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Alors que les estimations les plus optimistes font état d’élections législatives et présidentielles dans 9 mois, la précampagne électorale battait son plein ce dimanche en région. Cette semaine l’institution de la présidence conforte son virage volontariste tout en recevant un discret appui étatsunien. Le gouvernement Jomâa s’attèle quant à lui prudemment au premier dossier sensible de son mandat : la révision des nominations dans l’administration.

Les meetings politiques ne s’embarrassent pas de considérations anti régionalistes : en choisissant respectivement Menzel Temime et Sfax ce 23 février, Nidaa Tounes et Ennahdha renouent avec le schéma classique des fiefs électoraux nord / sud tel que reflété par les sondages.

Côté Nidaa, dans un cossu hôtel mitoyen de la salle de sport, on se prépare en costume-cravates au « meeting populaire ». La recette est éprouvée : drapeaux gigantesques, hymne national volume à fond, exaltation des sentiments patriotiques… le caractère creux de la rhétorique est presque anecdotique face à l’entourage décomplexé de Béji Caïd Essebsi : son fils Hafedh, Mohamed Ghariani ancien secrétaire général de l’ex RCD, et une foule de gardes du corps.

Jeudi, Nidaa Tounes recevait un appui franc et tout aussi décomplexé de la part de Hamma Hammami sur la question de la nomination de Mohamed Ennaceur, sans toutefois que le leader du Front Populaire ne soit en mesure de confirmer que l’Union Pour la Tunisie sera convertie en front électoral.

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Reconfiguration politique au centre

La même UPT fut cette semaine qualifiée de « parenthèse fermée » par Ahmed Néjib Chebbi, visiblement aigri par l’expérience du contact avec l’égo rival de Caïd Essebsi.

Des pourparlers en vue de former une nouvelle entité compétitive ont d’ores et déjà eu lieu entre al Joumhouri, l’Alliance Démocratique et le Mouvement du Peuple.

Cette reconfiguration des forces centristes tend à redessiner le paysage politique tunisien en fronts frontalement anti islamistes (extrême gauche FP + Nidaa Tounes) et d’autres fronts à la fois moins idéologiques et plus vigilants vis-à-vis de la contre-révolution.
Mehdi Ben Gharbia avait récemment à ce titre sévèrement critiqué le ralliement d’Ennaceur à Nidaa.

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La loi électorale à l’épreuve du blocage

Au rythme de plusieurs sessions par jour tout au long de la semaine, la multiplication des réunions des commissions de la Législation et des Finances à l’ANC illustre la difficulté des acteurs politiques à trouver un terrain d’entente ne serait-ce que sur les grands traits du futur code électoral. Plusieurs projets présentés par la société civile sont encore à l’étude.

L’article 15 sur l’interdiction de candidature aux RCDistes n’est pas le seul en cause. L’inversion du calendrier législatives / présidentielles, l’effacement de l’ardoise des dettes électorales, le seuil de 3% pour être représenté à l’Assemblée, la parité sur les listes, et surtout le mode de scrutin proportionnel aux plus forts restes (auquel est attaché Ennahdha) sont autant de questions minées par des considérations politiques.

Indirectement lié aux élections, le volet des nominations administratives dites partisanes réémerge avec insistance. L’Association tunisienne pour la neutralité administrative réclame l’instauration d’une commission nationale adoptant des critères rationnels dans l’évaluation du rendement au sein des hautes fonctions de l’Etat.

Une aubaine pour le gouvernement Jomâa qui procèdera sous peu à un premier remaniement dans le corps des gouverneurs, et ce dans le contexte d’un débat national sur cette épineuse question lancé non pas par Mehdi Jomâa mais par une ONG. 6000 postes seraient contestés, dont 10% sont « à revoir d’urgence » selon l’association.

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La présidence sort l’artillerie politique

L’offensive anti Nidaa Tounes entamée via le cabinet de Moncef Marzouki à la mi-février s’accompagne aujourd’hui d’une opération médiatique, avec un entretien télévisé au Palais et un talk-show en prime time.

La présidence sort prématurément de sa réserve et révèle en cours de mandat les détails de ce qu’elle considère être sa neutralisation d’une tentative de coup d’Etat politico-sécuritaire, tout en se prévalant d’avoir fait échouer les suites de « la rencontre de Paris » Ghannouchi – Essebsi.

Après une période glaciale consécutive à l’attaque de l’ambassade US en 2012, la visite éclair de John Kerry le 18 février a valeur de réconciliation entre les deux chancelleries, même si le secrétaire d’Etat semblait bien plus dans son élément en compagnie de Jomâa.