Il est toujours délicat de commenter de grandes mutations historiques sans le recul nécessaire à cet exercice. Il est encore plus difficile de réagir à chaud face à un événement majeur aussi complexe que le « Tamarrod » égyptien et ses répercussions sur le paysage politique tunisien, les destinées des deux pays étant intimement liées depuis les révolutions de 2011.
Complexes, les récents événements en Egypte restent pourtant simples à bien des égards. S’agissant des deux processus révolutionnaires respectifs en Tunisie et en Egypte, un élément de taille biaise la donne dans ce dernier pays : la révolution du 25 février ne s’est jamais réellement affranchie de ce péché originel qu’est une armée toujours aussi hégémonique. Un vieux contentieux jamais vraiment réglé l’oppose inlassablement aux Frères.
Les tenants du récit officiel de la « révolte populaire » du 3 juillet omettent de s’attarder sur le rôle littéralement providentiel de l’armée. Coup d’Etat post-moderne, « révolution assistée », encadrée, ou manipulée ? La nature réelle de cet ovni hybride tient en grande partie à la personnalité même du général al Sissi.
Tel un dramaturge omnipotent assénant un deus ex machina, ce sont ses hélicoptères de guerre qui ont largué à grands renfort d’effets spéciaux de laser verdoyant ces drapeaux « tombés du ciel » sur une foule certes hétéroclite. On en verserait presque une larme tant ce méga show fait appel aux ressorts habituels mais encore efficaces du nationalisme le plus convenu.
Le conte de l’armée se rangeant aux côtés du peuple serait idyllique si ce n’était le long historique des armées en la matière, des bruits de bottes qui ne se sont jamais avérés très democracy-friendly.
Nous pourrions nuancer en insistant sur le fait que l’armée a mis en place un civil pour assurer l’intérim. Mais quand le voile tombe sur l’épilogue, c’est bien Abdelfettah al Sissi qui prend la parole debout, entouré notamment d’hommes de religion assis, pour orchestrer une partition elle aussi bien réglée. Pour la révolution sans représentants des cultes, il faudra repasser.
Et si vous aviez quelques doutes quant au caractère contre-révolutionnaire de l’opération, les arrestations massives, conformément au bon vieux principe du délit d’appartenance, sont immédiatement là pour sceller le retour à la case départ, tout comme la censure de chaînes religieuses mais aussi d’al Jazeera Direct.
Le génie inconscient du peuple tunisien aura probablement été de « déposer » un chef d’état-major des armées dont on découvrait quelques jours avant les événements en Egypte qu’il ne se contentait plus non plus de sa mission de militaire. De quoi garantir qu’en Tunisie, les Frères ne renoueront pas de sitôt avec un statut qu’ils affectionnent : celui de victime.
Vers une « révolution bourgeoise » ?
La personnalité du « centriste intéressé » al Baradei donne aussi à voir quelques similitudes avec l’expérience tunisienne qui là aussi a un train d’avance. Après avoir lui aussi accouru pour contribuer au premier gouvernement de transition de Mohamed Ghannouchi, Ahmed Néjib Chebbi défend aujourd’hui l’actuel projet de Constitution.
Pour trouver dans l’échiquier politique tunisien ceux qui sont les plus enthousiasmés par le mouvement Tamarrod égyptien, il faut se tourner d’abord vers tout ce qui se trouve à droite de l’ex PDP : Nidaa Tounes et l’ex Afek Tounes. C’est là un enseignement important sur les orientations idéologiques d’un mouvement qui se dit apolitique.
L’une des interrogations persistantes autour de « Tamarrod » est en effet celle de savoir si le dénominateur commun de ses partisans est d’être anti islam politique, ou bien plus largement anti révolution elle-même, une révolution coupable d’avoir bénéficié aux Frères.
Le soutien d’une partie de l’extrême gauche (Front populaire) complique davantage encore la détermination de ce qui fait l’essence de Tamarrod, un mouvement fait à la fois de déçus du scrutin de 2012, de nostalgiques, d’opportunistes, mais aussi d’anti islamistes épidermiques tentés de fermer les yeux sur un coup de force immoral au regard de l’éthique démocratique (recours à l’armée, alliances contre-nature, président Morsi fraîchement élu, etc.).
