Un article, paru récemment, nuance les propos des Femen, tenus lors d’une conférence de presse, sur les raisons d’incarcération de la plupart des femmes en Tunisie. Je ne m’étalerai ni sur les conditions carcérales exécrables, ni sur la justice qui continue d’agir sur ordre politique, car se sont des évidences. La question qui me turlupine est plutôt la suivante : pourquoi les trois Femen ont-elles donné une version saugrenue, non pas de l’état des prisons, mais des motifs d’incarcération des femmes qui y croupissent (port de mini-short, baisers, adultère, virginité, etc.) ?
Je vais tenter d’y répondre par une espèce d’extrapolation hypothétique.
Je ne pense pas que les Femen aient inventé ces histoires, car cela risque de les décrédibiliser. Je pense plutôt qu’elles ont dû tout simplement croire aux témoignages des prisonnières. Je suppose que ces dernières, par simple parade, au lieu d’avouer un crime ou un délit de prostitution, se seraient donné des motifs d’incarcération qui caressent l’imaginaire occidental dans le sens du poil, espérant ainsi, peut-être, une libération Deus ex machina, le dieu ici étant l’Occident sauveur.
Après tout, et j’assume entièrement cette affirmation/diffamation, l’homo tunisianus (sans jeu de mots s’il vous plaît) n’est-il pas connu par ses frasques et ses récits fantaisistes, surtout quand il se trouve face à l’Autre absolu (d’où la fameuse frasque que subissent les touristes : tu me donnes ta fille, je te donne deux chameaux) ?
Donc, le problème ici, si mon hypothèse s’avère juste, n’est pas simplement le manque d’indépendance de la justice, ni les conditions carcérales. L’origine du mal serait contenue dans la perception que l’homo tunisianus a de la réalité, de lui-même et des autres. Combien de fois avez-vous entendu divers témoignages, incompatibles et contradictoires, sur un même événement (un accident, un crime, un discours rapporté, etc.) ? L’exemple de certains journalistes qui manquent de rigueur en rapportant un fait ou un discours est notoire.
Cette perception tronquée de la réalité donne, comme symptômes (Jacques Lacan dirait sinthome), une culture de la rumeur, de l’exagération de faits banals ou de la banalisation d’actes graves, de la diffamation, du mensonge et de la fictionnalisation du réel. En contrepartie, la personne qui s’imprègne de cette culture a tendance à croire les exagérations, mensonges et rumeurs des autres. C’est-à-dire qu’une personne sensible à cette chaîne symptomatique aurait plus de facilité à croire un mythomane (certains Tunisiens vivant à l’étranger peuvent raconter n’importe quoi, la plupart des gens vont tout gober), à adhérer aux mythes (Abraham, les saints, etc.), à craindre les djinns et la sorcellerie. Je vous renvoie ici à une des scènes d’ouverture du film documentaire de Hichem Ben Ammar, J’en ai vu des étoiles, où un vieux boxeur raconte la force mythique de son oncle, premier boxeur musulman, contribuant ainsi à la construction du mythe.
En somme, avant de nous attaquer aux symptômes, réglons l’origine du mal : notre perception du monde.
PS : Si vous trouvez que ce texte est du délire et que vous ne comprenez pas comment est-on passé des Femen à la sorcellerie, relisez-le et vous allez mieux comprendre les points d’articulation. Si vous n’arrivez toujours pas à comprendre le lien, c’est que je suis tombé, malgré moi, dans les travers de ce que je critique, étant moi-même Tunisien, ce qui paradoxalement viendrait confirmer mon hypothèse.
J’adhere totalement. Il se peut que les prisonnieres tunisiennes n’aient pas menti sur les raisons de leur incarceration mais cette tendance a deformer la realite s’est bien ancree dans la societe tunisienne depuis quelques annees pour devenir plus qu’une simple habitude!
A mon avis une bonne partie des prisonnières parlent très mal le français et ne parlent pas du tout l’anglais. Les militantes Femen ne comprennent pas l’arabe. D’où une grande difficulté de communication. De plus, elles n’étaient pas là pour faire une étude sociologique sur les raisons d’incarcération. Je suppose qu’elles ont recueilli quelques confidence mal formulées, les ont comprises comme elles ont pu puis les ont relatées comme des vérités générales. Ces trois filles ont le cœur brave et la mamelle fière mais ne sont pas nécessairement des lumières surtout qu’il s’agit-là de cerner des réalités et une culture qui leur sont étrangères.
