Où va Moncef Marzouki ?

Marzouki a récemment donné plusieurs entretiens à la presse. Ce qui est remarquable dans ses interventions, c’est le bilan extrêmement élogieux que l’ancien président tire des 3 années de la Troïka au pouvoir, ne reconnaissant comme « erreur » que la sous-estimation de la puissance des réseaux de l’ancien régime. Et on ne peut qu’être scandalisé lorsqu’il prétend que les mobilisations populaires n’ont jamais été réprimées durant son mandat. En plus, l’absence de compromis qui caractérise sa politique vis-à-vis de la classe politique du consensus ne fait que masquer une tenace volonté de compromis avec les formes sociales dominantes.

Une révolte sociale ancrée dans le processus révolutionnaire

L’incandescence protestataire que nous connaissons depuis une semaine n’est pas fortuite. Elle n’est pas un simple mouvement revendicatif suscité par les récentes hausses de prix. Elle n’est pas comparable aux grandes mobilisations sectorielles du printemps dernier. Elle a peu à voir également avec les mouvements de grèves impulsés par les syndicats. Ce qui s’exprime actuellement dans la rue, c’est toute la colère accumulée depuis la révolution.

Ahed Tamimi, victime de la fausse objectivité des médias français

L’arrestation de la jeune militante palestinienne, Ahed Tamimi, accusée notamment d’avoir giflé un militaire israélien, a suscité de nombreux commentaires dans les médias occidentaux en particulier français. Ils s’interrogent en particulier sur la signification de son geste et plus généralement de son engagement depuis plusieurs années, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Bien souvent, ils n’y voient, plutôt qu’une réaction légitime aux exactions et aux violences des militaires israéliens, une forme de « provocation », suscitée par les parents, pour donner matière à des campagnes sur les réseaux sociaux.

Comme mon nom l’indique, je m’appelle révolution

Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi mettait le feu au monde arabe. J’ai envie de dire que, depuis la victoire de la révolution algérienne, nous n’avons pas connu d’événement positif d’une telle importance. Le moment négatif majeur a été sans doute la défaite de juin 1967. Moins d’un mois après le sacrifice du héros de Sidi Bouzid, le plus laid des dictateurs prenait l’avion pour Ryad. Une période historique nouvelle, loin d’être close à ce jour, était ouverte.

L’infamie de Trump, la frustration des peuples et l’impuissance des Etats arabes

On l’a dit, on la répété, la décision du président américain, Donald Trump, de reconnaître el Qods comme capitale de l’Etat d’Israël est contraire à la légalité internationale. Elle est en vérité bien plus que cela. Elle consacre un acte de colonisation, l’annexion pure et simple d’une portion supplémentaire du territoire palestinien, d’autant plus importante qu’elle est dotée d’une puissante charge symbolique, historique et religieuse. Cette décision révoltante est une déclaration de guerre. Au peuple palestinien, bien sûr. Au monde arabe, cela va de soi. Mais également à l’ensemble des populations musulmanes.

Assassinat de Farhat Hached : La France doit reconnaître toutes ses responsabilités

Il y a soixante-cinq ans, Farhat Hached mourrait. Assassiné par la France coloniale. Pendant longtemps, une vague milice composée de petits colons et d’hommes de la police a été incriminée – la Main rouge – que Wikipédia, pour le dire en passant, qualifie d’« organisation contre-terroriste » ! Puis la vérité a commencé à filtrer. Les assassins n’avaient pas agi de leur propre chef. La Main rouge n’était que le cache-sexe des services français de renseignement. A ce jour, pourtant, toute la lumière n’a pas été faite sur cette affaire.