Concrètement, cette redistribution des cartes à l’aune du nouveau schéma égyptien se traduit cette semaine par les prémices de l’implosion d’al Joumhouri : les libéraux d’Afek accélèrent leur défiance par rapport au clan Chebbi qu’ils accusent d’être trop complaisants envers le pouvoir issu des élections du 23 octobre. Le premier cadre à quitter le parti vendredi est Yassine Brahim.
Plus que jamais isolé, Chebbi assistait cette semaine, beau joueur, au premier congrès de l’Alliance démocratique, des sécessionnistes de son parti historique.
C’est aussi l’occasion pour Nidaa Tounes, potentiel équivalent du parti d’Ahmed Chafiq aux prochaines élections, de reparler sans sourciller de révolution et de « correction du processus révolutionnaire »…
Le weekend dernier, tentant déjà de surfer sur la vague égyptienne, le parti de Béji Caïd Essebsi n’avait pu rassembler que quelques centaines de sit-inneurs devant l’Assemblée constituante. Il y a fort à parier que les structures du parti se placeront dorénavant plus intelligemment derrière le noyau Tamarrod version tunisienne. Mais ce dernier consiste en de jeunes illustres inconnus qui peinent à rassembler au-delà des effets d’annonce (200 000 signatures, 10 fois plus de signatures escomptées).
Les « foulouls » sont restés puissants en Egypte, où des portraits de Moubarak sont régulièrement brandis à son procès. Impensable en Tunisie, à part quelques excentriques à l’image de Mezri Haddad qui dès 2012 appelait l’armée à prendre le pouvoir. D’où la nécessité pour un peuple, davantage habitué à créer qu’à cloner, d’inventer sa propre rébellion si elle devait avoir lieu.
En somme, ce que la crise égyptienne vient rappeler aux fragiles démocraties arabes naissantes, c’est aussi la faillite des gauches arabes, décimées par des décennies de dictature, incapables de se réorganiser sans un esprit missionnaire comparable à celui des Frères.
Hollande arrive à point nommé
La semaine politique fut par ailleurs marquée de bout en bout par la visite événement de François Hollande, la première d’un président français après deux années d’un froid diplomatique résultat des bévues du sarkozysme.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la visite d’Hollande, jusqu’au bout incertaine, est un soulagement pour son homologue tunisien.
Car ce que la tournure prise par la révolution égyptienne remet en cause, c’est précisément le modèle de cohabitation / coalition instauré par la troïka tunisienne. Une expérience déjà compromise avant les velléités de Tamarrod.
Dans ces conditions, la visite d’Etat du président français est une aubaine. Ce n’est plus seulement un nouveau capital légitimité que François Hollande vient insuffler au palais de Carthage : sa venue dans ce timing de crise est vitale pour un président Marzouki qui s’offre une tribune internationale. Devant un pavé médiatique des grands jours, il s’indigne jeudi de ce qu’il qualifie d’« intervention inacceptable de l’armée dans le processus démocratique égyptien ».
Un peu plus circonspect, le président français se contentera de prendre acte du contexte égyptien, tout en soulignant « un aveu d’échec » et l’« arrêt d’un processus ».
Sans que l’on sache vraiment si l’échec dont il s’agit est celui de la démocratie ou du bilan gouvernemental égyptien, l’échec dont des leçons ne manqueront pas d’être tirées est celui des Frères musulmans.
Commettant plus d’erreurs que leurs frères tunisiens moins radicaux, esseulés par un rejet des autres acteurs de la vie politique, ils auront permis à des forces à l’affût de phagocyter ce qu’il leur restait de légitimité. Des forces autoritaires qui ont aisément récupéré à leur avantage la colère de la rue.
Ni la devise un peu courte « l’islam est la solution », ni les compétences d’un successeur installé par les militaires n’apporteront de réponses viables en Egypte.
Cette impasse inspirera vraisemblablement deux réflexes de survie à Ennahdha aussi peu réjouissants l’un que l’autre : soit le parti mettra de l’eau dans son vin en draguant à nouveau Nidaa et l’ancien régime, soit il durcira le ton avec des Ligues de protection de la révolution radicalisées.
Ennahda s’est fini, la grande majorité des tunisiens ne veut plus des islamistes incultes , incapable de gouverner la pays, et ne représente nullement les aspirations de la révolution.
