Photo Credit: leconomistemaghrebin.com
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La double peine d’Ayoub Massoudi

Ce vendredi se tenait la quatrième et dernière audience du procès en appel Ayoub Massoudi, ex-conseiller principal auprès de la présidence chargé de l’information, jugé par le tribunal militaire pour « dénigrement de l’armée et atteinte aux hauts responsables de l’institution militaire ». Après avoir été condamné en première instance à quatre mois de prison avec sursis le 21 septembre dernier, l’ancien proche du Président Marzouki avait interjeté appel en dénonçant un procès politique.

Outre sa condamnation, Ayoub Massoudi fait l’objet d’une interdiction de voyager depuis août 2012 qui l’empêche de voir sa famille habitant en France. Il s’en était d’ailleurs ému le Jour de l’An, à quelques jours de son procès, en postant sur son blog personnel un message de vœux pour ses enfants (texte en arabe). Selon le représentant de son comité de défense, Me Charfedinne Kellil, cette interdiction est illégale dès lors que le jugement de première instance a levé cette sanction.

L’armée juge et partie

Dans une interview donnée à Nawaat, l’avocat dénonce également l’attitude du président et de son parti, le CPR. En effet, le 20 juillet, quelques jours après qu’Ayoub Massoudi a accusé publiquement le général Rachid Ammar et le ministre de la Défense Abdelkarim Zbidi de haute trahison pour avoir extradé l’ancien Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi sans en avoir informé le président de la République Moncef Marzouki, la présidence a émis un communiqué incitant selon Me Kellil la justice militaire à poursuivre l’ex-conseiller. Dans le même temps, celui-ci a été exclu du parti présidentiel d’une manière non réglementaire et illégale selon l’avocat de la défense.

Dans cette affaire, où l’armée est donc juge et partie, le verdict est tombé comme un couperet dans la journée du 4 janvier. Incapable de se désavouer, la justice militaire a alourdi la peine pour la porter à 1 an de prison avec sursis, assortie comme en première instance d’une interdiction de port d’arme et d’une privation de toute distinction honorifique et d’embauche dans la fonction publique.

Rached Cherif