la présidence de la République à publier la liste finale et à justifier les critères selon lesquels elle a été établie.