Enveloppes transparentes, multiplicité des bureaux de vote (=impossibilité de contrôle), médias donnant voix à un seul parti, interdictions des journaux de l’opposition, posters géants du big boss partout, peinture mauve en rupture de stock: tel est et sera le lot des pauvres élections tunisiennes qui vont conférer à notre chère nation le statut de risée du monde pour l’année 2009.
Mais dans une république hindanière (de hindi) qu’avions nous de mieux à espérer ?
En fait la machine est en route depuis bien longtemps et personne ne sait vraiment plus pourquoi à quoi elle sert: montrer son allégeance est devenu un réflexe pavlovien et non plus un embellissement marketing d’une réalité qu’on voudrait vendre à l’étranger, espérant en retour quelque soutien politique ou financier.
Tous à l’étranger connaissent très bien la réalité de la politique tunisienne, alors à quoi sert tout ce tamtam ? A quoi vont servir toutes ces heures de travail perdues, toutes ces ressources gaspillées ?
Il semble qu’il y ai deux raisons: une clique d’opportunistes espère un avantage présent ou à venir, mais aussi peut être s’auto-convaincre d’un soutien populaire massif alors que la réalité est beaucoup moins reluisante.
Le problème est que tout ce “soutien” se construit sur du sable mouvant et personne ne pense vraiment à l’après président actuel, or ce seront bien nos enfants qui vont hériter de ce désastre politique. Il faut bien admettre qu’avec la croissance économique et le progrès social, on aurait pu espérer une évolution politique en douceur: pas vraiment de passage à la démocratie du jour au lendemain, mais plutôt un apprentissage de la culture du dialogue, un peu de tolérance par-ci, la possibilité d’existence et d’expression d’opinions diverses afin d’enrichir la vie politique du pays.
Malheureusement, les idées ne se discutant pas raisonnablement et ouvertement (dans les médias, journaux etc…), le champs ne serait plus propice qu’à la dissidence violente et immature.
Cet échec est imputable à nous tous évidemment: en laissant se développer cette culture sociale de l’opportunisme et du clientélisme au lieu de favoriser une culture du dialogue – même au sein de la cellule familiale -, respecter les opinions diverses et le “compter sur soit” au lieu de mendier des faveurs des gens de pouvoir.
Il s’agit d’un projet de société: voulons-nous vivre ensemble en tant que tunisiens dans le respect et la justice pour tous ou bien désirons-nous encore et toujours stagner dans la violence des opinions et des actions (interdictions/grèves/répressions) ?
Si la négation de notre droit à avoir un système politique correct, à pouvoir exprimer nos idées ouvertement, à choisir nos représentants librement incite beaucoup de tunisiens à espérer des jours meilleurs dans le futur et donc à avaler leur dignité, beaucoup aussi en ont marre d’être pris pour des cons et désirent rester dignes au présent.
Mais que pouvons-nous faire ?
Une réaction à l’iranienne me parait peu plausible: sauf si je me trompe, nous n’avons pas la même conscience ni la maturité politiques nécessaires afin de contester ouvertement dans les rues la prochaine mascarade.
Par contre une meilleure façon moins risquée de montrer notre désaccord serait de faire une grève générale le jour des élections ou le jour de la proclamation des résultats!
Imaginez une coupure d’électricité, de téléphone, d’eau, un embouteillage monstre ou un coup de klaxon général à midi pétante pour simplement dire:
“on en a marre de vivre sous la dictature!” ce serait cool non ???
Entre-temps, et face au vide sidéral laissé par l’opposition (sont-ils en vacances?) et en l’absence de journalistes sérieux (existent-ils?), j’espère que la blogosphère tunisienne sera plus active face à des enjeux qui nous concernent tous.
Le Blog de Anis : Dawwen
Via TunisiaWatch
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