Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Neuf mois après les élections du 23 Octobre, j’essaierai dans cette série d’articles d’analyser la situation actuelle en Tunisie en se basant sur les positions des partis majeurs de la scène politique sur les questions clef de leurs programmes électoraux qu’ils ont confié au réseau des compétences tunisiennes en Allemagne (Tunicomp) pour le développement de TuniVote. Durant cette analyse, je donnerai quelques commentaires tout en étant le plus objectif possible.

Ce premier épisode analyse le systéme politique.  Nous irons point par point et analyserons la scène actuelle: positions des partis ainsi que les compromis atteints dans les coulisses.

1) Etes-vous pour que l’Islam soit la source principale de la politique tunisienne ?

Sur cette question, l’image est claire: mise à part la  Nahdha, les autres partis sont tous contre. Si on assume que la Chariaa a été désignée par le mot “Islam”, alors il est clair que, où la Nahdha a été contrainte de faire un pas en arrière et de faire le compromis de garder le premier article de la consitution de 1959, ou alors elle a fait une manoeuvre géniale comme quoi, c’est elle le seul garant d’un compromis entre les intégristes qui demandent que la chariaa soit appliquée et ceux qui veulent que la Tunisie garde son modèle de société. La réponse de la Nahdha est cependant  claire : OUI, on veut que l’ Islam soit la source principale de la politique tunisienne, d’où les rumeurs sur des differents entre des leaders du parti …

2) Etes-vous pour que les RCDistes soient integrés dans la vie politique ?

La question se posait alors qu’on la débattait au sein de la CISROR (l’instance de Ben Achour). Il est clair que Al Moubadara (l’Initiative) de Kamel Morjane réponde par oui, par contre, le OUI du PDP, le premier wagon du nouveau parti républicain, pose des questions: est-ce que le parti républicain fera prochainement partie de “L’appel de la Tunisie” de M. Beji Kaid Sebsi qui a affirmé que les anciens RCDistes sont les bienvenus tant qu’il n’y a pas eu de procès a leur encontre ? Il n’est pas à ignorer que M. Kaid Sebsi jouit d’une bonne image chez beaucoup de tunisiens quelque soit son passé, et avec une force majeure sur la scène politique- comme l’ex PDP- qui s’est divisé après les différents qui se sont produits entre ses leaders en formant le parti républicain, il y a une grande chance que durant les prochaines élections, ce parti sera LE contrepoids à la Nahdha. Il est clair qu’ on tomberait donc dans le scénario Egyptien: Ikhwan VS. Ex-régime… On aura au moins une référence ;-)

3) Etes-vous pour l’application du vote par la voie réferendaire pour certaines lois ?

Pratiquement tous les partis sont d’accord : OUI. Cependant, il est peu probable qu’on y revienne vu la loi interne de l’ANC qui dit que la constitution sera votée par les 2/3 des députés, qu’elle sera revotée pour les 2/3 en cas d’échec avant de la poser au référendum. Vu qu’ on est arrivé à un compromis en ce qui concerne l’article 1, la prochaine grande discussion sera le systéme politique. De là à en venir à un referendeum, je n’y crois pas. La position d’Ettakatol reste mystérieuse puisque il est neutre sur le vote de lois qui seront surements très controversées.

4) Etes-vous pour le maintien du ministère de la femme ?

Un neutre de la Nahdha laisse penser à deux choses: où ce thème n’est pas intéréssant et qu’ils sont neutres quand à un tel ministère, ou alors qu’ils accepteront ce que la scène politique imposerait. Vu les résultats du ministère de la femme depuis les élections du 23 Octobre, je crois qu’ils ont bien fait de voter “neutre”. Mieux encore, je crois que Afek a eu la meilleure réponse avec le refus de garder ce ministère puisque il n’y a simplement AUCUNE visibilité de ce ministère: aucune réforme, aucun grand projet. Juste des photos de Mme la ministre circulant sur facebook.

5) Etes-vous pour la dissolution de l’ANC aussitôt la constitution approuvée ?

Y’ a pas photo .. Tout le monde est pour sauf le CPR. Une réponse qui me laisse perplexe. Je suppose que le responsable qui a répondu a pensé que la dissolution ferait mieux d’avoir lieu après les prochaines élections, une position assez logique. La grande question que je me pose est: c’est pour quand la fin de la constitution ? On est à neuf mois après les élections du 23 octobre et la seule chose qui a été faite est le préambule. Le CPR, aurait-il raison d’avoir pensé à une ANC de 3 ans? Ca lui convient de toutes les manières puisque M. le président n’est autre que son ex-Secrétaire général.

6) Etes-vous pour que le chef de l’Etat renonce à son appartenance à tout parti politique ?

Un grand différent .. Vu l’état actuel du CPR, qui s’est divisé en deux et où le départ de Marzouki a eu l’effet d’une bombe, la réponse du CPR me semble très compréhensible. Il est évident que c’est un parti qu’ il a fondé, et qui sera toujours lié à lui.
D’une part: un parti qui n’investit pas (pas forcément de l’argent) pour établir une organisation, une institution à part entière, se voit voué à la dissolution dès que la personne clef quitte son poste. D’autre part: un parti qui regroupe des gens historiquement liés à des idéologies très différentes est aussi voué à la dissolution. Ceci est une lecon aux autres partis et aux nouveaux partis. J’exclue la Nahdha qui peut tranquillement répondre par un oui, puisque qu’on le veuille ou pas, c’est un parti qui a bati ses piliers pendant presque 30 ans.

7) Etes-vous pour la création de parlements régionaux ?

le PCOT :-) un classique .. Et là, back to the roots .. L’Etat doit avoir le contrôle de tout: une instance centrale qui commande ce qui en même temps élimine un peu les discussion parfois inutiles. Mais, vu l’état actuel du pays et les problèmes énormes que l’ANC et le gouvernement ont pour communiquer avec les régions, je crois sincèrement que ce n’est pas une si mauvaise idée. Il faudra par ailleurs repenser un peu à la définition de “région”, un peu à la manière de Ettakatol, qui pose dans son programme la création de cinque régions au lieu des gouvernorats actuels. Logique puisque une région qui n’a aucun moyen ne l’aura pas en ayant son propre parlement régional. A mon avis, pour créer un équilibre régional, la principale raison de la révolution, il faut repenser entièrement le système de nos gouvernorats de façon à assembler des régions complémentaires à l’exemple de Sidi Bouzid (pôle agriculture), Sfax (pôle indutriel) et Kasserine (pôle de neo-tourimse) ou à l’exemple de Gafsa (pôle de phosphate), Gabes (pôle indutriel) et Tozeur (pôle touristique).

8) Etes-vous pour la séparation entre les élections présidentielles et législatives ?

A titre de plaisanterie, je dirais que la réponse de la Nahdha (neutre) montre qu’ils “s’en foutent pas mal” puisqu’ils gagneront les deux dans tous les cas :-))) Retour au sérieux: comme le systéme politique de la nouvelle Tunisie n’est pas encore défini, il est difficile de débattre sur cette question puisqu’elle peut être carrément obsolète en cas d’un système parlementaire. Cependant, la réponse de tous les partis à l’exception de la Nahdha montre que déjà, c’est vers un système semi-présidentiel, semi-parlementaire qu’on se dirige. Le “non” du parti Afek me semble un peu bizarre puisque d’un point de vue logistique, il est vraiment extrêmement difficile de faire les deux élections à la fois.

Voilà, c’était une petite analyse du système politique. Le prochain épisode portera sur le thème de l’économie.