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Dès l’assassinat du martyr Mohamed Brahmi, Tunis ainsi que plusieurs régions internes du pays ont été la scène d’une vague de manifestations. A l’occasion, certaines agressions policières ont eu lieu, contrariant les contestations pacifiques.

De simples citoyens et des activistes de la société civile ont été interceptés par les forces de l’ordre, bien que le ministère de l’Intérieur ait théoriquement déclaré son intention de respecter la liberté de manifestation.

Nawaat met à votre disposition le rapport de l’Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT), dressant le bilan des abus commis depuis le déclenchement des contestations jeudi dernier, ainsi que le récit de la détention de certains militants à Bouchoucha.

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Le militant Mohamed Ben Ghazi, arrêté la nuit du 25 juillet à l’avenue Jean Jaurès, a été conduit au centre de détention de Bouchoucha où il a retrouvé une vingtaine de personnes, dont la plupart étaient desconnaissances. Les membres des troupes Fanni Ragman Anni et Zwewla, Oussama Bouajila et Atef Hamdani, faisaient partie de ces gardés à vue. Ce dernier avait encore ses pompes à retouche.

Notre interlocuteur a été arrêté vers 21 h, alors qu’il étaitentrain de filmer une agression à l’encontre d’un citoyen, lui-même venant au secours d’une autre personne. Emblème d’une presse citoyenne, le jeune Mohamed Ben Ghazi a été embarqué dans un véhicule de la BOP (brigades de l’ordre public), accompagné par cinq personnes.Un des jeunes embarqués avec lui, arrêté par hasard au TGM alors qu’il rentrait chez lui, « ne savait même pas qu’il y a eu un assassinat »…

« Les trente minutes endurées dans le véhicule ont été les plus dures à supporter », raconte Mohamed. « En route vers Bouchoucha, j’ai perdu conscience à force d’être battu à coups de matraque. Entre temps, un brigadier m’a volé mon téléphone portable, qu’on ne m’a pas rendu lors de ma libération.La bassesse n’a pas de limites. Il a été également été tenté par mon paquet de cigarettes… »

Il ajoute :

« avant de perdre conscience, certains officiers appelaient leur collègue à se calmer. Ils ont probablement cru que mon état était critique, puisque je saignais après avoir reçu un coup de matraque au niveau du crâne. »

Selon Mohamed, à Bouchoucha, les policiers étaient plutôt dociles, du moins pour eux, les prisonniers d’opinion. C’était loin d’être le cas pour les détenus de droit commun. Les militants entendaient leurs cris depuis la salle où ils étaient tous entassés. Ils demandaient miséricorde et pardon à cor et à cri.

Vers la fin de la soirée, alors que Mohamed et ses camarades chantaient la révolution, manière de se remonter le moral, ils ont été convoqués un par un pour signer leurs dépositions.

« Je m’engage à ne plus manifester sans autorisation préalable et à ne jamais plus scander de slogans touchant à la sûreté publique’ » : voilà ce que les jeunes détenus ont tous signés, d’après Mohamed. Ils auraient été « conseillés » de signer, puisque cela ne servait« à rien de demeurer en détention durant le weekend » .« C’était une manière de nous pousser à abdiquer », raconte Mohamed.