C’est un véritable vent de révolte qui traverse aujourd’hui toute la Tunisie.

Alors que l’élite bourguibienne alliée au système judiciaire et à des forces de sécurité où les hommes de Zine El Abbidine Ben Ali continuent à être présents en force, la gronde se fait de plus en plus entendre dans les rues des villes tunisiennes. Ainsi, l’acquittement du général Ali Seriati ou la promotion du présumé tortionnaire Yassine Tayeb à la tête de la direction générale de la sécurité publique (DGSN) font craindre à de nombreux tunisiens une « résurrection » des réflexes prérévolutionnaires.

Plus grave encore : l’actuel ministre de l’Intérieur, Habib Essid serait soupçonné d’autoritarisme et de cultiver certains réseaux Benalistes. D’après des sources diplomatiques occidentales à Tunis, les choses seraient en train d’empirer.

Le président par intérim, Fouad Mbazaâ, semble totalement dépassé par la machine mise en place par le premier ministre Béji Caïd Essebssi et les caciques de l’ancien régime. En effet, selon un ancien cadre de l’administration de l’ancien dictateur, «ce n’est plus une révolution, mais un simple règlement de compte entre clans rivaux. Essebssi et Mbazaâ garantissent les intérêts des beldis –la bourgeoisie tunisoise-, alors que les sahéliens très présent dans le système judiciaire et sécuritaire ont pu sauvegarder leurs avantages acquis sous le régime de ben Ali, au prix d’un léger assainissement dans leurs rangs ».

Il faut dire que les Tunisiens, en colère, se détournent de plus en plus de l’actuelle classe dirigeante. « Même l’armée ne jouit plus du même prestige qu’elle avait acquise au lendemain de la réussite de la révolution », estime un journaliste de la télévision publique.

Certaines voix s’élèvent déjà pour dénoncer un « coup d’Etat contre les aspirations légitimes du peuple tunisien ». En attendant, les rapports qui remontent des chancelleries occidentales sont très alarmistes. Ils font craindre une explosion de violence qui menacerait de faire imploser toute la Tunisie, d’autant plus qu’à l’intérieur du pays, les armes provenant de Libye ont fait leur apparition chez plusieurs jeunes déshérités de la région de Kasserine et de Sidi Bouzid.
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source : Maghreb Confidentiel