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Lors de l’interview précitée publiée dans le journal français “l’Express” en date du 16 juillet 2009, la journaliste Dominique Lagarde avait demandé à Béji Caïd Essebsi sa réaction devant les élections législatives du 1er novembre 1981 qui étaient truquées et pourquoi n’a-t-il pas démissionné ? Voici la réponse de Béji Caïd Essebsi en reproduisant le questionnaire de la journaliste Dominique Lagarde :

Question de Dominique Lagarde : Mais la tentative d’ouverture du régime, que l’on attendait à l’occasion des élections législatives de 1981, échoue lamentablement. On bourre les urnes pour empêcher les partisans de Mestiri d’entrer au Parlement et d’obtenir les 5 % qui permettraient au MDS d’avoir une existence légale. Sans qu’aucun des partisans de la démocratisation du régime ne démissionne…”

Réponse de Béji Caïd Essebsi : On n’a pas bourré les urnes. On a décidé, avant même l’ouverture du scrutin, d’ignorer le vote des électeurs et de publier des résultats fabriqués de toutes pièces. Le gouvernement était divisé sur cette question du multipartisme et, malheureusement, nous n’avons pas tous tenu le même discours à Bourguiba. Moi, je n’étais plus en première ligne, car le chef de l’Etat m’avait entre-temps demandé de prendre le poste de ministre des Affaires étrangères, ce qui était aussi une façon de m’éloigner de la politique intérieure. Le ministre de l’Intérieur, Driss Guiga, était, lui, convaincu que Bourguiba, en dépit de ses déclarations devant le congrès du parti, ne voulait pas du multipartisme. J’ignore quelle a été la teneur exacte de ses conversations avec le président, je ne sais pas non plus s’il a reçu de sa part des instructions précises, ou s’il a interprété ses désirs. Il a en tout cas concouru à altérer la portée de ces élections, qui dev
aient être le moment de vérité du gouvernement Mzali.

Question de Dominique Lagarde : Pourtant, personne n’a démissionné, même pas vous, qui aviez quitté avec fracas, en 1972, votre poste d’ambassadeur en France.”

Réponse de Béji Caïd Essebsi : Non. Mzali, le chef du gouvernement, informé par Guiga la veille même des élections, a publiquement regretté par la suite de ne pas avoir claqué la porte à l’occasion de cet échec. Nous, les autres ministres de l’ouverture, n’avons appris que plusieurs mois plus tard ce qui s’était réellement passé, même si nous étions conscients que le crédit du gouvernement était atteint.

En faisant le commentaire de ces déclarations, Béji Caïd Essebsi a affirmé qu’il n’était pas en première ligne lors de ces élections législatives du 1er novembre 1981 parce qu’il a été nommé Ministre des affaires étrangères. Néanmoins, il convenait de rappeler que Béji Caïd Essebsi avait oublié qu’il était candidat lors de ces élections législatives du 1er novembre 1981 et qu’il était également élu député à l’issue de ces élections. Par conséquent, étant élu député lors de ces élections législatives du 1er novembre 1981, Béji Caîd Essebsi a bien suivi le déroulement de ces élections tout en étant bien placé pour connaître de la réalité du trucage de ces élections, trucage qui va à l’encontre de la politique tendant au pluralisme préconisée par Bourguiba et par son Premier Ministre Mohamed Mzali… Mais alors que Béji Caïd Essebsi avait toujours prétendu défendre le pluralisme et la démocratie, si telles avaient été ses intentions pourquoi n’a-t-il pas démissionné de son siège de député, siège obtenu d’une élection truquée allant à l’encontre du pluralisme et de la démocratie ?…! Selon ses dires, Béji Caïd Essebsi n’avait appris que quelques mois plus tard de la réalité du trucage des élections législatives du 1er novembre 1981. Si réellement Béji Caïd Essebsi était honnête, il devrait démissionner lorsqu’il avait pris connaissance du trucage de ces élections et non pas conservé son siège de député jusqu’au 2 novembre 1986, sachant bien que son mandat a été obtenu grâce à des élections truquées…!?

Dès le début de l’année 1986, la course à la succession de Bourguiba s’est confirmée par des remaniements ministériels. Les émeutes du pain en 1984, les manifestations incessantes du Syndicat U.G..T.T durant les années 1982-1985, les menaces de la Lybie sur la Tunisie durant les années 1984-1985 et le raid d’Israël en 1985 sur le quartier de l’O.L.P, près de Tunis, et l’ensemble de ces évènements ont affaibli le régime de Bourguiba. A cela, il convient d’ajouter le vieillissement de Bourguiba qui de plus en plus a du mal à contrer ses adversaires qui sans cesse cherchent à lui succéder.

C’est dans ce contexte que le 8 juillet 1986, sous l’influence du clan Hédi Baccouche et le général Ben Ali ( le président déchu), le Président Bourguiba a démis Mohamed Mzali de sa fonction de Premier Ministre lui reprochant d’être laxiste envers les islamistes et a nommé Rachid Sfar pour assurer désormais cette fonction de Premier Ministre.

Avec la destitution de Mohamed Mzali, le Président Bourguiba a procédé à des remaniements ministériels. Ainsi, Bourguiba avait mis fin le 15 septembre 1986 à la fonction de Béji Caïd Essebsi en tant que Ministre des affaires étrangères le remplaçant à cette fonction par Hédi Mabrouk.

Et dès le début de l’année 1987, Bourguiba avait nommé Béji Caïd Essebsi comme Ambassadeur en Allemagne de l’Ouest. Ainsi, Béji Caïd Essebsi s’est trouvé pour la troisième fois nommé Ambassadeur, mesure qu’il a toujours considéré comme une sanction l’éloignant du territoire tunisien.