« Rai Uno City »: Quand le théâtre dénude la société

Bien que le titre reste ésotérique et indéchiffrable, ma curiosité m’a amené vers la salle de théâtre aussi obscure que le quotidien de chaque Tunisien pour pouvoir déguster cette énigme artistique et retrouver au sein de la même œuvre d’art des représentations de diverses classes socioculturelles.

La scénographie harmonieuse, les diverses scènes de danse contemporaine et les effets sonores qui varient en fonction des émotions, s’interpénètrent pour donner finalement une pièce onirique et pas tout à fait comme les autres. De la musique enivrante, des expressions corporelles aussi belles que choquantes, des soupirs et des hurlements d’âmes usées par l’ordinaire, ce spectacle est une bouffée de sentiments aussi divergents soient-ils. Il allie simplicité et raffinement pour titiller tous ceux qui peuplent la salle et qui oscillent entre euphorie et malheur.

« Rai Uno City », une pièce qui dénude avec délicatesse notre société, donne libre court à des catégories sociales condamnées à l’oubli et fouille les cœurs des spectateurs à la recherche de leurs repères. C’est ainsi qu’Ali Yahyaoui, metteur en scène de cette œuvre, a conjugué le vécu de certains d’entre nous en dramaturgie. Ce dernier, en compagnie d’un groupe d’artistes (Latifa Gafsi, Awatef Abidi, Farhat Debbech, Kilani Zagrouba, etc…) ont réussi à me faire pleurer comme une madeleine et à faire naître dans ma petite boite crânienne une infinité de questions auxquelles je ne trouve pas encore de réponses.

Que demander du théâtre populaire à part le fait qu’il soit centré sur tout citoyen tunisien, peu importe sa couleur, ses idées et son niveau socio-économique ? « Rai Uno City », cette pièce théâtrale qui repose sur un joli texte réaliste, qui décuple nos capacités de penser et qui met à nu certains tabous, annoncerait-elle un avenir prometteur et rayonnant pour le quatrième art, en Tunisie? Rendez-vous au Festival International de Carthage, le 9 Août pour pouvoir déchiffrer l’indéchiffrable et goûter au plaisir que nous procure la capacité d’analyser et de réfléchir.