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VII-Tournant le dos au M.D.S. d’Ahmed Mestiri, en 1980, Béji Caïd Essebsi a frappé de nouveau à la porte du P.S.D. de Bourguiba cherchant son intégration au gouvernement.

Dans la nuit du 25 au 26 février 1980, le Premier Ministre était victime d’une hémorragie cérébrale. Le Président Bourguiba s’était dépêché pour présider le 28 février 1980 le Conseil des Ministres. Le 1er Mars 1980, Bourguiba a chargé Mohamed Mzali pour coordonner l’action gouvernementale auprès du Président de la République. Et le 23 avril 1980, Bourguiba a ainsi procédé à la nomination de Mohamed Mzali en tant que Premier Ministre et Secrétaire général du P.S.D. en remplacement de Hédi Nouira qui avait quitté définitivement le Gouvernement pour raisons de santé.

Bourguiba a entamé une politique d’ouverture envers les dirigeants du Mouvement des Démocrates Socialistes, politique d’ouverture qui a été déjà préconisée en 1979.

Il faut dire que Bourguiba a vu cette nécessité d’ouverture de son parti le P.S.D. à d’autres sensibilités politiques pour mieux les encadrer politiquement surtout que la Tunisie avait connu le 26 janvier 1978 de grandes manifestations menées par l’organisation syndicale l’ U.G.T.T. Les évènements du commando de Gafsa survenus le 26 janvier 1980 et la maladie de Hédi Nouira un mois plus tard, ont pesé lourdement sur les intentions de Bourguiba, l’incitant davantage vers l’ouverture politique de son parti à des éléments de l’opposition. Mais cette ouverture politique est très timide, car ne pouvant se faire que dans le respect du monopole du P.S.D. et du régime de Bourguiba.

Faisant suite à cette ouverture politique, le 8 mars 1980, Bourguiba a présidé au Palais de Carthage, la réunion du bureau politique du P.S.D. Et à l’initiative du Président, le bureau politique du P.S.D. par la voix de son Président Mohamed Sayah a arrêté trois résolutions dont la troisième a entériné cette ouverture politique dans les termes suivants :

Levée de la décision d’exclusion du Parti en date du 21 janvier 1972 prise à l’encontre de M.Ahmed Mestiri, de la décision en date du 10 mars 1974 portant suspension des activités de Mme. Radhia Haddad au sein du Parti et de la décision d’exclusion du Parti émanant du 9ème Congrès du parti en septembre 1974 à l’encontre de MM.Béji Caïd Essebsi, Mohamed Ben Amara, Hassib Ben Ammar, Sadok Ben Jemaa, Habib Boularès, Mohamed Salah Belhaj et Mohamed Moada. En vertu de la levée de ces décisions, les sus-nommés recouvrent leurs droits en tant que membres actifs du Parti.

Ahmed Mestiri et Mohamed Moâda qui appartiennent au M.D.S. ont répondu défavorablement à l’appel de Bourguiba estimant que le geste de Bourguiba bien qu’il procède de “bonnes intentions“, “ne modifie pas fondamentalement les données des problèmes qui se posent au pays à l’heure actuelles“.

En effet, Ahmed Mestiri a eu un entretien avec Bourguiba le 6 mars 1980 au sujet de son intégration dans le gouvernement de Bourguiba et son parti le P.S.D. mais Ahmed Mestiri dans sa réplique a décliné cette proposition en soulignant : “la nécessité de dresser un bilan complet et sincère de la situation et de procéder aux changements substantiels et indispensables répondant aux aspirations du peuple tunisien et aux impératifs de l’avenir.

Toutefois, d’autres dirigeants du M.D.S. n’ont pas été opposés au geste de Bourguiba préconisant l’ouverture politique comme : Habib Boularès, Radhia Haddad, Béji Caïd Essebsi, Mohamed Amara, Hassib Ben Ammar, Sadok Ben Jemaâ et Mohamed Salah Belhaj.

L’ouverture politique de Bourguiba visait en réalité l’intégration des dirigeants du M.D.S. non seulement au Gouvernement mais aussi au P.S.D. de Bourguiba. C’était la meilleur solution pour affaiblir le M.D.S et l’encadrer politiquement.

Toutefois, parmi les membres du M.D.S., il y avait uniquement deux membres qui ont accepté de rejoindre le Gouvernement de Mohamed Mzali et d’intégrer le P.S.D. : il s’agissait de Sadok Ben Jemaâ et Béji Caïd Essebsi. Mais Bourguiba a exigé de Sadok Ben Jemaâ et de Béji Caïd Essebsi d’intégrer le parti politique du P.S.D. comme condition préalable à leur nomination au sein du Gouvernement de Mohamed Mzali.

Cette condition a été acceptée par Béji Caïd Essebsi et Sadok Ben Jemaâ impliquant ainsi leur démission du “Mouvement des Démocrates Socialistes”, mouvement qui n’a pas encore reçu l’autorisation de se constituer en parti politique, au cours de l’année 1980.

En ce qui concerne Béji Caïd Essebsi, celui-ci a rapidement répondu positivement à l’appel de Bourguiba et a été reçu par ce dernier le 17 mars 1980. ( voir le quotidien tunisien “La Presse” du 18 mars 1980 ).