Soutien à Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi
auteur dramatique et metteur en scène tunisiens
Nous apprenons qu’en Tunisie la commission consultative dite d’orientation théâtrale a recommandé la censure de la pièce Khamsoun(“Corps otages”).
Cette recommandation est effective depuis qu’elle a été entérinée par le ministre de la Culture. Faut-il rappeler que les auteurs de cette pièce, Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi, ont été au coeur du renouvellement théâtral en Tunisie et dans le monde arabe ? Depuis trente-cinq ans, ils ne cessent, de pièce en pièce, de révolutionner cet art et de l’enrichir par des innovations scéniques animées par un esprit critique qui dénonce les défauts, les manquements et les chimères de leur société. Leur oeuvre est, en outre, mondialement reconnue et célébrée. Et ceux qui ont eu le privilège d’assister en juin dernier à Paris au spectacle de leur pièce (à l’Odéon Théâtre de l’Europe), désormais interdite dans leur pays, ont été impressionnés par sa performance littéraire et artistique ainsi que par sa juste portée politique. Ne répercute-t-elle pas par les purs moyens du théâtre la violence intégriste et l’idéologie rampante qui la sous-tend et qui, insidieusement, se répand pour légitimer le crime ? Comment un régime construit sur la modernité prive-t-il la société qu’il gouverne d’un travail de représentation émanant de sa réalité et destiné à aider les citoyens à mieux saisir les ressorts de la crise qui bloque les évolutions, favorise les régressions et pénalise l’avenir ? Nous nous élevons avec force contre cet acte de censure qui prive les artistes de leurs moyens de vie et de leur raison d’être.
Sustain to Jalila Baccar and Fadhel Jaïbi
Tunisian drama writers and theatre directors
We have just learned that, the Consultative Commission called “d’orientation théâtrale” in Tunisia has recommended the censorship of the Play “Khamsoun” (“Corps otages”) .This recommendation is fully effective since it has been ratified by the Ministry of Culture.
Needless to remember that the authors of this play, Jalila Baccar and Fadhel Jaïbi, have been at the heart of the theater rebirth in Tunisia as well as in the rest of the Arab world. For the last 35 years, through each of their stage creations, they have never stopped stiring up the world of the Theatre and injecting new impulse to it. They have fed and enrichened it by scenographical innovations unveiling the failures, the gaps, and the make believes of the Society they live in. Moreover, their numerous performances have been worldwide acclaimed. Those of you who have had the chance to applaud them on the occasion of their latest * now banned * play at the Odéon Théâtre de l’Europe in Paris in June have been impressed by its high literary and artistically quality as well as by the soundness of its political dimension. Indeed, this play reflects, through the pure magic of theater tools the violence of radicalism and the creeping ideology lying underneath it, legitimizing crime. How can a regime supposedly based on modernity deprive citizens it is ruling from a performance aiming at raising their awareness of the root causes of a crisis which jeopardizes progress, encourages regression and endangers the future ? We strongly condemn this act of censorship which deprives the artists from their source of living and above all, from their very reason to live.
combien de temps encore l’Art sera-t-il encore sacrifié à la Grande Muette ?
[…] avait rameuté beaucoup de monde. On a engagé une partie de bras de fer. Il y a eu des milliers de pétitions venues de toutes parts. On a réussi à mobiliser les artistes tunisiens, la société civile. […]