Le 9 avril dernier des manifestations pacifiques étaient organisées au centre ville de Tunis. Elles ont été réprimées par la violence des forces de l’ordre et de « milices armées ». (A lire : Le 9 avril 2012: Journée noire pour le droit de manifester en Tunisie) L’ANC (Assemblée Nationale Constituante) avait alors mis en place une commission pour investiguer et comprendre le déroulement des évènements afin de cibler les responsables de ce dysfonctionnement sécuritaire. Quatre mois après les manifestations le rapport se fait toujours attendre et les responsables ne sont pas inquiétés.
Il ne faut pas croire aux promesses des hommes politiques, tout n’est qu’effet d’annonce. 40 jours. Ils avaient promis. Dans 40 jours on connaitrait la vérité sur les événements du 9 avril 2012. 40 jours c’était parfait : un délai qui avait l’air assez proche pour que l’on ait l’impression que les députés s’activent, mais qui était finalement assez long pour tomber dans l’oubli. Car combien sommes-nous à nous en rappeler ?
Les images des violences qui se sont déroulées à Tunis, le 9 avril dernier, lors de la manifestation célébrant la fête des Martyrs, ont pourtant marqué les esprits. Les Tunisiens descendus dans la rue pour honorer la mémoire des morts ont été accueillis par des coups de matraque et des bombes de gaz lacrymogène. Des coups dispensés par les forces de l’ordre et, fait étrange, par des hommes en civil, armés et qui communiquaient avec la police. L’indignation avait été forte si bien que l’ANC avait décidé de créer une Commission d’enquête sur les incidents du 9 avril, qui devait mener l’enquête sur les événements et expliquer, dans un rapport qui devait être publié 40 jours plus tard, pourquoi une « milice » exerçait de la violence dans les rues en « partenariat » avec la police. Rached Ghannouchi avait émis l’hypothèse que ces hommes pouvaient être des membres des comités de protection de la Révolution. Et puis plus rien.
On s’attendait donc logiquement à en apprendre plus dans le rapport de la commission qui aurait dû être rendu mi juin. Un rapport qui devait mettre en lumière le déroulement des événements, répertoriés les violences, les différents acteurs ainsi que les responsables… La gravité des événements demandait une réponse rapide.
La commission a été mise en place début mai, mi-juin un rapport devait être publié. Quarante jours plus tard pas un mot de la part de la commission, qui met du temps à se mettre en place. Car ce n’est que le 7 juin que celle-ci tiendra sa première réunion. Soit 60 jours après les événements et plus de 30 jours après sa constitution. On se doute alors que les 10 jours restants avant la fin du délai ne seront pas productifs.
Et effectivement : nous sommes maintenant à la fin du mois de juillet, 4 mois se sont écoulés depuis les événements, prés de 120 jours et voilà prés de 90 jours que la commission a été mise en place, soit le double du temps alloué à cette commission pour qu’elle fasse son travail. Début juin les membres de la Commission étaient encore en train de se tirer la bourre pour savoir lequel d’entre eux la présiderait. Voilà pourquoi à la fin du mois de juillet, le 28 pour être précis; pas la moindre petite page de rapport n’a encore été produite. Aucun pv de réunion n’est enregistré sur le site Internet de l’ANC pour la Commission d’enquête sur les incidents du 9 avril. D’ailleurs la situation va durer encore un moment étant donné que les membres ne se sont toujours pas mis au travail, sans que cela ne semble les déranger : pas une audition de témoin ou un recensement du nombre de grenades de gaz lacrymogène tirées pour le moment.
Il en sont pour l’instant à la mise en place d’un cadre juridique. Comme l’explique Zied Ladhari (Ennahdha), président de cette commission :
Nous avons sollicité le point de vue d’experts et de juristes car il y a un vide juridique autour de cette commission. Il nous faut définir les règles pour ses travaux. Il lui faut un cadre pour définir sa façon de travailler : comment recueillir les témoignages, quelle relation avec l’autorité judiciaire, comment prêter serment pour les témoins, comment faire avec les forces de l’ordre pour qu’elles témoignent… c’est un ensemble de règles spécifiques qu’il faut mettre en place.
Les premières séances ont donc servi à tenter de baliser le terrain. Ce qui n’est toujours pas fait. Et finalement on peut se dire que même si la volonté de sécuriser le processus est tout à fait louable, le temps est long.
Et si cela traine autant c’est parce que les membres de la Commission ont plusieurs casquettes. Toujours d’après Zied Ladhari :
Nous travaillons tous dans différentes commissions et ce qui est le plus urgent aujourd’hui c’est la rédaction de la constitution. Alors nous essayons d’avancer sur la constitution pour finir et ensuite travailler sur évènements du 9 avril.
