Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Dans une interview publiée par le journal français “L’Express” en date du 16 juillet 2009, intitulée : Béji Caïd Essebsi : Bourguiba, ” ni despote…ni démocrate ” propos recueillis par la journaliste Dominique Lagarde, Béji Caïd Essebsi a déclaré à propos de son entretien qu’il a eu avec Bourguiba le 17 mars 1980 concernant son intégration au gouvernement et au P.S.D., que :

… Bourguiba est un pragmatique qui sait composer avec les forces en présence. Lorsqu’il m’a demandé, après la nomination en 1980 de Mohamed Mzali au poste de Premier ministre, de revenir au gouvernement – où je n’étais plus depuis le début des années 1970 – j’ai d’abord refusé. Il m’a demandé pourquoi. Je lui ai alors expliqué que je ne croyais plus au parti unique. Je voulais rester destourien, contrairement à Mestiri, mais je pensais que d’autres formations que la nôtre devaient pouvoir exister…

D’abord, Béji Caïd Essebsi pour sauver son honneur a fait semblant d’avoir refusé la proposition de Bourguiba d’intégrer le Gouvernement et le P.S.D : ce qui d’ailleurs n’est pas véridique puisqu’il a accepté cette proposition au motif qu’il veut rester “destourien, contrairement à Ahmed Mestiri“.

Ainsi, Béji Caïd Essebsi tourne son dos à Ahmed Mestiri et à son M.D.S, le 17 mars 1980 en acceptant d’intégrer le gouvernement de Bourguiba, oubliant toutes ses critiques formulées de 1971 à 1974 contre Bourguiba et à son régime, période durant laquelle Béji Caïd Essebsi ne se revendiquait pas de sa qualité de destourien mais se revendiquait de son appartenance à l’aile libérale au sein du M.D.S. en rejoignant le combat d’Ahmed Mestiri.

Quant à son argument de vouloir intégrer le gouvernement de Bourguiba parce qu’il voulait rester destourien, cette argumentation a été d’ailleurs critiquée par Bourguiba qui dénonçait en 1974 le recours à cette référence de la qualité de destourien invoquée par l’aile libérale dont faisait partie Béji Caïd Essebsi. Lors de sa conférence de presse du 15 septembre 1974, Bourguiba a dénonçé le recours à l’étiquette de destourien invoquée par l’aile libérale dont faisait partie Béji Caïd Essebsi (voir supra sous VI), en soulignant :

Je ne pense pas qu’un Parti aussi ouvert au dialogue que le nôtre doive se plier aux caprices des trois tondus et de quatre pelés dont le rôle se limite à créer des diversions. J’estime en toute conscience qu’il faudrait se débarrasser de ces personnes qui se servent de leurs qualité de Destouriens comme couverture pour saboter les travaux de ce congrès et pour s’imposer une seconde fois en usant des mêmes méthodes détournées que lors du précédent congrès.

Si réellement, Béji Caïd Essebsi prétendait défendre le pluralisme et la démocratie, pourquoi a-t-il accepté d’intégrer le P.S.D. de Bourguiba ainsi que son gouvernement en 1980 et pourquoi s’il voulait défendre le pluralisme et la démocratie, n’a–t-il pas réagi en refusant d’intégrer le gouvernement comme cela a été fait parAhmed Mestiri ? On ne peut pas défendre le pluralisme en intégrant le P.S.D. et en quittant le M.D.S. car Bourguiba ne voulait pas réellement introduire le pluralisme…

D’ailleurs, à ce sujet, Ahmed Mestiri a eu un entretien avec Bourguiba le 6 mars 1980 au sujet de son intégration dans le gouvernement de Bourguiba et son parti le P.S.D. Cependant, contrairement à Béji Caïd Essebsi, Ahmed Mestiri dans sa réplique a décliné cette proposition au motif de la :

la necessité de dresser un bilan complet et sincère de la situation et de procéder aux changements substantiels et indispensables répondant aux aspirations du peuple tunisien et aux impératifs de l’avenir. (déclaration rapportée par l’Agence TAP du samedi 8 mars 1980)

En acceptant d’intégrer le P.S.D. de Bourguiba, Sadok Ben Jemaâ a été nommé le 15 avril 1980 comme Ministre des Transports et des Communications en remplacement de Hassan Belkhoja. Il en est de même pour Béji Caïd Essebsi qui a été nommé le 4 septembre 1980 comme Ministre délégué auprès du Premier Ministre.

Cette première désignation de Béji Caïd Essebsi dépendant directement du premier Ministre Mohamed Mzali était un test pour contrôler les futurs agissements de Béji Caïd Essebsi, notamment à l’égard du M.D.S.

Lors du 11ème Congrès extraordinaire des 10-11 avril 1981, Béji Caïd Essebsi a été élu comme membre du Comité Central du P.S.D. Également, le 15 avril 1981, Bourguiba en désignant les membres du Bureau politique du P.S.D., a désigné Béji Caïd Essebsi comme nouveau membre de ce Bureau politique.

Ce même jour du 15 avril 1981, Bourguiba a nommé Béji Caïd Essebsi comme Ministre des affaires étrangères, fonction qu’il avait occupé jusqu’au 15 septembre 1986, connaissant lors de son Ministère beaucoup d’évènements maléfiques ( menaces militaires de Kadhafi sur la Tunisie avec exclusion des travailleurs tunisiens de la Lybie en 1985, raid d’Israël en 1985 sur le quartier de l’O.L.P. de Yasser Arafat à Hammam-Chatt, aux environs de Tunis, etc…). Cette nouvelle nomination était destinée à éloigner Béji Caïd Essebsi des affaires intérieures pour éviter le scénario d’Amed Ben Salah lorsque Béji Caïd Essebsi était Ministre de l’intérieur de 1965 à 1970 (voir supra sous II).

Lors des élections législatives anticipées du 1er Novembre 1981, Béji Caïd Essebsi a été élu député à la Chambre des Députés. Cependant, les élections législatives ont été truquées pour ne pas permettre aux mouvements d’opposition, notamment le “Mouvement des Démocrates Socialistes” (M.D.S.), et le “Mouvement de l’Unité Populaire” (M.U.P.) d’Ahmed Ben Salah, ainsi que le mouvement du Parti Communiste, d’avoir les 5% des voix votants, leur permettant d’être reconnus légalement .