Le feuilleton « Chouerreb », diffusé sur Attessia durant ramadan, a suscité une polémique sur la figure du « bandit » et son rapport à l’autorité. Ce débat nous a poussés à puiser dans la mémoire collective et les récits oraux. Et ce, afin d’écrire un récit qui prenne ses distances avec le récit officiel des vainqueurs. L’intérêt populaire suscité par les bandits est si intense qu’il ouvre la voie à l’exagération, voire au mythe. Le conflit fait rage entre ces deux récits. L’un officiel mais privé d’historiens officiels et l’autre, populaire, oral, qui s’est intéressé aux laissés pour compte.
البانديّة في تونس: مهمّشون مُسقطون من التاريخ الرسميّ
أعاد بث مسلسل “شورب” الجدل حول شخصية الباندي الرافض للسلطة والخارج عن القانون. وهو ما قد يدفعنا إلى اللجوء إلى الذاكرة الجماعيّة والرواية الشفويّة لكتابة تاريخ مضادّ للتاريخ الرسميّ الذي كتبه المنتصرون. تاريخ مضادّ يحتفي بالفئات المهمّشة، بأولئك الأبطال الاجتماعيّين الذّين شقّوا عصا الطاعة وظلّت حكاياتهم المتناقلة جيلا بعد جيل محفورة في الوجدان الشعبيّ. الصعاليك الشرفاء أو اللصوص الشعراء أو الشطّار أو الفلاّقة أو البانديّة أو غيرهم من المهمّشين، ظلّوا مُسقطين من التاريخ المكتوب، مقابل الاهتمام الشعبيّ بسيرهم وبطولاتهم التي قد ترتقي بصيغ المبالغة إلى مرتبة الملحمة أو الأسطورة. الصراع دائر بين تاريخين، تاريخ رسميّ دَوّنه مؤرّخون رسميّون انتصروا للعلماء والجنرالات والزعماء، وتاريخ شعبي شفويّ اهتمّ بالمغمورين الذين لن نجد شارعا باسمهم أو نَدرس عنهم في كتب التاريخ.
« Ali Chwerreb » sur Attessia: Questionnement social & responsabilité artistique
En élaborant un produit culturel —film, pièce de théâtre, feuilleton, livre, etc.—, l’artiste tend un miroir à la société. Il lui soumet une ou plusieurs de ses constructions : un phénomène répandu, une situation singulière, un parcours marquant, une accoutumance… Il l’interroge. Il ouvre le débat. Le feuilleton « Ali Chwerreb », on le voit depuis le début du Ramadan sur la chaîne d’Attessia, questionne le spectateur tunisien, le provoque, l’émeut, le heurte… l’incite à prendre la parole, à critiquer, à approuver… à s’exprimer. Le débat est donc bien ouvert. Et de ce point de vue, le feuilleton est réussi.
Interview avec Sghaier Salhi: Les non-dits de la Tunisie postindépendance
Sghaier Salhi est l’auteur d’un ouvrage publié en 2017, aujourd’hui épuisé, intitulé « Le colonialisme interne et le développement inégal : le système de marginalisation en Tunisie comme modèle » (en arabe). Il y démontre le caractère systémique des inégalités de développement entre les régions en Tunisie, arguant qu’une partie du pays colonise l’autre partie. Nous avons souhaité discuter avec Sghaier Salhi des tensions entre le récit national tunisien et les mémoires particulières de certaines régions et groupes sociaux, à l’heure où l’Instance Vérité et Dignité (IVD) est attaquée par des historiens et des politiciens pour son traitement de l’histoire de l’indépendance.
و يهدي من يشاء
“عبد الباديس” كان يحلم يطلع شرطي، و من ألطاف الله حلمو تحطّم ملّي عمرو 12 سنا و طلع حجّام، من وقت الّي طرّدوه مالـ collège بعد ما قصّ شعر زميلتو في القسم و هو سارح يحكي مع صاحبو على الشّعر الّي هاج عليهم ماللّوطة و يتناقشوا على سبل و آليات التخلّص منّو. زميلتو شعرها طويل مسبسب على طول ظهرها، أصفر و حرير. و أهمّ ميزة فيه، إنّو شعر بنت القيّم العام.