M. Ladhari n’a pas voulu se prononcer sur le dépassement du délai des 40 jours, ni sur le délai d’attente supplémentaire. Ce dernier a simplement déclaré :
Nous parlons ici des événements du 9 avril 2012, pas de ceux de de 1938 ! Il faut du temps. Les experts internationaux ont pris l’exemple d’une commission sur la mort de Patrice Lumumba ( premier Premier ministre de la République Démocratique du Congo ) qui s’est ouverte en 1999 alors qu’il avait été tué en 1961.
Sauf que depuis les années 60 les moyens de communication ont changé, que nous disposons d’un tas de vidéos qui témoignent des événements de cette journée noire (Pour voir le reportage de la chaîne Attounissia cliquez ici),qu’il est possible de savoir qui a téléphoné à qui au sein des ministères pour donner des ordres et que surtout qu’on ne parle pas ici d’un assassinat dans le secret mais de manifestations publiques réprimées en plein jour devant des témoins dans l’artère principale de la capitale de la Tunisie, et ce à deux pas du ministère de l’Intérieur ! Et que par ailleurs il est difficile de comparer les événements de 1938 à ceux de 2012, puisque la Tunisie n’est plus sous protectorat et qu’il ne s’agit pas d’un « complot contre la sûreté de l’Etat ».
Il s’agit, pour le 9 avril 2012, d’un dysfonctionnement de l’Etat, un dysfonctionnement grave avec une atteinte à la sécurité des citoyens et une violation de l’espace public par des individus armés et violents. Il y a des responsables qui doivent répondre de leur actes. Il ne s’agit pas d’un ennemi, il s’agit de notre propre administration qui dépasse ses prérogatives pour des intérêts particuliers. On comprend alors l’importance de la tâche.
Sauf qu’en plus de jongler avec leur emploi du temps trop chargé, d’après Zied Ladhari, les membres de la commission doivent faire avec leur incompétence, puisqu’ils ne savent pas comment faire fonctionner une telle commission, toujours d’après lui. Mais pour lui : « le plus important c’est que nous fassions un rapport de qualité avec un bon travail d’analyse et avec des recommandations. Car le plus important c’est avant tout que de tels événements ne se reproduisent pas. »
Si les membres de la commission n’ont pas la moindre idée de la méthode avec laquelle mener leur travail, s’ils n’ont pas le temps de le faire et s’ils ne sont pas compétents pour le faire alors pourquoi avoir formé une telle commission ?
On peut alors lire dans le fait que la Commission traine en longueur la volonté de ne pas mettre en cause le gouvernement. En effet sa responsabilité sera automatiquement pointée du doigt, comme celle du ministère de l’Intérieur. Le fait que des hommes en civil armés communiquent avec des policiers et s’en prennent aux civils n’est pas un hasard et ne semble pouvoir être qu’une action qui est commanditée par le gouvernement et le ministère. Comment expliquer sinon le fait que la police n’ait pas arrêté ces hommes armés et violents qui agissaient sur la voie publique ?
“Le 9 avril dernier des manifestations pacifiques étaient organisées au centre ville de Tunis. Elles ont été réprimées par la violence des forces de l’ordre et de « milices armées »!!!
Franchement! vous arrivez à avoir le sommeil en déformant la réalité comme vous le faites?
pourquoi s’obstiner, en voulant montrer votre haine à un parti politique en particulier en faisant tant mal à notre chère Tunisie, en la montrant devant le monde entier sous des aspects toujours négatif?
Pourquoi vous voulez montre de la vérité que ce qui vous arrange?
Pourquoi vous n’avez pas le courage de dire que les gens qui ont manifesté ce jour là avaient bravé l’interdiction de manifester à l’avenue Bourguiba, et que beaucoup n’étaient pas pacifistes comme vous l’affirmez et beaucoup sont venus avec la ferme intention de faire tomber le gouvernement en place.
Je ne défends personne ici et encore moins le gouvernement mais dans quelle démocratie vous avez vu des élus du peuple venir braver une interdiction ou un arrêt préfectoral?
Pourquoi en Tunisie l’information doit elle toujours rester prisonnière des convictions personnelles de chacun et de ces préférences idéologique.
une information ne veut en aucun cas dire que le journaliste ou l’auteur doit en faire ce qu’il veut mais c’est que l’information qui doit être libre de toute ingérence; elle doit circuler librement et doit arriver aux lecteurs telle qu’elle est ,c’est à dire vraie.
