« J’y tiens. Je suis très malade. Mais je vais vous envoyer l’article », ainsi a répondu Noura Borsali au rédacteur en chef de Nawaat quand il lui a recommandé du repos en apprenant qu’elle a eu un malaise. Elle tenait à respecter son engagement à livrer son article hebdomadaire. C’était lundi, 12h45. Pour elle, cet article est « exceptionnel » puisqu’« il mêle réflexion et témoignage personnel », selon ses termes. La livraison était prévue pour mardi. Elle l’a pourtant envoyé, lundi à 19h42, comme un dernier mot qu’il fallait dire. Elle a rendu l’âme quelques heures après, peu avant l’aube du mardi 14 novembre. Noura Borsali fut habitée jusqu’à ses derniers soupirs par son souci de la mémoire, son amour du journalisme et son attachement à la démocratie… au projet d’une Tunisie progressiste. Qu’elle repose en paix. Que sa lutte et sa passion puissent nous servir de lumière aux moments les plus sombres.
Quand l’ARP adopte des articles inconstitutionnels
L’adoption par l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), le 27 octobre dernier, des articles 33, 11 et 24 de la “Loi organique n°2016/30 relative aux dispositions communes aux instances constitutionnelles” indépendantes et rebaptisée « Code des instances constitutionnelles indépendantes » fera date dans l’histoire de la jurisprudence tunisienne. Ces articles furent, en effet, jugés inconstitutionnels par l’Instance provisoire de contrôle de la constitutionnalité des projets de loi (IPCCPL). Cette dernière, dans l’attente de la mise en place de l’important Conseil Constitutionnel, est le seul garant de la conformité des lois au texte de la Constitution. Aussi la non-soumission de l’ARP à la décision de l’IPCCPL ouvre-t-elle la voie à un conflit d’autorité entre les deux institutions et à un dépassement juridique inédit.