Entre 2011 et 2017, une poignée de films se sont distingués, dans le documentaire comme dans la fiction. S’ils se font néanmoins rares, dix en tout et pour tout se détachent de la mêlée. Audacieux, inventifs ou simplement touchants par ce qu’ils mettent en scène, ils n’épargnent pas plus la sensibilité que les neurones. Les goûts, on n’y insistera jamais assez, se discutent. Ce n’est que du subjectif. Mais ici, on assume tout. En voici notre cuvée.
Les 10 pires films tunisiens (2011-2017)
Entre 2011 et 2017, le nombre de films insipides, aussi médiocres qu’inintéressants, ne se compte plus sur les doigts de deux mains. Simples navets qui ont du mal à convaincre, franchises débiles ou véritables mauvais films ? Les goûts se discutent, bien sûr. Ce n’est que du subjectif. Mais ici, on n’y va pas par quatre chemins. En voici le pire des pires.
« Forgotten » de Ridha Tlili : la révolution, le temps d’après
Le dernier volet de la quadrilogie documentaire de Ridha Tlili nous ramène encore une fois en territoire de marge. Sur fond de désillusion ambiante, deux années après la révolution, « Forgotten » suit quatre amis à la vie ébréchée, oscillant entre le dépit devant tant d’espérances trahies et la possibilité encore de faire bouger les choses. S’il va dans le sens d’une suffisance formelle qui n’est pas étrangère à la démarche du cinéaste, ce dernier chapitre aurait mérité un coup d’aiguille pour marquer enfin une passation de regard qui s’impose. Le film a été projeté en avant-première le 23 décembre 2017, dans le cadre des Rencontres du Film Documentaire de Redeyef.
In a town where « nothing has changed »: Documentary Film Festival of Redeyef
This year’s Documentary Film Festival of Redeyef (RFDR) takes place December 20-24, in the town whose name is almost synonymous with Tunisia’s phosphate industry and its deleterious effects on the surrounding populations and environment. Although the mining basin revolt of 2008 is considered a precursor to the Tunisian revolution in 2011, in 2017 residents affirm without hesitation that here in Redeyef, « nothing has changed ». Now in its fourth year, the RFDR, funded by the Rosa Luxembourg Foundation, is pushing to establish a perennial film festival here, a so-called difficult terrain that is parched for sustainable cultural outlets.
رادس: سينما قلال تفتح أبوابها من جديد وسط أزمة قاعات السينما
اليوم، لدينا 12 قاعة سينما مفتوحة، انضافت لها قاعة جديدة هي سينما قلال التي ستفتح أبوابها يوم 21 ديسمبر بمناسبة الأيّام السينمائيّة برادس بعد أن كانت مغلقة طيلة 25 سنة. تتمركز أغلب قاعات السينما في تونس العاصمة بعد أن كانت لدينا قرابة الـ100 قاعة موزّعة على كامل تراب الجمهوريّة أغلقت أبوابها منذ الثمانينات من بينها الأطلس بصفاقس وفوكس والنجمة بسوسة والكازينو بجندوبة وغيرها. تناقص عدد قاعات السينما يعكس الأزمة التي يعانيها هذا القطاع بسبب لامبالاة الدولة أمام تغيير الصبغة الثقافية لهذه الفضاءات من قبل مستثمرين خواص إلى جانب عدم رصد وزارة الثقافة لجزء كاف من ميزانيّتها لدعم قاعات السينما وتبجيلها النشاط المناسباتي على البنية التحتية.
Pourquoi je n’ai pas aimé « El Jaïda » de Salma Baccar ?
J’ai pu assister la semaine dernière à la projection du film El Jaïda de Salma Baccar actuellement projeté dans plusieurs salles de cinéma de la capitale. Sarcastique, j’ai écrit sur ma page Facebook : « j’aurais aimé que le film soit appelé « c’est ça le vrai Bourguibisme » au lieu d’être appelé El Jaïda ». Beaucoup de mes amis ont cru que c’est une position « politique ». Certains ont pris mes propos pour un anti-bourguibisme primaire. D’autres ont interprété cela comme étant une position contre la réalisatrice.
