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Alors que les pourparlers entre la Tunisie et les Seychelles battent leur plein pour faire exécuter le mandat d’arrêt international émis à l’encontre de Sakhr el Materi, le gendre du dictateur déchu, il a été vu à Londres, samedi 27 avril au soir, dans l’hôtel de luxe Sofitel de l’aéroport londonien Gatwick, où il avait une chambre.

Un dîner londonien

Il est arrivé le samedi soir, a dîné, puis n’a séjourné que quelques heures dans la Suite Imperial à 1300 livres sterling la nuit ( environ 3250 dinars ) avant de repartir à l’aube.

Sakhr el Materi a diné dans le restaurant de l’hôtel où il est arrivé accompagné par deux hommes d’affaires qataris, rejoint par le représentant du constructeur automobile Porsche, nous a rapporté un homme d’affaires habitué des lieux, témoin oculaire de la scène.

Sakhr el Materi possédait la représentation de Porsche en Tunisie, à travers l’entreprise Ennakl, dont il était actionnaire à hauteur de 60%, des parts aujourd’hui confisquées par l’Etat tunisien.

Le plus étonnant reste la possibilité de libre circulation dont jouit Sakhr el Materi malgré le mandat d’arrêt international et la fiche de signalement d’Interpol, alors que la Grande-Bretagne est l’un des pays fondateur de l’organisation et dispose d’un des contrôles aux frontières les plus drastiques au monde.

Condamné, recherché mais libre de circuler

Il est à rappeler que Sakhr el Materi avait quitté le Qatar en septembre 2012, où il résidait depuis sa fuite de Tunisie, pour trouver refuge sur l’archipel des Seychelles, où il a demandé asile.

Son voyage avait suscité à l’époque l’indignation du gouvernement tunisien, après que les autorités seychelloises aient refusé d’arrêter l’homme d’affaire, malgré le mandat d’arrêt international qui a été émis contre lui. Sakhr el Materi a même obtenu, début avril 2013, un titre de séjour d’un an renouvelable en attendant l’examen de sa demande d’asile.

Sakhr el Materi a été condamné par contumace, le 28 juillet 2011, à seize ans de prison et quatre-vingt-dix-sept millions de dinars d’amende pour corruption dans le cadre de deux affaires immobilières.

Lors de trois procès ultérieurs par contumace il avait été condamné à quatre ans de prison pour complicité et possession illégale de devises, deux ans de prison ferme et 2 000 dinars d’amende pour consommation et possession de stupéfiants et quinze ans de prison pour blanchiment d’argent et falsification de documents. Une plainte avait également été déposée contre lui par le gouvernement tunisien pour avoir agressé Mohamed Messaoudi dans un centre commercial au Qatar.

Cafouillage ou complicité ?

Après avoir séjourné tranquillement au Qatar, présenté par les autorités tunisiennes comme un pays ami, Sakhr el Materi a pu quitter librement le Qatar pour se rendre aux Seychelles où il jouit d’un titre de séjour et d’une protection des autorités locales. Aujourd’hui son escapade londonienne n’est qu’un nouveau témoignage de l’impunité dont il bénéficie et un nouveau camouflet pour les autorités tunisiennes.

Par ailleurs, plusieurs questions se posent. Les autorités tunisiennes ont-elles réellement fait le nécessaire pour que le mandat d’arrêt soit respecté ? Existe-t-il vraiment une fiche Interpol comme le prétend ce dernier ? Comment Sakhr el Materi a-t-il pu entrer sur le territoire britannique sans être inquiété ? Les rumeurs sur l’obtention d’un passeport diplomatique qatari sont-elles alors fondées ? Enfin, plus de deux ans après la chute de Ben Ali, y a-t-il vraiment une volonté politique d’extrader les membres de la famille du dictature déchu ?