Ce que vous relatez dans cet article se sont des faits connus de tous et les reproches peuvent être faites des deux cotés.
HONTE A VOUS
Comment osez vous dire de telles inepties a.a et dénigrer justement la volonté de connaître la vérité de la part de l’auteur de l’article sur justement ce que vous mentionnez comme les “faits connus de tous et les reproches peuvent être faites des deux cotés.”
D’abbord je n’ai vu nulle part que vous parliez en connaissance de cause et en participant à cette journée du 9 avril 2012. Si vous y étiez vous ne le dites pas et alors le droit de juger vous est retiré.
Par contre combien vous a t’on payé le post ci-dessus???
Ensuite en tant que participante à cette journée du 9 Avril 2012 je peux attester des “anomalies” de cette journée.
J’ai déjà témoigné par divers moyens (mais pas à la commission de l’ANC!!!)et je continuerai de le faire des anomalies de cette journée, du pacifisme des manifestants…
Pour, individuellement avoir eu la chance de parcourir (sans incident majeur mais sous l’agression verbale policière) aller-retour l’Av Mohamed V et l’Av Bourguiba jusqu’à la cathédrale, et ce pendant une marche de presque 2h00, avoir eu l’occasion de faire de nombreuses photos, avoir vu de mes yeux vus les évènements de 11H00 à 13h30, avoir relevé l’immatriculation et photographié la fourgonnette de la police qui, sur la contre allée de l’Avenue Mohamed V (et non pas sur l’avenue Bourguiba!!!) bien à distance de l’horloge, m’a foncé dessus avec la volonté de me renverser, moi et les 3 autres personnes prés de moi.
Mes témoignages ont été inscrits , retranscrits, soigneusement et immédiatement conservés le jour même et (mais je ne vous dirai pas pourquoi) sont incontestables et restent à la disposition de l’ANC… mais l’ANC veut-elle savoir la vérité???
Pourriez vous me dire, cher monsieur, vous qui avez tout vu ce jour là, si des fois vous avez remarquez les sac de pierres transportées pour l’occasion et déversées à même le sol à disposition des casseurs?
Avez aussi remarqué cette voiture bourrée de cocktails Molotov?
Dans votre va et vient tout au long de la manif, n’avez remarqué ces bandes de casseurs venus harceler et provoquer les flic?
Enfin dans quelle démocratie vous avez vu des élus du peuple venir braver une interdiction et enfreindre les lois du pays? Au nom de quel état d’esprit vous voulez me convaincre que ces gens là sont venus défendre la démocratie ce jour là?
@ aa, bonjour,
c’est une erreur stratégique et un amateurisme qui dépasse de plusieurs langueurs celui de la coalition au pouvoir qu’est entrain de faire l’opposition , qui ne rate aucune occasion illégale soit-elle pour prétendre ou feindre son soutien inconditionnel du droit de manifester . être pour ou contre l’interdiction de manifester à l’avenue HB , c’est un débat pour lequel on élu une constituante, qui est seule aréne des débats démocratique et sociétal . que dira l’opposition quand elle sera aux commandes ( et elle le sera un jour si elle le veux ) et que ceux qui étaient au pouvoir inciteront leurs sypathisant(e)s a faire pareil : manifester sans préavis, ne pas respecter l’itinéraire, faire des grêves spontanées, bloquer et déranger la circulation et les déplacements des citoyen(ne)s ……… et touts les aspects d’incivilités . avec ce que fait la presque opposition et, le soutien flagrant d’un journalisme d’opinion loin de touts les régles éthique journalistique, la dite opposition OFFRE à l’autre rive tout les droit du KO institutionnalisé sous la banière de la pouvre liberté d’expression .
Ce gouvernement est opaque , mm les rayons du soleil ne passent pas , comment voulez vous qu’il publie un rapport qui le condamne .Ce gouvernement est hypocrite comme dit le ex-conseiller de marzouki .Ennahdha fera revenir les mauvais cauchemars et la terreur pour les tunisiens , plus que au temps de ben ali
non seulement le rapport n’a pas été rédigé mais en plus les constituants partent en congé le 6 août, alors vous parlez de rapport?
[…] … Faut-il attendre encore un autre rapport comme celui que ce même ministère avait promis lors des évènements du 9 avril ? Sur quelle justice faut-il compter alors que l’autre ministre d’Ennahdha, […]
[…] n’a été poursuivie en pour “trouble à l’ordre public” suite à la manifestation du 9 avril où des dizaines de citoyens civils ont été tabassés par la […]
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