Le festival Tunis sur Seine a vu le jour en 2016. Il revient cette année à Paris après six ans d’interruption. « Ressuscité avec une nouvelle vision. Il constitue un challenge pour nous après des années d’absence marquées récemment par le Covid », nous confie Akram Belaid, directeur de l’association Tunis sur Seine. Graphiste de formation, photographe reconnu, Belaid s’est rodé durant les dernières années au management culturel. Il a travaillé, de 2013 à 2018 à la fondation de la Maison de Tunisie où il a initié plusieurs activités culturelles. Pour lui, Tunis sur Seine est « un tremplin » dans sa carrière. Il s’y consacre désormais en redonnant vie au festival.

 

Hors des sentiers battus

 

Pour appuyer le festival par une structure légale, une association a en effet été lancée en 2021. Durant une année, elle a impulsé six évènements culturels, précise son fondateur. Son travail consistera également à accompagner les artistes souhaitant se produire en France, ajoute-t-il.

Le but étant de créer une dynamique pérenne tendant à promouvoir une musique alternative. La 2ème édition du festival aspire à exaucer ce vœu en mettant sur scène plusieurs artistes de la scène émergente. Le rendez-vous est donné ce 23 juillet au Point fort d’Aubervilliers à Paris. L’endroit a une capacité d’accueil de plus de deux mille personnes. Akram Belaid espère attirer un public nombreux à qui «ce festival offrira l’occasion de découvrir une scène artistique peu visible ailleurs».

Au programme, des concerts, des live sets électroniques, des dj sets, des performances hip-hop, des live bands acoustiques, de la Gnawa, de la pop-soul, du folk rock, de l’afro house, du rock psychédélique.  Des artistes tunisiens mais aussi maghrébins et arabes sont attendus. Jonglant entre innovation, inspirations puisant dans le patrimoine musical de leurs pays, les artistes proposés sortent des sentiers battus pour présenter des sonorités inédites et modernes.

 

« Pas communautariste » !

 

Il s’agit notamment de Bénarès, Deena Abdelwahed, Hazem B, Noble Men, Jawhar et Yuma. De l’Algérie, il y aura «Djmawi Africa». D’autres artistes à l’instar de Pekodjinn, Vodkakoka et NIZ seront présents. Un collectif d’artistes originaires de la Syrie et de la Palestine, en l’occurrence Osloob & Friends, répondra présent. Le public aura le droit à plus de 11 heures de musique s’étalant de 14h à 1h du matin.

A travers cette mosaïque d’artistes, Akram Belaid présente le festival comme étant marqué par une touche cosmopolite. Il se focalise sur la Tunisie mais il est ouvert à d’autres musiques du monde arabe ou d’ailleurs.

Notre démarche n’est pas communautariste,

précise l’organisateur.

Le but est d’arriver à attirer un public composé de la diaspora tunisienne à Paris mais aussi des Maghrébins, des Français et d’autres nationalités. « La ville de Paris se prête à une telle fusion des cultures », constate le cofondateur de l’association Tunis sur Seine. Il y voit une niche pour la scène alternative avec un réseau de mélomanes venus des deux rives de la méditerranée.

Le festival a été conçu sur cette base, explique-t-il. Et de préciser qu’avec les contraintes liées au Covid, les artistes qui se produiront lors de cette édition sont résidents en Europe afin de prévenir une éventuelle restriction de la circulation empêchant l’arrivée d’artistes venus d’ailleurs.

Visibiliser une scène méconnue

 

Au-delà de cette contrainte, le choix des artistes s’est fait en restant fidèle à l’identité du festival. « Le but n’était pas de réunir des artistes pour créer un concept mais de les choisir selon une conception préexistante », renchérit-il.

L’objectif reste de donner de la visibilité à une scène minoritaire dans les médias malgré son potentiel créatif,

ajoute Belaid.

C’est cette échappée de l’activisme culturel mainstream et commercial qui a séduit également l’artiste Jawhar. « Avec Tunis sur Seine, on n’est pas dans des spectacles tuniso-tunisiens grand public. On est plutôt dans la promotion d’une scène musicale non destinée à la consommation commerciale », affirme Jawhar, à Nawaat.

En étant présent au festival, l’artiste ne vise pas particulièrement un public tunisien mais espère brasser large, en visant notamment les mélomanes séduits par des tonalités à vocation universelle. Jawhar se félicite toutefois de l’engouement des jeunes tunisiens pour sa musique. Il y voit une niche à explorer. C’est cette niche qu’aussi bien l’organisateur que Jawhar souhaitent attirer le 23 juillet.

Akram Belaid compte en effet  beaucoup sur la billetterie pour appuyer financièrement le festival à côté du sponsoring . « La difficulté était surtout de trouver des sponsors pour pouvoir envisager un tel évènement », nous confie-t-il.

Se voulant un festival multidisciplinaire, des rencontres avec des artistes designers, artisans et des créateurs exposants, des ateliers et tables rondes seront également organisés en marge des prestations musicales. Ce type d’activités tourné vers la promotion de l’artisanat et de la cuisine tunisienne est très présent à l’étranger. Mais Belaid assure que le festival déroge à la vision folklorique d’une telle promotion. « On ne veut pas tomber dans le kitch mais vraiment présenter de belles créations », conclut-il.