La fermeture du point de passage de Ras Jedir met le feu aux poudres
Depuis la mi-décembre, le point de passage de Ras Jedir entre la Tunisie et la Libye cristallise les tensions entre les autorités et la population de la région, très dépendante du commerce parallèle transfrontalier. Le 13 décembre, la route entre Ben Guerdane et le poste frontalier avait été bloquée pendant plusieurs heures par des manifestants protestant contre l’interdiction d’importation de marchandises libyennes imposée par Tripoli.
Le sit-in a été levé, mais l’inquiétude n’est pas retombée pour autant en raison du maintien de l’embargo libyen. Tripoli avait expliqué la fermeture de la frontière par des plaintes de Libyens affirmant avoir été agressés sur le sol tunisien.
Les protestataires réclament pour leur part une intervention tunisienne auprès des autorités libyennes pour lever cette interdiction, ainsi que des mesures en faveur du développement de la région comme substitut à la dépendance aux marchandises libyennes.
Les postes de police et de douanes et les locaux d’Ennahdha incendiés
Au début de l’année, la tension a été ravivée et des affrontements ont violemment opposé manifestants et forces de l’ordre dans la ville de Ben Guerdane les 7 et 8 janvier. Ces heurts interviennent alors que le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali, était en visite à Tripoli, entre autres pour réclamer la réouverture du commerce entre les deux pays.
Les forces de sécurité ont dû faire usage de bombes lacrymogènes pour disperser les rassemblements dans cette ville du Sud tunisien. Dans le même temps, des appels à la grève générale à Ben Guerdane se faisaient de plus en plus insistants.
Dans la nuit du 10 au 11, la violence est encore montée d’un écran et a même dégénéré lors que des manifestants ont incendié un poste de la douane et volé six voitures confisquées par la douane, selon un correspondant de l’AFP. D’autres manifestants ont saccagé les locaux d’Ennahdha et brûlé des livres et des documents, a indiqué Mohamed Chendoul, secrétaire général du siège du parti à Ben Guerdane. La veille, des manifestants, des jeunes pour la plupart, ont attaqué un poste de police et l’ont incendié. Une arme a été volée dans ces incidents, selon la TAP, une information démentie par le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Tarrouche.
L’intervention de l’armée ne ramène pas le calme
Pourtant, jeudi 10 janvier, le point de passage a été rouvert du côté libyen et la circulation entre les deux pays a repris. Cependant, l’antenne locale du syndicat tunisien UGTT a maintenu sa grève générale à Ben Guerdane pour réclamer des investissements et des mesures de lutte contre le chômage. Le secrétaire général de l’Union Régionale du Travail (URT), Ammar Hamdi déplore que « les autorités aient refusé le dialogue et se soient contentées du tout sécuritaire en ignorant les doléances des manifestants », a déploré le syndicaliste.
Des témoins ont signalé que les forces de l’ordre se sont retirées de la ville le 10, alors que l’armée se déployait en nombre. Le lendemain matin, la situation était calme et l’activité a repris un cours normal en présence d’un important dispositif sécuritaire, selon Ammar Hamdi, cité par Shems FM. Celui-ci accuse d’ailleurs le gouvernement tunisien d’avoir fait pression sur Tripoli pour bloquer les échanges commerciaux du côté libyen, afin de favoriser selon lui des hommes d’affaires proches du pouvoir.
Hamadi Jebali adopte un ton menaçant
De son côté, le gouvernement a appelé le 12 janvier à la responsabilité des responsables des mouvements sociaux. Lors d’une conférence de presse, Hamadi Jebali a rappelé que le commerce avec la Libye porte essentiellement sur des marchandises de contrebande. Plus grave, il a fait état de trafics de drogue et d’armes, ce que tendent à prouver les récentes saisies d’armes de guerre dans le sud du pays.
D’un ton plus menaçant, le chef du gouvernement affirme qu’« il n’est pas question de tolérer les actes de violence émanant d’une bande de trafiquants inconnus, des ennemis de la révolution qui vont jusqu’à commettre des actes de terrorisme. Et nous savons parfaitement que les habitants de Ben Guerdane en sont innocents ». Une façon de distinguer manifestants « trafiquants » et honnêtes citoyens pris en otage de la grève.
Réunion de travail à la Casbah
Le même jour, des habitants de Ben Guerdane ont fait le déplacement jusqu’à Tunis pour protester, devant le ministère de l’Intérieur. Ils manifestaient notamment leur colère contre la répression policière et pour réclamer l’amélioration de leur situation économique sinistrée en raison de l’arrêt du commerce parallèle – et pourtant vital – avec la Libye.
Une autre délégation de la ville, composée du gouverneurs et du délégué de Ben Guerdane, de représentants de différents ministères et secteurs publics, de syndicalistes, de chômeurs, de militants et d’entrepreneurs, a été reçue le 16 janvier par le premier ministre à la Casbah (au Premier ministère). Ces représentants se sont indignés du ton adopté par le gouvernement, portant atteinte selon eux « à la légitimité du mouvement social et aux revendications de développement dans la région ».
Vers une sortie de crise ?
Cependant, la rencontre entre le Chef du gouvernement Hamadi Jebali et les représentants de la ville de Benguerdane a permis quelques progrès, notamment des mesures promises :
Rached Cherif
[…] jours plus tard, la fermeture du point de passage de Ras Jedir avec la Libye déclenche la colère des habitants de la région de Ben Guerdane, dépendant quasi exclusivement du commerce parallèle avec le voisin libyen. Là aussi, les forces […]
[…] con i fatti delle settimane scorse: il premier tunisino Habib Essid, da poco insediato, istituisce una tassa di 30 dinari tunisini […]