Vendredi 26 août, l’Assemblée des représentants du peuple accorde sa confiance au gouvernement de Youssef Chahed. Le 30 juillet, l’ARP écarte le gouvernement Essid, jugé incapable de relever les défis de la Tunisie actuelle. Le 3 août, Béji Caid Essebsi désigne Chahed, ex-ministre des Affaires locales, pour remplacer Essid. Le lendemain de sa nomination, Chahed annonce les priorités de son gouvernement : sécurité, lutte conte la corruption, réduction du chômage, maîtrise des équilibres financiers et propreté des villes.
En dépit des discours prometteurs sur l’union nationale, le mercato politique a donné naissance à une composition gouvernementale dominée par les partis politiques au pouvoir. L’absence de compétences, le retour de plusieurs figures de l’ancien régime mais aussi l’ambition d’un grand nombre de députés à devenir ministres représentent les principaux traits du gouvernement Youssef Chahed. Son gouvernement vient par ailleurs confirmer l’absence de cohérence et de continuité entre les gouvernements transitionnels successifs. Depuis 2011, six gouvernements et trois remaniements ministériels ont animé la scène politique du pays, sans qu’aucun ne valorise le travail de son prédécesseur.
Si le gouvernement de la Troika, dirigé par Ali Larayedh, en 2013-2014, avait le nombre le plus élevé de ministres (28 ministères), le gouvernement de Youssef Chahed n’est pas loin de ce record avec ses 26 ministres.
Depuis la révolution, des ministères fantoches ont vu le jour dans le seul but d’assouvir les ambitions des partis politiques. D’autres ministères sensés traiter des dossiers urgents tels que la réforme administrative, le développement régional, l’environnement ou l’agriculture ont, soit disparu depuis le gouvernement de Mehdi Jomaa, soit été déplacés d’un ministère à l’autre sans explication. Ces changements successifs expriment l’improvisation des gouvernements dans le traitement des affaires de l’État. Cette improvisation se traduit, principalement, par l’instabilité politique et le blocage des différents dossiers. Ceci est un tableau qui dresse les changements des ministères au gré des partis politiques :
La fusion ou la disparition de certains ministères
Ministère | Gouvernement | Les ministères | Parti | |
---|---|---|---|---|
Développement régional/Développement durable | ||||
Mohamed Ghanouchi | ministère du Développement régional et local | PDP | ||
Béji Caid Essebsi | ministère du Développement régional et local | Indépendant | ||
Hamadi Jebali | ministère du Développement régional et planification | Ennahdha | ||
Ali Larayed | Le développement régional n’a plus de ministère | |||
Mehdi Jomaa | ministère de l’Équipement, de l’Aménagement du territoire et du Développement durable | Indépendant | ||
Habib Essid | ministère de l’Environnement et développement durable | UPL | ||
Youssef Chahed | Aucun ministère pour le développement durable ou régional | |||
Droits de l’Homme et justice transitionnelle | ||||
Mohamed Ghanouchi | Aucun ministère pour les Droits de l’Homme et la justice transitionnelle | |||
Béji Caid Essebsi | ||||
Hamadi Jebali | ministère des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle et porte-parole du gouvernement | Ennahdha | ||
Ali Larayed | Ministre des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle et porte-parole du gouvernement | Ennahdha | ||
Mehdi Jomaa | ministère de la Justice, des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle | Indépendant | ||
Habib Essid | ministère en charge des relations avec les Instances Constitutionnelles, la société civile et les droits de l’homme (disparition de la justice transitionnelle) | Indépendant | ||
Youssef Chahed | ministère en charge des relations avec les Instances Constitutionnelles, la société civile et les droits de l’homme (disparition de la justice transitionnelle) | |||
Environnement | ||||
Mohamed Ghanouchi | ministère de l’Agriculture et de l’Environnement | RCD | ||
Béji Caid Essebsi | ministère de l’Agriculture et de l’Environnement | Indépendant | ||
Hamadi Jebali | ministère de l’Environnement | Ettakatol | ||
Ali Larayed | ministère de l’Équipement et de l’Environnement | Ennahdha | ||
Mehdi Jomaa | Aucun ministère pour l’environnement | |||
Habib Essid | ministère de l’Environnement et du Développement durable | UPL | ||
Youssef Chahed | ministère des affaires locales et de l’Environnement | Afek Tounes | Coopération internationale | Mohamed Ghanouchi | ministère de la Planification et de la coopération internationale | RCD |
Béji Caid Essebsi | ministère de la Planification et de la coopération internationale | RCD | ||
Hamadi Jebali | ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale | Ennahdha | ||
Ali Larayed | Ministère du Développement et de la coopération internationale | Indépendant | ||
Mehdi Jomaa | Aucun ministère pour la coopération internationale | |||
Habib Essid | ministère Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale | Afek Tounes | ||
Youssef Chahed | ministère Développement,de l’Investissement et de la Coopération Internationale | Indépendant (UTICA) | ||
Industrie | ||||
Mohamed Ghanouchi | ministère de l’Industrie et de la Technologie | RCD | ||
Béji Caid Essebsi | ministère de l’Industrie et de la Technologie | RCD / Nidaa Tounes | ||
Hamadi Jebali | ministère de l’Industrie | Ennahdha | ||
Ali Larayed | ministère de l’Industrie | Indépendant | ||
Mehdi Jomaa | ministère de l’Industrie de l’Énergie et des Mines | Indépendant | ||
Habib Essid | ministère de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines | RCD | ||
Youssef Chahed | ministère de l’Industrie et du Commerce | Ennahdha |
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