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Tous les membres d’Ennahdha, du CPR, d’Ettakatol (Jebali, Ghannouchi, Dilou, Laaridh, Ben Salem, Marzouki, Ayadi, Ben Jaafar, etc etc), ces ‘nouveaux politiciens’, oui ‘nouveaux’ puisqu’eux même déclarent manquer d’expérience et de pratiques politiques démocratiques, donc ces ‘nouveaux politiciens’ qui ont subi les injustices de l’ancienne dictature ne savent peut-être pas qu’avant la chute de Ben Ali, ils ont toujours bénéficié de la solidarité, de la sympathie et du soutien de simples citoyens tunisiens, des hommes et des femmes qui étaient loin de tout militantisme politique. Certains exprimaient pleinement leur solidarité, d’autres la cachaient. Certains ont aussi pris des risques pour les défendre ou pour faciliter leurs actions en le payant cher à leur tour, immédiatement ou quelques années plus tard.

Ces citoyens, que ces ‘nouveaux politiciens’ n’ont jamais connu, agissaient simplement au nom des Droits de l’Homme et de la Justice, ou encore parce qu’ils considéraient les victimes de Ben Ali avec respect et tendresse par rapport aux traitements et difficultés qu’ils subissaient avec leur familles. Ces citoyens n’ont jamais hésité à sortir dans la rue et font partie de ceux qui ont fait de leur mieux en déployant tout ce qui était en leur pouvoir pour espérer voir de vrais démocrates progressistes diriger leur pays.

Aujourd’hui, ces ‘nouveaux politiciens’, ces ex-prisonniers, ces-ex torturés, ces ex-harcelés montrent un visage de plus en plus ressemblant aux visages de ceux qui les avaient emprisonné, torturé et harcelé. Et plus ils agissent de la sorte, plus ils montrent qu’ils n’ont réellement aucun respect pour les valeurs pour lesquelles ils se battaient, et encore moins pour les citoyens qui les ont soutenu dans les pires moments de leur vie.

Aujourd’hui, aucun jour ne passe sans son lot de déceptions résultant des déclarations de ces ‘nouveaux politiciens’, leurs attitudes, leurs décisions !

Aujourd’hui ces ‘nouveaux politiciens’ semblent ignorer les valeurs réellement chères et communes à tous les tunisiens. Ils laissent pousser les sentiments de haine. Ils ferment les yeux sur des décadences d’un type nouveau qui se produisent dans les villes et les villages. Ils agissent comme s’ils voulaient nous faire regretter le soutien qu’on leur apportait ! Pourquoi ? Tout cela au nom de quoi ? pour un siège ? pour le pouvoir ? pour une revanche sur le destin ? L’expérience et les images des dictateurs tués, déchus, défigurés, ou même seulement haïs et détestés par les peuples ne sont-elles pas suffisantes comme leçon ?

Aujourd’hui, je me demande si ces ‘nouveaux politiciens’ que nous avons soutenu dans le passé, sont de vrais citoyens qui militaient pour la Liberté et la Justice, ou de simples ingrats revanchards qu’on regarde pour ensuite se dire : « إتقي شرا من أحسنت إليه » (prends gardes de celui que tu as soutenu).

Aujourd’hui ces ‘nouveaux politiciens’ semblent ignorer que sans ces citoyens ils n’existeraient même pas et qu’ils auraient tort de les décevoir. Ils devraient savoir que ces citoyens qui les ont soutenus sont les vrais militants de cette histoire tunisienne. Ils devraient aussi savoir que ces citoyens n’auront jamais de sentiment de regret de les avoir soutenus durant les années Ben Ali, car ces citoyens militaient et militeront toujours pour la Liberté, la Justice et le Progrès, pas pour les noms de Marzouki, Ben Jaafar, Dilou, Ben Ahmed, Chebbi, Jebali, Jribi, Hammami ou Gahnnouchi. Qu’ils sachent aussi que ces citoyens continueront à faire ce qu’ils faisaient du temps de la peur. Ils n’hésiteront pas à faire encore plus et ne seront pas les seuls à le faire, aujourd’hui que tout le monde se dit : « Plus jamais peur ».

Aujourd’hui, ces citoyens appellent les ‘nouveaux politiciens’ à se reprendre en main et à se réconcilier rapidement avec leur propre statut de citoyen pour ne plus s’éloigner des valeurs pour lesquelles ils ont combattu et tant souffert, car les citoyens ne veulent plus de déceptions. Alors, à vous de voir Messieurs les ‘nouveaux politiciens’.