En ce 17 décembre, au centre de Thala, les habitants préfèrent profiter de la matinée ensoleillée près des ruines antiques. A Kasserine, un homme âgé clame près d’un bureau de vote: « aujourd’hui, le pays est à genoux, et avec ce scrutin il va finir par ramper ». Difficile de dénicher un quelconque indice de ferveur électorale dans ces villes, berceaux de la Révolution. Reportage.
La loi des finances 2018 a provoqué de vives tensions autour de l’inflation des prix qu’elle introduit. Les catégories les plus précaires de la population tunisienne, déjà harassées par les séquelles d’une crise économique interminable, n’ont pas eu d’autres choix que de prendre à nouveau la rue. Une nouvelle vague de manifestations secoue le pays depuis début janvier et s’est rapidement transformée en affrontements entre contestataires et forces de sécurité, dans 18 gouvernorats du pays. Leur confrontation a atteint son paroxysme lundi soir, avec la mort d’un manifestant à Tebourba, près de la capitale.
Rares sont les films qu’on aimerait aimer d’un cœur net. Thala mon amour de Mehdi Hmili est de ces films-là. Seulement voilà : on aimerait apprécier son élan, avec ce que suppose le saut du petit bassin du court au grand large du long-métrage, mais on n’y arrive pas. Ceux qui connaissent sa magnifique Nuit de Badr, et le non moins intimiste Dernier minuit, savent combien le cinéma de Mehdi Hmili n’est jamais aussi troublant que quand il se laisse troubler. Car tout ce qu’il dit et met en scène, il l’a sur le cœur. Nul doute qu’il a mis de cette sincérité-là dans Thala mon amour, mais l’a vite diluée dans la naïveté.
Globalement, le film est une réussite : son existence est en soi une entreprise de reclassement symbolique de Thala-Kasserine et de ce qu’elle représente, des mobilisations de 2011 et de ce qu’elles représentent, et par là même de l’idée de révolution et de ce qu’elle représente. Si vous êtes de “ceux qui croient encore”, allez-y.
Dans l’indifférence générale, l’hépatite C continue de tuer et de terroriser les habitants de Thala. Si l’on en croit les chiffres du ministère de la Santé et le témoignage des habitants, le nombre de victimes du virus dans la localité serait en forte augmentation depuis 2013. Après les deux enquêtes menées en 2013 à Thala par le ministère de la Santé, l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergente effectue une novelle recherche, d’ampleur nationale, concernant cette fois ci tous les types d’hépatites. En attendant ces nouveaux résultats, les habitants de Thala demandent l’accès aux chiffres de 2013 et dénoncent une volonté politique de camoufler l’existence d’une épidémie en ville.
Thala a été la dernière destination d’un voyage qui nous a conduit aux sit-ins des chômeurs de Dahmnani, du Ksour, de Jedliane, de Sbiba et de Sbeïtla. Une parité réelle entre garçons et filles. Une détermination militante à mener le combat jusqu’au bout. Ce qui retient l’attention, c’est cette énergie mobilisatrice affichée, ce sérieux, cette maîtrise organisationnelle. En dépit des controverses, les débats témoignent d’une maturité certaine et d’une vision approfondie. La réalité locale est évoquée dans ses imbrications avec le contexte national et parfois même international.
L’atmosphère a commencé à devenir tendue, quand des policiers ont essayé d’interdire aux partisans de Issam l’accès au procès. Des slogans ont été scandés dans le hall du tribunal pour exiger l’ouverture de l’audience à tout le monde. Après quelques minutes, la défense de Issam a réussi à avoir l’approbation du juge pour laisser l’accès libre au procès.
Le petit appartement des Amami est devenu le point de chute d’un groupe de jeunes et de militants en état d’alerte, qui viennent s’informer sur les actions à venir pour la libération de Azyz Amami. Le mot d’ordre est la libération du « prisonnier », mais pas seulement. Il s’agit aussi et surtout de « continuer la révolution et de rectifier l’itinéraire révolutionnaire ». Après le choc et l’indignation, c’est la détermination qui nourrit, désormais, les discussions. « Merci à Azyz, car aujourd’hui nous n’avons plus aucun doute que l’Etat policier est toujours là ! Notre priorité est maintenant claire : la révolution ! », crie un des camarades de Azyz.
Qualifiée de « mascarade », de « haute trahison », de « parodie de procès » et de « crime », le verdict prononcé, samedi dernier, par la Cour d’appel militaire dans l’affaire des martyrs du Grand Tunis, de Thala et de Kasserine, a suscité l’indignation et la colère des familles des martyrs et blessés, de leurs avocats et d’une grande partie de la société civile et des partis politiques.
Du 16 au 24 mars auront lieu les journées du cinéma des droits et des libertés dans trois villes du pays : Thala, Le Kef et Tunis. Alors que le pays est en pleine mutation, que les questions de liberté et de droit sont au centre des débats, la culture apporte sa contribution à la réflexion.
A Thala le taux de prévalence de l’hépatite C serait de 8,23% selon un dépistage organisé par une association. Le ministère de la Santé s’est empressé de démentir. Et les médias ont tour à tour publié des articles sans que personne ne réussisse à démêler le vrai du faux.
Une vidéo filmée hier soir à Thala, nous a été envoyée par Jaber Omri. Les scènes montrent la maison de la famille du martyr Mohamed Omri, après que plus de 20 policiers des brigades d’intervention y aient fait irruption vers 3h du matin en lançant des bombes lacrymogènes.
M.Ahmed Jdey est un éminent historien tunisien qui nous a quitté le 20 juillet dernier. On a eu l’honneur de le rencontrer au mois de mars lors d’une visite à Berlin organisée par l’association Le Labo Démocratique et le mémorial Hohenschönhausen.