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Contraste saisissant. Alors que le remaniement du gouvernement est une nouvelle fois reportée en raison de différends persistants au sein de la Troïka, l’opposition progresse dans son mouvement de rassemblement puisque trois des principaux partis d’oppositions ont annoncé ce dimanche une alliance électorale.

La coalition tant attendue est née !

C’est à l’issue de deux jours de réunion du comité central du Parti républicain (Al Joumhouri) que les choses se sont précipitées ce weekend. Annoncée depuis de nombreux mois et jamais finalisée, la grande alliance de l’opposition a enfin été officialisée. Ce front politique et électoral est centré autour du nouveau poids lourd de la scène politique tunisienne, Nidaa Tounes. Le parti de l’ancien premier ministre Béji Caid Essebsi est ainsi rejoint par la coalition de partis de gauche Al Massar et le Parti républicain (Al Joumhouri ex-PDP) d’Ahmed Néjib Chebbi.

Les dernières tractations ont visé à aplanir certaines questions et surtout à dissiper les tensions nées des déclarations pour le moins ambigües de l’ancien premier ministre à l’égard de ses deux alliés. Pour le moment, on ne parle certes que d’une alliance électorale en vue du prochain scrutin, mais pour une partie de l’opinion et des observateurs, cet accord marque le début d’un nouveau chapitre dans le jeu politique tunisien. En effet, la déroute des partis dits progressistes lors des élections du 23 octobre 2011 était principalement due à un éparpillement des voix entre une multitude de listes, là où les islamistes d’Ennahdha avaient réussi à marginaliser les autres partis islamistes et conservateurs.

Vers des listes uniques aux prochaines élections

Selon des cadres du Parti républicain, l’accord conclu entre les trois partis est un front politique et électoral. Mais, des pourparlers sont encore à venir dans les prochains jours entre les trois formations sur la forme que prendra concrètement ce rapprochement. La voie est en principe grande ouverte pour des listes électorales unifiées pour les prochaines élections, dont l’objectif est bien évidemment de l’emporter face aux partis de la Troïka et principalement Ennahdha.

À l’adresse des éléments réticents à ce rapprochement l’ex-ministre Saïd Aïdi a expliqué qu’il n’y a que deux options : « Le premier est le projet d’un retour en arrière, vers toujours plus de division de l’opposition. Le deuxième est celui du positionnement au sein d’un front progressiste le plus large possible, incluant al Massar, Nidaa, et tous les démocrates qui voudront bien nous rejoindre pour le l’intérêt supérieur du pays et le combat contre l’obscurantisme ».

Quelle place pour le Front populaire ?

Dans le cadre de cet appel au rassemblement le plus large possible, les membres de cette grande alliance verraient d’ailleurs d’un bon œil le ralliement de l’autre coalition de gauche, à savoir le Front populaire (Jabha Chaabya), dont la popularité se confirme auprès des Tunisiens. Des appels du pied à l’intention de son leader charismatique Hamma Hamami ont déjà eu lieu, mais celui-ci fait durer visiblement le suspens.

Se pose aussi la question de la solidité d’une alliance regroupant les libéraux de Nidaa Tounes et les formations d’extrême gauche du Front populaire. Il semble plus probable que le nouveau rassemblement centriste se dirige vers des accords moins engageants et une alliance de circonstance avec la coalition emmenée par Hamma Hamami dans le seul but d’empêcher Ennahdha de gagner les prochaines élections.

Rached Cherif