« El Jaïda » de Salma Baccar : une grosse panne de point de vue
Occupé à chercher ses raisons dans l’histoire, El Jaïda joue au portrait de groupe. La réalisatrice Salma Baccar fait ici récit de quatre destins croisés, huit mois avant l’indépendance, pour dépoussiérer le regard sur Dar Jouad, une ancienne institution de correction et de rééducation des femmes. Sujet à une grosse panne de point de vue, ce film actuellement en salle s’oublie vite. Il noie son propos dans une savonnade progressiste à deux doigts de l’insipide.
أيام قرطاج السينمائية: أزمة الاستقلالية وارتباك الهوية السياسية
يتجدد النقاش مع كل دورة لأيام قرطاج السينمائية حول الهوية السياسية لهذا المهرجان الذي تأسّس استنادا إلى مرجعيّات سياسية وثقافية تنهل من معين الفكر اليساري وتتخذ من النضاليّة أساسا لها. فالمهرجان تأسس سنة 1966 بعد انعقاد مجلس وزاريّ مع وزير الثقافة آنذاك الشاذلي القليبي وبدفع من بعض مؤسسي الجامعة التونسية لنوادي السينما وعلى رأسهم الطاهر شريعة (صاحب الفكرة) والجامعة الفرنسية لنوادي السينما المحسوبة على الحزب الشيوعي الفرنسيّ. لم يحل الخلاف الإيديولوجي بين الجامعتين على التوحد من أجل بعث مهرجان يُعنى بالسينما الإفريقية والعربية ويحتفي بمبدعيها المغمورين. إلى اليوم مازالت أيام قرطاج السينمائية تحاول الحفاظ على هويتها السياسية وتوجهها العام المنتصر لدول الجنوب لكن أزمة الاستقلالية ومخاوف التوظيف السياسي وإمكانيّة الانحراف عن جوهر الفكرة المؤسسة تلاحقها.
JCC 2017 : « La Belle et la Meute » de Kaouther Ben Hania, mal vu mal dit
Faut-il trop s’emballer devant « La Belle et la Meute » ? L’actualité lui étant favorable, il se dote non sans raison d’un certain potentiel de séduction. Mais on est plutôt déçu de découvrir dans nos assiettes un film qui se pare des attributs « coups de poing », plutôt dans le ventre qu’en pleine figure. Car il y a fort à redouter d’un cinéma en prise avec de gros sujets bien collants, guetté par le risque du sensationnel ou par sa surenchère racoleuse. Projeté en avant-première mercredi 8 novembre au Colisée, il est en lice dans la compétition officielle des longs métrages de fiction, dans le cadre de la 28ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC).
JCC 2017 : « Mustapha Z. » de Nidhal Chatta, portrait au vitriol de l’un des nôtres
Non sans causticité, c’est d’un type à coté de la plaque que « Mustapha Z. » brosse le portrait. En la réchauffant par quelques ingrédients de la comédie loufoque, Nidhal Chatta mijote sa recette fictionnelle avec la loi des séries : quand quelque chose tourne mal, le reste s’ensuit presque automatiquement en une cascade improbable de coups du sort qu’on n’a pas cherchés. Forte du jusqu’au-boutisme de son scénario, la satire sociale met ici par moments de gros sabots. N’empêche, ce quatrième long-métrage de l’auteur réussit sans prétention à nous offrir une pinte de bon sang. Projeté en avant-première le lundi 6 novembre au Colisée, il est en lice dans la compétition officielle des longs métrages de fiction, dans le cadre de la 28ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage.
JCC 2017 : « Vent du Nord » de Walid Mattar, du cinéma social en contrepoint
Avec l’envie assumée de remettre la fiction à l’ordre du jour, Walid Mattar fait souffler son Vent du Nord entre deux rives. L’histoire, propulsée ici par l’indomptable vent d’une économie sauvage, se replie sur les trajectoires de vie de deux ouvriers qui, du nord de la France vers la banlieue de Tunis, prennent valeur de destin. Sans repousser l’horizon d’un cinéma social auquel son propos tend les bras, ce premier long-métrage laisse effleurer une sensibilité qui en fait un film intelligemment construit et délicatement accueillant. Projeté en avant-première hier dimanche au Colisée, il est en lice dans la compétition officielle des longs métrages de fiction, dans le cadre de la 28ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage.