L’ennemi de la Révolution est parmi nous, et on s’aveugle à le reconnaitre: la troika
oui ce ramassis d’islamiste obscure et des anciens gauchistes mai 68, font parti de la petite histoire tunisienne, et ne colle pas au aspirations de nos jeunes.
Plutôt des petits bourgeois qui se nourissent sur le dos du peuple qui s’appauvrit de plus en plus , en raison de l’incompétence de ces médecins d’un autre temps ( présidents et cie) qui soignent personne , convertis au chasseurs de postes et de pouvoir éphémère.
Votre maîtrise du langage et votre virtuosité pour jongler avec la grammaire, la conjugaison, l’orthographe, la syntaxe, etc… font de vous une autorité idoine pour porter des jugements pertinents sur l’inculture des autres. En général, avec des jugements de ce genre et des analyses tordues de certains crétins toujours ici présents pour jouer les censeurs afin d’imposer une pensée unique il y a suffisamment d’ingrédients pour faire de Nawaat un site de diffamation. Quand je remarque en plus que ces crétins ont visiblement le temps de tout lire sur le site pour immédiatement s’attaquer à des opinions considérées comme divergentes, je ne peux m’empêcher de penser au duo Docteur Hyde et Mr Jekyll. Avons-nous affaire à un truc pour veiller à la ligne éditoriale du site? Cette pensée m’a effleuré l’esprit lorsqu’il m’est arrivé de constater par hasard qu’un de mes commentaires, plutôt assez long, venait de débarquer sur l’écran en même temps qu’une réaction qui lui était hostile. Ça, il fallait le faire. Mais ce petit cirque ne doit pas me faire oublier d’exprimer mon appréciation pour l’article de Seif Soudani. Ses détracteurs ne lui arrivent pas à la cheville.
Je pense que nos journalistes sont tellement tétanisés par les multiples procès en « neutralité » et les attaques de « i3lam el 3ar » qu’ils perdent considérablement de leur objectivité.
« Mais ce dernier consiste en de jeunes illustres inconnus », on peut appliquer cette phrase aux jeunes de sidi bouzide et à tous les jeunes qui ont fait cette révolution dont vous parlez. Au lieu de jeter le discrédit sur cette jeunesse et faire l’allusion sur une éventuelle manipulation essayez au moins d’intégrer les revendications de cette jeunesse dans votre analyse. Malheureusement, vous êtes obnubilé par votre théorie du complot et les « foulouls » que vous voyez de partout pour passer à côté d’un ras le bol de notre jeunesse et de véritables critiques bien construites au sujet des prestations de nos politiques concernant le processus démocratique.
Avant de parler de coup d’état militaire, je vous propose de reprendre le fil des deux révolutions tunisiennes et égyptiennes. Une grogne populaire qui fait face à un pouvoir qui s’accroche et qui propose des réformes jusqu’au moment où les militaires tunisiens et égyptiens devant l’ampleur de la contestation prennent la décision de sacrifier ben ali et moubarak. Les militaires en Egypte et la caste politique en Tunisie croyaient qu’en écartant les présidents ils allaient absorber la grogne. Les peuples n’ont pas lâché la pression avant de s’assurer du lancement d’un processus démocratique.
Maintenant essayez d’avoir la même lecture en analysant objectivement les demandes du mouvement « tamarod » dans la situation en Egypte, ensuite vous pouvez intégrer le rôle de l’armée.
Votre problème c’est que vous légitimez la grogne populaire lors des premières révolutions mais vous refusez d’accorder cette légitimité au mouvement « tamarod » au regard des prestations de morsi en Egypte et de la troïka en Tunisie.
Vous ne comprenez rien à la démocratie et vous ne saisissez pas les aspirations de la jeunesse tunisienne. On est fatigué des théories du complot des « foulouls » « islamistes »………..
On veut une constitution claire, une vraie séparation des pouvoirs de la transparence pour que la société civile puisse contrôler l’action politique. On veut des institutions qui empêchent l’excès de pouvoir, on veut un pouvoir bien encadré par les valeurs constitutionnelles, on veut garantir les libertés. On veut tout ça, et une fois ces bases sont jetées on s’en fou de la couleur du parti qui gouvernera nida nahdha ou autre parce qu’on sera assuré d’une compétition et d’une action politique loyale et démocratique.
Vous ne comprenez pas le soutien du front populaire à « tamarod » ? Vous n’avez toujours pas compris que dans le paysage politique on peut dégager un clan démocrate et un autre porteur d’une vision plutôt islamiste.