+1, je n’aurais pas mieux dit
bref mais résume assez la réalité :)
Curieux argumentaire… Vous croyez que les femen ne mentent et les tunisiennes si? pardon, de ne pas comprendre cette explication bizarre!
j’adore, une grande part de vérité dans votre analyse.
Allez au fond des choses, au sens propre comme au figuré. As-vous-vu un tunisien (en Tunisie ou encore pire à l’étranger, hors moyen orient bien sûr) passant ses journées dans un café , voire dans des boites de nuit les weekends ne pas harceler (voire agresser verbalement) les filles , qui pour rien souvent se retrouvent (non pas les garçons mais bien les filles) incarcéreés suite à des scènes de jalousies et d’agressions verbales voire physiques ou de récupération de clients discrets qui payent sous les mentaux une fois le devoir accompli (prostitution implicite ou explicite). Donc cela ne m’etonne pas surtout dans les pays mediterraneens où les femmes sont d’avantage regardées comme un objet de plaisir, avec pour décore une police dont les comportements viennent amplifiés ceux de la société civile.
Ce type d’évenement se retrouve avec peut être moins d’injustice (en termes de raisons d’incarcération) en occident comme aux USA qui se targuent d’égalitarisme. Allez lire un peu dans les news locaux au sujet des universités de Prinston ou MIT les enquêtes de la police en cours pour les harcélements verbaux très agressifs voire dégradant.
@Souhail,
Je dois être bête, je n’ai rien compris à votre post.
Cordialement.
Bonjour,
Le théorie de l’auteur est plausible. Ce n’est donc nullement du délire. Plausible aussi est l’idée de Ines Harrath. Mais ce qui me paraît évident dans cette affaire, c’est que les Femen, à cause de leur court contact avec la Tunisie, ont été contaminées par cette grave maladie qui semble frapper, depuis la “révolution” surtout, la grande majorité de nos concitoyens, notamment nos chères “élites”. Cette maladie, c’est celle de la rumeur. Et l’auteur lui-même semble le suggérer dans son petit texte. La rumeur, c’est bien connu, est fille de crise. Peu importe que cette dernière (la crise) soit réelle ou imaginaire. La rumeur, cependant, peut être très utile à certains, pour justement renforcer l’idée que la crise est bien réelle et non imaginaire. Et ce n’est nullement un hazard que lors de leur conférence de presse, les Femen avaient pour soutiens au moins deux personnes qui savaient pertinemment que ce qu’elles racontaient était de l’ordre de la rumeur: soeur Carline Fourest et la cinéaste Nadia El Fani.
Monsieur,
Permettez ces quelques remarques à propos de votre article :
1. De prime abord vous annoncez que ledit article est « basé sur une enquête… » et sitôt dit, vous oubliez de nous dire quoique ce soit sur la dite enquête. Devrions-nous vous croire sur parole ? Ou était-ce juste une déclaration de principe, pour donner un caractère « scientifique » à votre « extrapolation hypothétique » ?
2. Ce que vous nommez « homo tunisianus » n’est qu’une généralisation qui essentialise les Tunisiens en rabotant leurs différences. Il y a sûrement certains qui se comportent comme vous les décrivez, mais il ne s’agit nullement de tous les Tunisiens. Donc, et vous l’avez bien dit, il s’agit d’extrapolations, je ne dirais pas délirantes mais infondées.
3. Cette pulsion d’extrapolation vous porte à attribuer aux intéressés des idées et des pensées pour le moins contestables : les prisonnières tunisiennes flattant l’imaginaire occidental et espérant une libération de l’Occident sauveur ! Quant à ce que vous nommez « frasque que subissent les touristes », je la trouve d’une trivialité affligeante.
4. Vous semblez être spécialiste de « la perception de la réalité », mais alors ce qui est surprenant, c’est, d’une part votre volonté que tout le monde ait la même perception du même événement, d’autre part votre charge contre les journalistes que vous prenez comme exemple de votre « démonstration ».
5. Pourriez-vous nous dire la raison d’être de la référence cuistre au sinthome de Jacques Lacan. C’eût été justifié si vous aviez expliqué le lien de ce concept avec Lalague et l’écriture !
6. Votre PS relève de l’autoréférence et de la pensée totalitaire : si vous n’avez pas compris, relisez, si vous n’avez toujours pas compris, c’est que j’ai raison !