« Tunis by Night » d’Elyes Baccar: mollesse partout, cinéma nulle part
La formule n’est pas neuve : avec un argument qui pioche dans l’avant 14 janvier, « Tunis by Night » mêle la petite histoire d’une crise familiale à la grande histoire d’un pays étouffé. Bon à faire de la mousse autour du drame, Elyes Baccar fait mine de gérer la circulation des points de vue avec une caméra bonne poire. Corsetée dans un écrin de joliesse nocturne, la morosité du récit ne va pas ici sans la mollesse de la mise en scène.
From graffiti to gallery: Stepping into the universe of Jawher Soudani
Moustached, tatoo-clad characters, toothy creatures with large heads and tiny wings, speech bubbles containing gangly Arabic script invade whatever empty space Jawher Soudani gets his hands on. Vacant walls and buildings in Sfax, Kef, Sousse, Hammamet, Beja, Djerba and Gabes—the artist’s birthplace—have provided an outdoor canvas for Soudani, more commonly known by passers-by as Va-Jo. This September marks a first: a solo exposition at Atelier Y in La Marsa, Tunis.
« L’enfant du Lazaret » de Kamel Ben Ouanès : l’adaptation, à ses risques et périls
À la base de « L’enfant du Lazaret », un témoignage autobiographique éponyme, signé Jean-Claude Versini, d’origines corse et maltaise. Le récit revient sur l’enfance de ce fils du gardien en chef du bagne de Porto Farina. Mais de l’écrit à sa mutation cinématographique, il y a toujours à craindre de se retrouver avec une adaptation qui, compensant mal le peu de ses dispositions formelles, ferait pâle figure ou pèserait plus que son juste poids. Voilà pourquoi on hésite devant ce nouveau film de Kamel Ben Ouanès, projeté en avant-première le 1er juillet 2017, à la Maison de la Culture de Ghar El Melh.
« Beyond the silence » d’Intissar Belaid : un documentaire à double hélice
Avec l’audace de qui ne veut rien devoir à personne, la cinéaste Intissar Belaid revient dans « Beyond the silence » sur son rapport complexe avec son grand-père. C’est en coupant l’écran en deux, qu’elle met en parallèle son univers et le quotidien de son grand-père. Le parti pris de ce court-métrage d’une vingtaine de minutes, est suffisamment distingué pour qu’on le tienne éloigné des formes aseptisées du genre. Ce film a été projeté en avant-première, dans la soirée du jeudi 15 juin 2017, à l’Institut Français de Tunisie.
« Brûle la mer », éloge de l’hospitalité filmique
Il y a, dans ce film, une parole qui brûle du même feu que ses images nocturnes. Réalisé en 2014 par Maki Berchache et Nathalie Nambot, « Brûle la mer » est à l’opposé de ce qu’on pouvait attendre d’un documentaire sur les traversées clandestines de la méditerranée. Entre le dépouillement de son dispositif et les risques d’un minimalisme peut-être un peu trop confortable, perce dans ce film une extraordinaire conscience d’artisan qu’appellent le format 16 mm et le tournage en super 8. C’est aussi sa force que d’énoncer une hospitalité à la fois politique et filmique, en alternant images et archives familiales, mais aussi photos commentées, bribes de souvenirs et poèmes par écrans interposés. Le film sera projeté aujourd’hui, mercredi 10 mai 2017, à l’Institut Français de Tunisie.
« Derrière la vague » de Fathi Saidi : l’immigration clandestine en contre-champ
“Derrière la vague” sonde les conditions qui pousse ces jeunes dans les embarcations de fortune et expose les répercussions dramatiques pour leurs familles. Entre calvaires et mobilisations pour réclamer aux autorités tunisiennes et italiennes des explications quant au sort de leurs enfants, le point de vue de ces familles permet à Fathi Saidi de déplacer le problème de l’immigration clandestine du champ au contre-champ. Le film sera projeté ce dimanche 9 avril 2017 à 17h, au 4ème Art (Tunis), dans le cadre de la 11ème édition de Doc à Tunis.
The Tunisian body, on and off screen
The body in cinema was the theme of the 17th edition of Cinéma de la Paix? organized by the Tunisian Federation of Film Clubs (Fédération Tunisienne des Ciné-Club, FTCC) in Tunis. March 8-12, at the Quatrième Art theater downtown, cinephiles, directors, students, FTCC members old and new filled café tables and spilled out into the street, clutching programs and caricatures sketched out by an on-site cartoonist. On Sunday evening, a musical performance by Pardon My French marked the end of the festival, five days of reflections and discussions on what the body in cinema reveals about society.