Le mouvement « tamarod » ne veut pas que le scénario du 7 novembre 87 se reproduise. Une date à laquelle tout le monde était content mais tout le monde s’est tu pendant 23ans.
Une élection sans constitution et sans institutions démocratiques n’est pas une légitimité et pour les mêmes raisons ce qu’a fait l’armée n’est pas un coup d’état.
Hier ceux qui critiquaient ben ali étaient les héros. Aujourd’hui on préfère être neutre peut être par crainte de figurer sur la liste de zitoune.
Les démocrates en ont rêvé, « tamarod » l’a fait pour le bien de l’Egypte.
Un article brillant comme j’en ai rarement lu. Bravo pour votre claire voyance.
Merci.
Merci Seif, une bonne analyse
bonne analyse dites vous ..,,,,,???,””””””””””””””””Nous pourrions nuancer en insistant sur le fait que l’armée a mis en place un civil pour assurer l’intérim. Mais quand le voile tombe sur l’épilogue, c’est bien Abdelfettah al Sissi qui prend la parole debout, entouré notamment d’hommes de religion assis, pour orchestrer une partition elle aussi bien réglée. Pour la révolution sans représentants des cultes, il faudra repasser “”””””””””””” la premiere des contre verités ………tamarrod avait bien publié sa feuille de route .elle avait exigé des le debut cet organigramme !!!! quand au Morsi ,pas un mot sur la tuerie des chiites ! ne sont ils pas des egyptiens ??? n est il pas le “president de l egypte et des egyptiens ” ?????
L egypte est multiple ,musulmane mais aussi chretienne et quand on a pendu une constitution qui va mettre toute une population hors patrie c est quoi ?????
Que faut il ?? aller chercher le mufti du natoo pour appeler au jihad comme il l a fait en syrie et en libye ???
L armée et le peuple egyptien ont compris la confrerie sanguinaire alors ils ont montré le vrai visage de l egypte avec elazhar tolerant et l eglise symbole de paix et de l amour du prochain
Second point ………””””””””””””Et si vous aviez quelques doutes quant au caractère contre-révolutionnaire de l’opération, les arrestations massives, conformément au bon vieux principe du délit d’appartenance, sont immédiatement là pour sceller le retour à la case départ, tout comme la censure de chaines religieuses mais aussi d’al Jazeera Direct. “””””””””””” Les arrestations ????? Le morched est venu declarer son venin meme si il etait “à l arret”” ….les autres qui appellent à la haine ,comme certains de nos imams ., doivent repondre devant la justice ………..Massives dites vous , c est vos sources d info aljazeera en l occurence une chaine delaissée par tout le monde pour ses mensonges a repititions (figurez vous ,ils ont osé un direct du caire avec le periph en arriere plan et une circulation normale , alors que des millions defilent ..sans oublier un montage et des mensonges a chaque instant !!!!!!!!!!!!!!
L egypte va jouer son role apres cette revolution ;le moyen orient change et la place de la grande egypte est primordiale ,Cette nation doit agir et non subir ………!!
et ces jeunes ….des putchistes ????
c’est navrant d’assister à la Récobaisation des esprits. cela touche même nos journalistes qui nous offrent des analyses dignes d’un Adel El3emi ou d’un dghij. c’est vraiment triste.
avant de qualifier cette jeunesse de putschiste et pour vous aider à toucher son âme je vous propose de lire ces extraits d’une lettre du fils Alkardhaoui à l’adresse de son papa.
يا سيدي … جيلنا لم يصبر على الاستبداد ستين أو ثلاثين عاما كما تقول، بل هو جيلكم الذي فعل ذلك باسم الصبر، أما نحن فجيل تعلم أن لا يسمح لبذرة الاستبداد بالاستقرار في الأرض، وقرر أن يقتلعها من عامها الأول قبل أن تنمو، فهي شجرة خبيثة لا بد أن تجتث من فوق الأرض .
