Mise à jour du 17.07.11 : C’est un récépissé. Il indique que le demandeur, Abdellatif Bouhjila, a déposé une demande de passeport au poste de Mégrine le 15 juillet 2011. C’est un document banal, délivré lorsqu’un citoyen tunisien veut obtenir un document de voyage.

Le récépissé. Il indique que le demandeur, Abdellatif Bouhjila, a déposé une demande de passeport au poste de Mégrine le 15 juillet 2011

Mais pour que l’intéressé, sorti de prison en 2007, l’obtienne, il lui a fallu mener quatre ans de combats acharnés, faire des grèves de la faim et de la soif au péril de sa vie, médiatiser son combat, appeler à la rescousse sa famille, ses amis, ses soutiens, les organisations de défense des droits de l’homme en Tunisie et de par le monde, subir le harcèlement policier, encaisser les remarques dubitatives du public, voire les soupçons.

Il a fallu le 14 janvier.

Il a fallu une loi d’amnistie générale.

Et en 2011, il lui a fallu recommencer les combats menés avant le 14 janvier….

Osons espérer que la délivrance du passeport, elle, sera proche et… banale.

Luiza Toscane

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Abdellatif Bouhjila

Le 23 mars dernier, Abdellatif Bouhjila, un ancien prisonnier politique, a déposé une demande de passeport auprès des services du ministère de l’Intérieur. Depuis lors, son existence a viré au cauchemar. Le 22 avril, alors qu’il était absent de son domicile, un « agent » ou tout du moins une personne se présentant comme telle, est venue à son domicile pour informer le père d’Abdellatif que le passeport était prêt et qu’il pouvait le retirer. Quelques heures plus tard, Abdellatif Bouhjila a reçu un appel anonyme l’informant qu’il pouvait retirer son passeport mais que, ce faisant, il s’exposerait à des problèmes, voire à une agression.

Le 25 avril, Abdellatif Bouhjila s’est toutefois rendu au commissariat de Mégrine, où on lui a dit qu’il n’y avait rien de nouveau concernant son passeport et qu’il serait averti par téléphone quand ce dernier serait prêt. Il s’y est rendu également le 5 mai où on lui a dit qu’il recevrait une convocation. Le 9 mai, il a reçu plusieurs appels téléphoniques. Le premier émanait d’une personne affirmant être le chef du poste de police de Mégrine (71 432 610) et lui annonçant que son passeport était prêt. Quelques minutes plus tard, le dit chef de poste lui proposait un rendez-vous dans un « café » pour retirer son passeport… Face au refus d’Abdellatif Bouhjila d’accepter une procédure aussi illégale, il a proféré des menaces et lui a dit qu’il allait le « «regretter ». Quelques minutes plus tard, il a reçu deux autres coups de fil émanant d’une personne se présentant comme « Béchir » (22 832 610) qui lui demandait s’il allait venir chercher son passeport.

Pour rappel, Abdellatif Bouhjila est un ancien prisonnier d’opinion. Depuis sa sortie de prison en 2007, il est privé de soins et de passeport et a mené des grèves de la faim, en vain. Il a bénéficié en février dernier de la loi d’amnistie générale et a décidé alors de déposer une nouvelle demande de passeport. A l’heure où de nombreux ex prisonniers politiques recouvrent leur liberté de circulation et leurs droits, il apparaît qu’il est victime d’un acharnement ciblé de la police politique. Il l’affirme lui-même : »Je me sens très menacé cette fois. Ma priorité c’est ma sécurité personnelle. L’ambiance n’est pas saine en ce moment et le manque de sécurité règne toujours en Tunisie. Je demande à toutes les organisations de droits de l’homme de mettre un terme à ces menaces » .
Luiza Toscane