Gilbert Naccache, l’intempestif
À l’heure du bilan, le militant a de l’énergie à revendre. Dans le dernier opus de sa quadrilogie, fraîchement paru sous le titre « Ana…chroniques » (Chama éditions, 2017), Gilbert Naccache remonte ses « souvenirs des dernières années du vingtième siècle et un peu au-delà ». Il prend tout ce qui remonte, depuis sa sortie de prison en août 1979 jusqu’à la révolution du 14 janvier 2011, en se livrant à une manière alerte d’historiciser le présent et d’actualiser l’histoire. Sur soixante-dix ans de distance, ces mémoires font vibrer chez lui deux cordes jumelles, celle de l’observation et celle de l’analyse.
Les faces cachées des relations tuniso-franco-européennes (6)
L’étude de l’évolution des relations tuniso-européennes après la conquête ottomane de Tunis en 1574 -à l’issue d’une âpre lutte avec l’Espagne pour le contrôle de la rive sud de la Méditerranée- revêt une importance particulière dans la mesure où elle correspond à la fin de la dynastie hafside au Maghreb et au partage territorial de cette région désormais constituée de provinces séparées relevant chacune directement de la Sublime Porte.
Résistances : Quand l’art bande mou à Carthage
Décidément, l’art bande mou à Carthage. Au moment de la piqûre de rappel de la Fête des Martyrs en son 79ème anniversaire, la Présidence de la République met les bouchées doubles pour trompeter ténacité et résistance du peuple tunisien au cours de l’histoire. Organisée en collaboration avec les ministères de la Culture et celui de l’Education, Résistances se veut une exposition itinérante qui sillonnera toutes les régions du pays jusqu’à la fin du mois d’avril 2019. On aura beau tourner sa langue mille fois dans sa bouche, on a beau fouiner dans son vocabulaire, il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cette initiative poussiéreuse d’une expo qui ne l’est pas moins : nulle.
Les Faces cachées des relations tuniso-franco-européennes (4)
La quatrième partie de cette série sera consacrée à l’évolution historique du cadre législatif et réglementaire régissant les relations commerciales et économiques entre la Tunisie et la France depuis le 17ème siècle jusqu’à la veille de la colonisation. Cette étude nous permettra de saisir l’importance jouée par les accords de capitulation et les conventions commerciales inégalitaires dans la pénétration économico-commerciale européenne en Afrique du Nord, qui sera le fer de lance de l’entreprise coloniale française en Tunisie.
Le « je » colonial de Michel Onfray
Le pire, c’est qu’il y a chez nous des gens qui prennent les insultes d’Onfray pour des compliments ! Le pire du pire, c’est qu’il s’en trouve d’autres pour abonder sans s’en apercevoir dans son sens en lui reprochant de négliger que nous aussi nous aurions eu « nos » Descartes. Et le pire du pire du pire, c’est que la majorité d’entre nous partage la conception coloniale de l’histoire comme réalisation du « progrès » dont la modernité, inventé et répandue généreusement par l’Europe, serait le passage obligé voire carrément, pour certains, le but à atteindre.
Il n’y a pas de politique sans lutte identitaire
Les identités, outre qu’elles disent la dignité, sont une composante et parfois le tout d’une stratégie. Regretter ou dénoncer la persistance des identités, c’est renoncer à la lutte, c’est contribuer à désarmer les résistances des opprimés.
À quelle heure se réveille la nation ?
Organisée par la fondation Rambourg au palais Ksar es-Saïd, à Tunis, L’éveil d’une nation. L’art à l’aube de la Tunisie moderne (1837-1881) se donne les bons moyens pour rafraîchir la mémoire sans l’escamoter. Geste nécessaire, mais qui n’est pas sans risques.