Siliana 2012 : la révolution a été tuée à coups de chevrotines

Il semble que ce soit la règle et la dernière audition publique des victimes de la répression, organisée par l’Instance Vérité et Dignité (IVD), n’a pas manqué de susciter des polémiques. A l’ordre du jour de cette séance qui s’est tenue le 24 novembre, les dramatiques événements qui se sont déroulés fin 2012 à Siliana. Pour désamorcer une mobilisation populaire croissante qui exigeait notamment que des mesures soient prises pour mettre fin à l’ostracisme socio-économique dont la région est victime depuis des décennies, la police n’a pas hésité à tirer à la chevrotine sur la foule des manifestants. Des centaines d’entre eux furent gravement blessés dont certains ont perdu totalement ou partiellement la vue.

Présidentielles 2019 : micmacs et intrigues autour du Palais

« J’adore lire des histoires de rats » notait en 1886 l’écrivain anglais Jerome K. Jerome dans un petit recueil amusant, intitulé « Pensées paresseuses d’un paresseux ». Je ne partage pas son avis. Tous les jours, je parcours nos grands quotidiens nationaux, je feuillette quelques uns de nos principaux hebdomadaires, je jette un coup d’œil sur le net, j’écoute quelques émissions de radio, bref, je me plonge dans l’actualité politique nationale ou plus exactement dans l’actualité de notre « élite » politique nationale, sans y éprouver la moindre satisfaction. Je n’y ressens que du dégoût, le plus profond dégoût. De la honte. Pas pour moi, pour eux.

Noura Borsali, une dissidente totale

Noura Borsali m’a posé un lapin. Il y a une dizaine de jours, elle m’avait appelé pour m’annoncer qu’elle s’était engagée à faire une chronique hebdomadaire pour Nawaat. Elle m’avait alors promis de me rendre visite au lendemain des JCC. Elle n’est pas venue, elle ne viendra plus. Elle est morte. Ma tristesse est infinie.

Les députés céderont-ils à l’ultimatum des syndicats policiers ?

Comme il est désormais de coutume, chaque nouvel attentat est le prétexte d’un nouveau tour de vis sécuritaire. L’état d’urgence et la loi anti-terroriste en constituent bien sûr le cadre général. L’assassinat, le 1er novembre, d’un gradé de la police, le commandant Riadh Barrouta, par un membre présumé de Daech, a remis ainsi à l’ordre du jour le projet de loi « relatif à la répression des atteintes contre les forces armées » présenté en avril 2015, quelques mois après l’élection de Béji Caïd Essebsi.

L’Union européenne et la Tunisie : un crocodile et son oiseau cure-dents

Vous connaissez le crocodile du Nil ? Eh bien, c’est un crocodile. Il est particulièrement féroce à ce qu’on dit. Mais ce n’est pas là sa qualité principale. Ce crocodile est surtout connu pour sa bienveillance à l’égard d’un petit oiseau dont l’occupation préférée consiste à lui nettoyer les dents et les gencives. On l’appelle, cet oiseau, le pluvian d’Egypte mais on devrait plutôt l’appeler l’oiseau cure-dents. Vous allez tout de suite comprendre pourquoi je vous en parle.

L’UTICA s’en va-t-en guerre

L’UTICA a décidé de sortir les crocs. Elle menace en effet de quitter l’Accord de Carthage si ses propositions ne sont pas intégrées dans le projet de loi des finances qui vient d’être déposé à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Décidée lors de la réunion du conseil d’administration de l’organisation patronale tenue le 19 octobre dernier, réaffirmée avec force par Wided Bouchamaoui le 23 octobre sur El Hiwar Ettounsi, cette offensive rompt avec la réserve habituelle du syndicat des patrons.

Emigration clandestine, une forme de résistance

La semaine dernière, j’ai parlé de cette affaire qui nous a tous révoltée : la mort et la disparition de plusieurs dizaines de jeunes qui avaient tenté de quitter le pays à bord d’une frêle embarcation. Ils seraient peut-être aujourd’hui heureux d’être ailleurs, triomphants mais inquiets, certes confrontés à de nouvelles incertitudes mais bien aises d’avoir réussi leur évasion si leur petit rafiot délabré n’avait étrangement été percuté par un navire militaire chargé de la surveillance des frontières maritimes.

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