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Photo : Mosaiquefm.net

Un an et neuf mois de prison ferme. Les rappeurs Weld El 15 et Klay BBJ viennent d’être condamnés… sans même avoir été prévenus de leur procès.

« Ce procès a eu lieu sans que nous ayons reçu de convocation […] Je vais parler à mes clients pour faire opposition à ce jugement, mais cette peine de prison ferme montre que l’acharnement contre la liberté artistique, la liberté d’expression continue », a déclaré ce lundi 22 août à l’Agence France Presse (AFP) Me Ghazi Mrabet, leur avocat.

Me Mrabet lui-même a dû se contenter d’apprendre la condamnation des deux rappeurs vendredi 30 août après des fuites dans les médias, et n’a pu confirmer l’information qu’aujourd’hui, après s’être informé auprès du tribunal de Hammamet.

Weld El 15 et Klay BBJ, de leurs vrais noms Aladine Yacoubi et Ahmed Ben Ahmed, ont ainsi été condamnés par contumace pour outrage à des fonctionnaires (1 an), atteinte aux bonnes moeurs (3 mois) et diffamation (6 mois).

« C’est un jugement avec exécution immédiate », a précisé Me Mrabet à l’AFP. Les deux rappeurs peuvent donc être incarcérés à tout moment.

Weld El 15 et Klay BBJ avaient été interpellés puis relâchés le 22 août, à l’issue d’un concert qu’ils avaient donné au Festival international de Hammamet, les policiers estimant que leurs textes avaient été offensants envers les fonctionnaires.

Lors de l’arrestation, Weld El 15 avait été violemment battu par les policiers, sous les yeux de spectateurs du festival. Suite à cette agression et après avoir été relâché, le jeune rappeur de 25 ans avait été transporté à l’hôpital de Hammamet. Une vidéo prise par le reporter de Nawaat Emine Mtiraoui, présent sur place, le montre blessé au visage et souffrant de multiples contusions.

Ce soir-là, Weld El 15, souvent très critique envers les autorités dans ses chansons, n’avait pourtant pas interprété son célèbre et controversé morceau “Boulicia Kleb” (Les policiers sont des chiens). Une chanson qui lui avait valu, le 2 juillet 2013, d’être condamné en appel à six mois de sursis, après avoir écopé de deux ans ferme en première instance, pour diffamation, atteinte à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions et atteinte à la morale publique.

« Je ne sais plus quoi faire… Depuis que je suis sorti de prison, j’ai toujours des ennuis. Si j’ai la moindre opportunité d’obtenir l’asile politique, je quitterai la Tunisie. Je ne me sens pas libre ici », a confié Weld El 15, joint par Nawaat.

Avant d’être condamné une première fois, le rappeur avait en effet passé plusieurs mois en cavale, et avait fini par se rendre à la police de son plein gré. Et ses chansons, en plus de lui causer des ennuis judiciaires, lui ont clairement attiré l’hostilité de toute une profession. Weld El 15 avait d’ailleurs raconté avoir été insulté et agressé par trois agents de police, le 10 août à Sousse, alors qu’il était en train de dîner.

Son ami Klay BBJ, condamné à la même peine d’un an et neuf mois de prison ferme, avait lui aussi déjà été menacé. Dans une interview filmée par Nawaat en février 2013, alors que le rappeur était au Maroc, la mère du jeune homme dit avoir reçu la visite de deux hommes à son domicile, qui lui avaient demandé de convaincre Klay d’arrêter de faire des chansons qui parlent de politique.