Les prochaines élections sont politiques. Ils ne cessent de nous le répéter. Le 24 juillet, on élira les membres de la constituante chargés de définir la future constitution qui régira notre vie pour les prochaines vingt, trente années. Pour cela, les partis qui présenteront des candidats à l’élection de la constituante n’ont pas besoin de présenter de programmes économiques ni sociales, nullement besoin puisque les prochaines élections seront politiques !

D’accord !

J’ai comme l’impression que nous n’avons pas encore tiré les bonnes leçons !
Pour qui on fait ces élections ? Pour le peuple. Le peuple est censé être souverain. La souveraineté s’exprime à travers la capacité à faire des choix. Déjà que le nombre des partis politiques n’aide à y voir clair. Bien malin qui est capable de faire la différence du programme d’un démocrate chrétien et d’un chrétien démocrate chez ceux qui ont une vieille culture politique, rodés aux débats des idées. Les 66 partis politiques déclarés aujourd’hui ambitionnent légitimement de figurer dans l’hémicycle pour décider de la nature du futur régime. Ils ont beau incarné une haute opinion de leur future responsabilité, il n’en demeure pas moins qu’ils doivent passer devant le peuple pour les choisir. Le sésame sera délivré sur la base d’une idée, opinion, programme, image, personnalité. Plus le concept (idée, opinion, programme…) est précis dans la tête du peuple plus la décision à prendre pour faire le choix entre untel ou un autre va être rapide et tranché.

L’hésitation est le fruit de l’incompréhension et du flou qui règne dans les positions et les programmes. Ceux qui savent pour qui voter aujourd’hui, sont ceux qui ont déjà une connaissance du projet de tel ou tel parti. Ceux qui ne savent pas, le risque d’être encore dans l’hésitation est important. La vraie question aujourd’hui est là ! La réponse qui consiste à répéter que les prochaines élections seront politiques, pas de besoin de programmes, cette réponse est inappropriée et en deçà des exigences de la situation actuelle en Tunisie.

Est-ce que c’est de la pure tactique politico-politicienne ou bien une volonté de garder les programmes au chaud le temps que ça murisse et éviter les plagiats inutiles ?

Dans un cas comme d’un autre, cette attitude mérite d’être reprise afin de permettre au peuple de faire des choix en connaissance de cause et éviter le choix du « moins pire » !

Au-delà, du fait que les Tunisiens ont besoin de comprendre la vision de la Tunisie de demain que propose chaque parti, ils ont besoin de connaître les positions que chacun des partis apporte à des questions précises qui promettent une vie meilleure. Le jeu des alliances et autres fronts ne concerne que ceux qui les font, le peuple est très loin de ces jeux. Il a du mal à déchiffrer ces allers-retours. Est-ce que j’y vais tout seul aux élections, je me fais rembourser et après je négocie les alliances ? Est-ce que je m’allie toute de suite, de cette manière, je garantie l’essentiel et puis on verra, après, la plateforme politique ? Que fais-je de mon égo si je me fais absorber par un groupement fort ? Les discussions des stratégies d’alliance et de sortie d’alliance vont bon train. Les esprits s’échauffent mais le peuple est-il concerné par ce qui agite le microcosme tunisois ?

J’aimerai que la révolution tunisienne prenne rendez-vous avec l’Histoire en lui proposant autre chose qu’une simple transition démocratique. Même si cette transition n’est pas encore garantie, elle paraît aujourd’hui le smic à obtenir compte tenu de l’importante réalisation qu’a vécu notre peuple à l’aube du 14 janvier. Nous sommes face à l’Histoire et nous n’avons pas le droit de décevoir nos enfants et les générations futurs. Les petits calculs pour prendre le pouvoir ne peuvent pas être une fin en soi. Ceux qui ont été assoiffés et n’ont pas su se montrer à la hauteur de la charge qui leur a été confié se sont faits éjectés et se trouvent aujourd’hui en dehors de la scène. C’est un grand signal pour les futurs dirigeants.

Ceux qui ne sont pas animés par un grand dessin pour la Tunisie devraient s’abstenir.

Ceux qui n’offrent pas au peuple tunisien une grande vision peuvent désormais choisir un autre créneau.

Ceux qui ne souhaitent pas transformer le rêve des tunisiens en réalité devraient trouver une autre vocation.

La Tunisie a besoin de visualiser dès maintenant, et non pas dans une année ou deux, son projet de vie. Les tunisiens ont besoin d’être porté par l’élan de ce qu’ils ont réalisé.