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Dans un communiqué publié ce lundi 26 août, le Syndicat des agriculteurs de Tunisie (SYNAGRI) a alerté les autorités sur la gravité de la situation agricole et les impacts de la sécheresse en réclamant une intervention rapide. L’absence de décisions pratiques pour réduire les effets de la crise économique et environnementale qui se répercutent durement sur les agriculteurs est pointée du doigt par le syndicat.

Les pouvoirs publics doivent prendre des mesures pour assurer l’approvisionnement des agriculteurs en semences et engrais et éviter les défaillances enregistrées lors des deux saisons précédentes, souligne le syndicat, tout en insistant sur la nécessité d’intervenir pour traiter les plantations endommagées par la sécheresse.

Le SYNAGRI a notamment réclamé la concrétisation des mécanismes relatifs aux catastrophes, dont les interventions du Fonds national de garantie (FNG). Afin de leur permettre de rééchelonner leurs dettes ou de les reporter auprès des entreprises publiques et privées, le syndicat demande des certificats de catastrophe naturelle pour les agriculteurs ayant subi des dommages.

Les mesures du gouvernement seraient-elles insuffisantes ou se feraient-elles en fait attendre ? Le 12 mai 2013, à l’occasion de la Journée nationale de l’agriculture et de la pêche maritime, le Premier ministre, Ali Laârayedh, avait annoncé une série de mesures en faveur des agriculteurs et des éleveurs lors d’une conférence sur «Les orientations futures du secteur agricole ».

Le chef du gouvernement avait ainsi certifié que les interventions du Fonds national de garantie (FNG) seraient réactivées afin de rééchelonner les dettes des exploitants agricoles.

Ali Laârayedh s’était également engagé à lancer un programme d’intervention pour faire face au déficit pluviométrique dans les gouvernorats du centre et du sud du pays avec un coût global de 21,3 millions de dinars. Au programme : des aides financières, notamment pour l’irrigation des plantations touchées, mais également des aides en nature (bétail à hauteur de 950 000 têtes de moutons et eau potable et d’irrigation) pour faire face à la saison estivale. Mohamed Ben Salem, ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, avait par ailleurs soutenu que le gouvernement encourageait l’investissement dans le secteur agricole et la modernisation des méthodes de production.

Présent lors de la conférence, Mohamed Hnider Jarallah, précédent président de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), avait dès lors fait part de ses doutes et inquiétudes concernant les difficultés que rencontre le secteur agricole, alliées aux défaillances des politiques et des méthodes de travail obsolètes :

« L’endettement agricole est de 200 millions de dinars, alors que le secteur participe au niveau de 12 % du PIB. Cependant, le tourisme par exemple, avec un endettement de 300 millions de dinars, ne participe qu’à hauteur de 6 % du PIB. Les politiques doivent changer pour accorder à l’agriculture l’importance qu’elle mérite. »

La saison estivale arrive à sa fin et la situation du secteur agricole s’est encore aggravée, avertit le SYNAGRI, qui exhorte les autorités compétentes à intervenir pour soutenir les agriculteurs et préserver les systèmes de production menacés.

Conséquence de la sécheresse drastique touchant la Tunisie, le ministère tunisien de l’Agriculture a par ailleurs confirmé, dimanche 25 août, l’importation de 16 millions de quintaux de céréales (blé et orge).

La sécheresse se répercutera donc sur le prix des denrées agricoles et alimentaires, puisqu’ainsi que le souligne le secrétaire d’État à l’Agriculture, Habib Jomli, l’importation se fera malheureusement « à un moment où les prix en vigueur sur le marché international connaissent une hausse notable ».