Bon Ok ! Pour vous l’article est une merde !
Quelle serait votre point de vue sur la question posée dans le titre… ?
Votre point de vue sur les Femen, sur le geste d’Amina… ?
… et autre ?
Je trouve cet écrit surprenant. Cette hypothèse selon la quelle l’homo tunisianus mènerait sa vie sur la base d’une “rumeur” et aimerait a caresser l’imaginaire occidental dans le sens du poil en le tartinant de sornettes et érigé en dogme sociétal par vos soin est au minimum mal honnête, au mieux méprisant. Je connais bien votre pays et ses problèmes, ainsi que les tunisiens, et finalement je me dis que si vous voyez juste, alors mieux vaut pour moi ne pas m’attarder ici, ne pas m’attarder là ou on m’explique que ce que vous dîtes (y compris vous les journalistes) ne vaut absolument rien et n’est qu’une extraploation hypothétique d’une réalité mal perçue, voir pas perçue du tout. Avez-vous fini de toucher le fond? Avez-vous fini de vous mettre de la vaseline? Quand allez vous commencer a faire votre travail? Quand allez vous commencer a introduire des caméras (même cachées) à enquêter, questionner, rechercher, fouiller?! Merde! C’est vous la rumeur! C’est pas les tunisiens! La Tunisie n’est pas une rumeur! Elle a pissé au cul de beaucoup de grands de ce monde, elle a même foutu en l’air de grands projets corporatistes ennemis des peuples sans s’en rendre compte!
Elle a déchaîné contre elle tant de forces, qu’elle a fait ricocher avec presque autant de verve qu’un Barcide.
J’ai connu ce journal a une autre époque, et je peux vous dire que c’était autre chose.
A bon ou mauvais entendeur, salut.
Désolé du malentendu. En fait je parlais d’un article qui a été publié et dont le lien est souligné au début du texte. J’ai reformulé la première phrase pour éviter toute confusion. Sinon, Nawaat n’y est pour rien dans cette publication qui figure dans la rubrique Opinions. C’est donc un texte d’opinion personnelle, satirique et ironique de surcroît et je ne suis pas journaliste, juste un blogueur qui aime déconner, provoquer et pourquoi pas inciter à réfléchir en présentant un point de vue décalé et parfois déluré. Merci!
Ti fi9ou *, a l’époque de ben ali, vous étiez une opinion “valable” aujourd’hui ben ali est parti et tout le monde a un avis, vous n’êtes qu’une énième extrapolation de la réalité de plus dans ce tumulte, qui fait de vous un bruit de talon au fond d’un couloir, une rumeur..
Une opinion n’a jamais été du journalisme, alors je sais que vous êtes des bloggers, c’est tellement facile de faire des chroniques, de donner son avis, mais quand est’ce que les tunisiens auront le droit a du vrai journalisme, de vraies enquêtes, de vraies recherches et fouilles de terrain? En attendant d’avoir a faire a de vrais journalistes qui tentent de donner de vraies réponses, en raportant des faits et des actes, documentés et prouvés, nous avons a faire a une rumeur de plus dans cet amas d’écris qui prennent peu a peu tous la couleur jaune, et ce peu importe leur couleur de départ..
si l’on en croit cet article ainsi que les précédents, les FEMEN seraient dignes de respect et si elles mentent ce serait en aucun cas de leur faute ! leur avocat Patrick Klugman est aussi l’avocat de caroline Fourest et de BHL, entre autres sionistes … Il les a bien défendues : normal elles s’attaquent toujours aux “bonnes” religions
Bonjour
Ce qu’a ecrit l’auteur est tellement vrai, mais c’est “normal”.oui, n’importe qui aura tendance a deformer la réalité pour tirer profit de ces déclaration
Le problème n’est pas là. Le probleme c’est que la plupart des journalistes croient que leur rôle est d’interroger les uns et les autres et de confronter leurs propos sans aucune recherche de la vérité.
L’auteur na fait que reprendre cette “definition tunisienne du journalisme”. Il na fait que interpretation tout a fait plausible mais malheureusement avec beaucoup d’amateurisme. Son rôle etait tout simplement de vérifier les propos de ces femmes et de nous apporter la “vérité”
Cest comme même si simple. Non?
Les journalistes, “réveiller vous” ou “tuneziner vous”