Appartenir à Dhiba et Ben Guerdane, entre emblèmes et stigmates
Lorsque l’on interroge les habitants de Dhiba et Ben Guerdane sur leur perception du Sud tunisien, région à laquelle ils revendiquent appartenir, c’est la « marginalisation » tahmîch qu’ils évoquent en premier lieu. La forte perception de l’exclusion transcende les générations et le genre, même si elle est plus aiguë chez les jeunes chômeurs. Elle confirme l’affermissement, depuis la chute de Ben Ali, du tahmîch comme catégorie cognitive structurant la façon dont les populations rendent compte d’elles-mêmes, dans l’ensemble des territoires urbains et périurbains relégués dans le pays, à l’instar des quartiers populaires du Grand-Tunis ou du gouvernorat de Kasserine, à la frontière avec l’Algérie.
كتاب ”عيال الله“ لمحمّد الطالبي : نحو نظرة جديدة لعلاقة المسلم بخالقه و بمحيطه
إنّ هدف كتابة مقال عن هذا الكتاب (الذي أسال حبرا كثيرا منذ صدوره) هو مجرّد محاولة لتذكير أبناء جيلي و من بعدهم بقيمة هذا المفكّر العظيم الذي قضّى عمره و أفناه في البحث و تقديم أعمال مهمّة. و من جهة أخرى، أردت أن أُبْعِدَ وَ أَمْحُوَ تِلك الصّورة التي ظهر بها الدكتور الطالبي في الإعلام التونسي في السنوات الأخيرة في برامج مبتذلة لا همّ لها سوى تحقيق نسب مشاهدة مرتفعة.
« Mnēmē » de Nidhal Chamekh : l’art par temps de détresse
Se faire le chiffonnier de la mémoire des luttes. Nidhal Chamekh ne recule décidément plus devant cette tâche qu’il s’est fixée depuis « De quoi rêvent les martyrs ? » (2011). Mais à quel temps décline-t-il cette mémoire dans « Mnēmē », son exposition à Selma Feriani Gallery (29 octobre – 12 novembre 2016) ? D’une main, il ramène la virtuosité du dessin à un principe de délicatesse. De l’autre, il accorde la rémanence des formes et des luttes au retour du refoulé, où l’image se peuple de fantômes. Entre deux mains qui s’alternent, c’est la pratique du montage qui permet à Nidhal Chamekh de prendre la mémoire à rebrousse-poil.
Les faces cachées des relations Tuniso-Franco-Européennes
Les rapports inéquitables et déséquilibrés entre la Tunisie et l’ensemble européen trouvent leur origine dans la nature et le contenu des accords et conventions conclus avec la France à l’indépendance, ainsi que l’accord « d’association » de 1969 conclu avec la Communauté économique européenne et tous les accords ultérieurs similaires dont l’accord de libre échange complet et approfondi en cours de négociation.
تقديم ومناقشة كتاب : ”منذ خمسين سنة…عشت معركة بنزرت“ لعبد المجيد شاكر
قد لا نجانب الحقيقة إن قلنا إن الكتاب برمته، رغم صدوره بعد 50 سنة من المعركة لا يختلف في شيء عن أدبيات ”الحزب الحر الدستوري الجديد“ السابقة المنشورة حول المعركة، أسبابها، وقائعها، انعكاساتها : تمجيد مطلق لموقف الزعيم ومفاخرة بما تم إنجازه. هذه الخصيصة بالذات تجعل منه وثيقة خاما لدراسة موقف الحزب من هذه المعركة وهو أمر يفيد الدارسين من وجهة نظر ما.
Are Arabs “Behind”?
“We Arabs, we are behind” we have sighed to ourselves for more than a century. Streams of powerless tears flood our newspaper columns. A veritable fountain of tears spewing from our tear ducts. And we ask Europe, who quietly laughs at us, to give us a hand. “We Arabs, we are behind. Let’s be modern!” We’re spending our time running to catch a train that is behind us. Europe is not our future; it is our past.