Criminalisation des mouvements sociaux 23

L’Etat tunisien ou la politique de la raclée

Au tour des étudiants ces jours-ci de goûter aux délices des produits coercitifs de la flicaille. Car la politique de la raclée, si bien pratiquée par les forces de l’ordre (appellation d’une extrême justesse, d’ailleurs), puise dans un répertoire d’action historiquement cumulé. Et le savoir-faire des agents en la matière, transmis par les aïeux de l’institution policière, les amène à en venir tout de suite aux poings, quitte à bien remettre à leur place, c’est-à-dire à l’hôpital, de jeunes individus inoffensifs venant renégocier une décision politique qui affecte concrètement leur destin.

Printemps de la colère : état des lieux de la contestation

Hier, mardi 11 avril, la grève générale à Tataouine a marqué un tournant dans la contestation sociale dans la région et a généré un effet boule de neige dans tout le pays. Alors que les ouvriers et les habitants du Kef continuent leur sit-in et leurs manifestations quotidiennes, Kairouan a nommé « journée de la colère » cette journée du mardi, avec le rassemblement de près de 2000 manifestants devant le siège du gouvernorat.

Radicalisation et mouvements sociaux : même contexte, différents combats

Alors que les médias dominants continuent à stigmatiser la contestation sociale, trois chercheurs nous invitent à réfléchir sur le rapport entre mouvements sociaux radicalisation. Samedi 1er avril, Olfa Lamloum, Choukri Hmed et Hamza Meddeb, ont rappelé, chacun à sa manière, qu’un débat rationnel, franc et libéré de pressions politiques est indispensable pour sortir de l’impasse actuelle.

Congrès national des mouvements sociaux : complexité, espoirs et risques

À l’exception de deux victoires des habitants de Kerkennah contre la société Petrofac et l’expérience, jusqu’à maintenant unique, des oasis de Jemna, les mouvements sociaux, et surtout les sit-ins des chômeurs, sont de plus en plus isolés. Essoufflés par le silence des autorités locales et nationales, la criminalisation de la contestation et les compagnes médiatiques de dénigrement, la majorité des mouvements sont dans l’impasse et frôlent le désespoir. Réunis par le FTDES dans un congrès national les 25 et 26 mars à Nabeul, plus de 200 participants ont débattu des perspectives des luttes sociales.

Regueb : « ils veulent nettoyer la ville des agitateurs »

Cinq jeunes de Regueb croupissent en prison depuis un an. Vendredi 20 janvier 2017, le Tribunal de première instance de Sidi Bouzid a décidé de les maintenir en détention et de reporter leur procès au 17 février. Au total, dix jeunes sont accusés d’avoir brûlé une voiture et vandalisé le poste de police suite à la vague de protestation de janvier 2016. Pour les avocats, le dossier est vide. Pour Kais Abidi, frère de l’un des détenus, « ils étaient dans le collimateur de la police depuis longtemps, qui veut nettoyer la ville des agitateurs, comme ils disent ».

Mouvements sociaux : procès en cascade

La Cour d’appel de Nabeul a reporté au 15 février 2017, le procès des jeunes de Kélibia, condamnés par contumace à 14 ans et un mois de prison ferme pour « provocation d’incendie dans des locaux non habités » et six autres chefs d’accusation. Hier, les ouvriers des chantiers, les discriminés politiques et la coordination nationale des mouvements sociaux déclarent une semaine de protestation sociale par des rassemblements, des manifestations et une désobéissance civile à Meknassi. Les prémisses d’un janvier chaud que les médias dominants ont déjà commencé à criminaliser.

Six ans après, la révolution, est-elle télévisée ?

Six ans nous séparent du 17 décembre 2010, jour du déclenchement du soulèvement populaire, présenté par la propagande officielle comme un fait divers. Aujourd’hui, la liberté d’expression est considérée comme l’un des rares acquis de la révolution. Sur les petits écrans, cet « acquis » peut-il avoir du sens alors que le pluralisme est affaibli, l’affairisme est généralisé et l’information indépendante est quasiment absente ?

Mouvements sociaux : arrestations et procès à Sidi Bouzid et Kasserine

Jeudi 27 octobre, la société civile conteste à Sidi Bouzid l’arrestation des deux militants, Jamel Sagherouni et Khaled Bakari qui comparaissent devant le Tribunal de première instance, ce 1er novembre. Mardi 25 octobre, à Kasserine, Lawahedh Samaali, a été interpellée par la police dans un parc alors qu’elle lançait une campagne appelant à des élections législatives anticipées.

Jeunes chômeurs : Tentative de suicide collectif à Kasserine et procès à Gafsa

Jeudi 20 octobre, 36 sit-inneurs à Kasserine ont tenté un suicide collectif. Transférés à l’hôpital, sept d’entre eux sont encore sous surveillance médicale dont une jeune femme en état critique. Le même jour, le Tribunal de première instance à Gafsa condamne Walid Aanssi à 18 mois de prison ferme. Au même procès consacré aux jeunes sit-ineurs de Gafsa, Abdelhafidh Mbarek et Nacer Gouadria ont été condamnés à 15 jours de prison ferme et neuf autres jeunes de Metlaoui ont été condamnés à 8 mois de prison avec sursis.

Jemna : A la télévision, l’ordre établi fait de la résistance

Rangées derrière un angle politicien, les chaînes TV tunisiennes ont occulté le volet social dans le traitement de l’expérience de la gestion solidaire de l’oasis de Jemna. Au moment où le Journal de 20h de la Watania choisit le blackout, les principales chaines privées traitent le sujet en privilégiant les représentants de l’ancienne garde, privant ainsi le téléspectateur d’un véritable débat d’idées sur une initiative inédite.

Hizb Ettahrir à Kerkennah : un fantasme politico-médiatique

Hizb Ettahrir est « maître des îles Kerkennah ». La fausse nouvelle s’est propagée comme une trainée de poudre, d’abord sur les sites de désinformation et sur la bande FM, ensuite sur le petit écran. Le parti islamo-souverainiste radical a fini par trouver sur Attessia une légitimité qu’il cherche à acquérir, sans succès, sur le terrain à Kerkennah.

La constitution était trop belle…

Le programme d’action du président et de son Premier ministre est de faire en sorte que le parlement redevienne ce qu’il a été pendant près de 60 ans, une chambre d’enregistrement des décisions prises par l’exécutif ? La logique démocratique de la Constitution est bel et bien renversée. Ou, du moins, c’est vraisemblablement à cela que veulent nous conduire le zaïm apocryphe, le cheikh et l’ambitieux technocrate.

Télévision : Les errances ramadanesques du Mufti de la République

Au moment où le besoin de réforme de l’enseignement religieux se fait impérieux, au moment où l’Etat est face à l’obligation de repenser son discours officiel quand il s’agit de questions religieuses, le Mufti de la République s’avère, lors de ses apparitions télévisuelles quotidiennes, hors du temps, inapte à porter un propos modéré et convaincant. Pire : il instrumentalise la religion et un média du service public pour promouvoir une vision politique de la société tunisienne.

Al JanoubiaTv, voleuse récidiviste des images de Nawaat

Exploitées sans autorisation préalable et sans mention de leur source originale, des images de Nawaat ont été incrustées dans deux émissions d’Al Janoubia Tv déformant le propos original de nos reportages et sombrant dans le conspirationnisme et la désinformation. Un total de 8 minutes et 50 secondes d’images a été volé et altéré.