إن الإرادة الشعبية التي تحركت في الثلاثين من يونيو ليست سوى امتدادا للخامس والعشرين من يناير، ولئن ظن بعض الفلول أن ما حدث تمهيد لعودتهم فأني أقول لفضيلتكم بكل ثقة إنهم واهمون، وسوف يقف هذا الجيل الاستثنائي أمام كل ظالم، ولن يترك ثورته حتى يبلغ بها ما أراد، سواء لديهم ظالم يلبس الخوذة، أو القبعة، أو العمامة
ne confondez pas neutralité vis à vis des partis politiques et neutralité vis à vis des valeurs.
j’espère que vous avez saisi la différence sinon je vous conseille une “rokaya” pour que Récoba puisse sortir de votre corps..
Point de vue qui manque un peu de recul historique. Privilège de l’âge, je peux me permettre de préciser les propos de l’auteur.
1) Comparer l’histoire des sociétés égyptiennes et tunisiennes ne peut aboutir qu’au constat… que rien n’est comparable !
2) L’histoire de l’armée égyptienne est complexe. Elle naît clairement à gauche avec Nasser. A proximité, le parti Baas soutiendra la plupart des régimes militaires.
3) Les Frères musulmans et autres salafistes affichent depuis toujours un ultra conservatisme économique de bon aloi ; n’oublions pas non plus qu’ils ont conduit certaines autorités religieuses à faire l’apologie du nazisme, ce qui a porté un tort considérable au monde arabe en général (au même moment Bourguiba, contre l’avis des islamistes tunisiens, soutenait la résistance à Hitler).
4) Il est quand même paradoxal de les voir aujourd’hui en appeler à la démocratie… qui est pour eux un régime impie !
5) Dans ces conditions que des forces de gauche, en état de grande faiblesse ou même de coma avancé, soutiennent un putsch, n’est ni surprenant, ni une première… l’ennemi de mon ennemi est mon ami !
6) Triste monde où certains n’ont le choix qu’entre la barbe et le képi !
7) Magnifique jeunesse qui se bat pour sortir de cette infernale alternative.
Le titre est trés mal inspiré! Ce n’est pas l’Egypte qui a renversé morsi car le peuple egyptien avait voté au contraire au suffrage universel a 52% pour le parti de Morsi selon des elections unanimement reconnue comme transparente. Le coup d’etat ,car c’en est un, a été fait par l’alliance armée-opposition anti-islam
Le contenu de votre article est lui plus équilibré à quelques nuances près..
Il oublie par exemple de préciser tant l’histoire que l’ancrage sociétal des acteurs en présence en tunisie. Si Ennahda est un parti vieux de plusieurs dizaines d’années, Nida tounes est réçent et est né opportunément post révolution. Par ailleurs, Ennahda a toujours su ces deux dernières années rester au centre du jeu politique et, malgré les crises internes, a montré une position plutôt cohérente durant ces deux dernières années. Quant à Nida tounes est il au centre du jeu politique tunisien? A t’il un programme? et mis à part le fait qu’il soit contre Ennahda qu’est ce qui fait son existence? Nida tounes ne fait que s’opposer a Ennahda et ne propose rien!
Nous n’évoquerons meme pas ici l’attelage hétérogène qui le compose ou la biographie politique de certains de ces membres qui révèle qu’ils ont traversé toutes les dictatures tunisiennes sans avoir brillé par leur militantisme anti-dictature.
La fin de l’article aussi laisse perplexe. Pourquoi Ennahda devrait il draguer Nida tounes? Je ne sais pas si votre article d’ailleurs a été écrit avant ou après le massacre horrible d’une quarantaine d’égyptiens par l’armée mais si Ennahda ne fait pas la drague a ses opposants, cela signifie t’il que les tunisiens légitimement élus devront subir le meme sort qu’en egypte et qu’ils vont etre massacrés comme des betes par un appareil sécuritaire quelconque??
Nous tunisiens nous devons faire trés attention à la surenchère verbale, notamment durant cette période fragile.
Oui on peut dire si on le souhaite qu’Ennahda a décu sur les plans économiques, judiciaires, ect….. et c’est d’ailleurs normal de pouvoir le faire. On peut meme montrer son mécontement et renvoyer Ennahda a la maison lors des prochaines elections.
Mais attention à ne pas rendre normal le fait de chasser par un coup d’état un pouvoir légitimement élu car l’engrenage de la violence peut s’engager. Dans unpays démocratique ou qui tend vers la démocratie, la rue a un pouvoir mais le pouvoir de la rue s’arrête là ou celui des urnes a tranché.
Merci pour votre chronique / JD
Désolé pour quelques fautes de frappe il fallait écrire “n’est pas ” et” histoire” pour istoire
Comme l’a fait remarqué le lecteur et intervenant jamel l’article pêche par sa farouche recherche d’un équilibre.L’analyse politique et idéologique de l’auteur est obnibulé parle souci du juste milieu; or le juste milieu n’est d’ordre géométrique comme le disait Aristote, à la manière d’un point équidistant sur un segment mais un point de vue juste c’est à dire pragmatique débarrassé de tout carcan idéologique et essayant d’analyse la situation sociale et révolutionnaire telle qu’elle est réellement. Le recours à l’istoire peut, certes, éclairer l’embroglio dans lequel on se trouve mais il ne peut nullement être la raison qui doit précipiter notre jugement.La prudence ou ce qu’Aristote appelle “la phronèsis” consiste à choisir le moment opportun(le Kairos grec) pour agir efficacement et cette forme d’action ne dépend d’aucun savoir ni d’aucune expérience liée à l’âge; l’homme prudent comme Périclès stratège militaire et politique est pour Aristote l’exemple à imiter dans une situation sémilaire et je trouve que ce général égyptien a agi au moment opportun pour sauver une situation qui tourne à la guerre civile. L’histoire jugera.
Encore une fois une chronique n’est pas un “article”.
Si je vous ai bien suivi, rejeter le projet des Frères tout en rejetant le “centrisme” d’el baradei et en s’insurgeant encore plus fermement contre les exactions de l’armée d’al Sissi, c’est être dans la “recherche du juste milieu” ? C’est amusant, j’aurais cru que c’était précisément être à gauche de tout cela, du moins dans une éthique démocratique.
La terminologie Gauche-Droite est un prisme français qui remonte à la révolution de 1789 et qui ne correspond pas à la réalité sociale et politique du monde arabe d’aujourd’hui ; je vous avoue que je suis d’abord un républicain convaincu mais vu les circonstances historiques et pour une période de transition un desposte éclairé comme FrédéricII de Prusse peut mener à bien ce changement tant espéré. Dans sa réponse à la question “Qu’est-ce que les Lumières” le philosophe E. Kant défend ce despotisme éclairé qui apparait pour lui comme la meilleure forme de gouvernement car paradoxalement, seul un pouvoir fort peut acepter sans dommage de laisser libre cours à la critique et même y trouver son profit.Certes, il s’agit en Egypte d’un coup d’état militaire et les militaires ne sont meilleurs que lorsqu’ils sont dans leurs casernes comme le disait un autre despote éclairé Bourguiba mais la situation est grave en Egypte comme en Tunisie et l’obscurantisme religieux fait rage alors pourquoi ne pas céder à la tentation d’un homme providentiel pour une période donnée le temps d’un ancrage définitif d’une éthique démocratique comme vous le dites si bien.
on ne juge pas le journaliste,on discute l’opinion et l’analyse portée par cette chronique.
votre éthique démocratique aurait pu trouver salutaire l’intervention militaire au regard de l’entêtement de Morsi et de la légitimité populaire.
la légitimité populaire face aux germes de la dictature est plus forte que n’importe quel résultat électif à un instant T et qui se base sur des promesses, alors que “tamarod” est la réaction à un pathétique exercice du pouvoir. la raison de la révolution démocratique doit être plus forte que la raison des élections. il est dure pour un esprit démocratique d’imaginer les militaires en dehors du contrôle politique mais l’éthique démocratique doit trancher en faveur de cet interventionnisme qui à mon sens est le moindre mal.
je crains qu’après “rabbi elfou9 et ben ali élouta” on assiste à “rabbi elfou9 et char3ia élouta” et qu’on oublie vraiment l’éthique démocratique jusqu’au jour où on se retrouvera coincé et enchainés par une autre dictature. je pense que les égyptiens harbou mil mizab jaou ta7t el9otra à eux de continuer la lutte. maintenant c’est aux frères musulmans y compris en Tunisie de revoir leur idéologie et de s’inscrire vraiment dans la démocratie.
“tamarod” en Tunisie n’est pas apolitique elle est non partisane. ses revendications sont éminemment politiques et ils peuvent rejoindre des positions de certains partis mais cela n’est pas une raison suffisante pour mettre en doute leur liberté. votre réaction me rappelle celle de certains qui accusaient le front populaire et chokri belaid d’être les instigateurs des manifestations populaires.