Crédit image : ettounsiyatv.com/
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Lors d’une conférence, tenue en ce matin du jeudi 15 août 2013, le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, est revenu sur la situation politique actuelle en Tunisie ainsi que sur les événements en Egypte.

Des « erreurs de la coalition »… mais refus d’un gouvernement de salut national apolitique

Rached Ghannouchi a reconnu que la coalition au pouvoir dirigée par Ennahdha avait commis des erreurs :

« Nous avons commis beaucoup d’erreurs, il y a du retard dans le traitement de certains dossiers sensibles, mais nous ne permettrons pas aux putschistes de diviser le peuple. La logique du retournement contre la légitimité est injustifiable. »

Bien qu’il admette un bilan négatif, le président d’Ennahdha le réaffirme : « Les errements du gouvernement ne justifient pas les appels à sa chute », ajoutant que le pays ne supporterait pas un vide au niveau de sa gérance vu sa situation actuelle. Il a également repris l’exemple du dernier remaniement ministériel, qui a pris six mois, pour justifier sa position.

Des propos qui viennent en écho aux critiques de Hamadi Jebali, qui selon Shems FM a affirmé dans le journal Attounissia que le mouvement Ennahdha n’avait pas effectué les bonnes nominations, en référence aux chiffres publiés par l’Union tunisienne du service public et de la neutralité de l’administration. 86 % des nominations dans les institutions de l’Etat ont ainsi été faites par Ennahdha.
Rached Ghannouchi s’est, de son côté, engagé à prendre toutes les mesures pour assurer la neutralité des administrations.

Le président du mouvement Ennahdha a également rejeté les appels à la création d’un gouvernement de salut national apolitique, soutenant qu’une telle mesure aurait des répercussions dangereuses et négatives sur le pays sans répondre aux défis auxquels il doit faire face. C’est un gouvernement composé de plusieurs personnalités appartenant à des partis politiques, présidé par Ennahdha avec à sa tête Ali Laarayedh, que Ghannouchi propose en contrepartie. Il précise par ailleurs que Nidaa Tounès n’est pas exclu du dialogue national au sein duquel Ennahdha invite toutes les parties.

L’Assemblée nationale constituante, le « pilier qui tient la tente »

Qualifiant les initiatives appelant à la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale constituante (ANC) de « chaotiques », Rached Ghannouchi appelle également à la reprise de ses travaux, soulignant le peu de temps restant pour finaliser la loi électorale avant les prochaines élections programmées pour la fin de l’année 2013. Pour lui, le gel n’est que provisoire.

Quant au sit-in Errahil au Bardo, revendiquant la dissolution de l’ANC et la chute du gouvernement, selon Rached Ghannouchi :

« il sert les intérêts d’un agenda étranger ».

Le leader met ainsi en garde contre le danger d’un non-respect des fondements de la démocratie en insistant sur la légalité des procédures par lesquelles un gouvernement peut être destitué.

Il ajoute que la loi d’immunisation de la révolution est, quant à elle, toujours d’actualité et sera négociée quand l’Assemblée nationale constituante reprendra justement ses travaux. Quant aux députés ayant appelé à la dissolution du gouvernement, « ils n’appartiennent pas au parti Ettakatol », a-t-il précisé.

Le chef du mouvement Ennahdha a également présenté un calendrier concernant la mise en place de la composition de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) (une semaine après la reprise des travaux de l’ANC), la finalisation de la constitution (fin du mois de septembre) et l’échéance finale des travaux de l’ANC (pour le mois d’octobre).

L’Egypte : « Un des coups d’Etat les plus monstrueux de l’Histoire »

Revenant sur les événements tragiques en Egypte, Rached Ghannouchi martèle qu’il n’y aura pas de « Sissi » en Tunisie, en référence au général Abdelfattah Al-Sissi, chef de l’armée égyptienne.
Le président d’Ennahdha soutient qu’il faut tirer les leçons de la « catastrophe » qui a eu lieu en Egypte et privilégier l’union, le consensus et le dialogue pour sortir le pays de la crise.

Il est à noter qu’il s’était exprimé sur le même sujet, le 14 août, sur la chaîne télévisée Al Moutawasset. Il s’était alors déclaré horrifié face à un drame « résultat d’une monstruosité », « un des coups d’Etat les plus monstrueux de l’Histoire », ajoutant : « ce qui arrive en Egypte sera pour nous une façon d’immuniser la révolution tunisienne ».

Rached Ghannouchi avait également affirmé, durant cette interview télévisée :

« […] ce qu’ils appellent Islam politique de nos jours a fait preuve d’un grand héroïsme face à une pauvreté d’âme monumentale et horrible que viennent de dévoiler ceux qu’on appelle libéraux, modernistes et progressistes. »

Le Hamas en Tunisie : une fausse rumeur

Concernant la présence de certains éléments du mouvement du Hamas en Tunisie pour entraîner des “combattants” d’Ennahdha aux arts martiaux et à l’utilisation des armes, il a formellement démenti ce qu’il a qualifié de « rumeur » propagée par des médias « douteux », affirmant ensuite que même sous le régime Ben Ali, le mouvement n’avait pas perpétré de violences.

Pas de voyage hors du territoire tunisien

Quant à la polémique concernant les soupçons de son soudain départ à l’étranger quelques jours auparavant, qui lui aurait fait reporter sa rencontre, le 14 août, avec Houcine Abassi, secrétaire général de l’UGTT, Rached Ghannouchi a précisé, sur sa page Facebook officielle, qu’il n’avait pas quitté le territoire tunisien. Plusieurs rencontres, effectuées le même jour, en attesteraient.

Le cabinet du président d’Ennahdha avait publié un communiqué, le jour-même, démentant ce voyage et pointant du doigt les médias, accusés alors de diffamation. Il s’est pourtant avéré que l’information provenait du ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, qui lors d’une interview sur Shems FM, le 14 août 2013, avait avancé comme explication de l’annulation de la rencontre de Ghannouchi avec Houcine Abassi : « Cheikh Rached Ghannouchi a un voyage et des engagements urgents à entreprendre ».

Rached Ghannouchi a finalement précisé que le dialogue avec l’UGTT se poursuivrait le lundi 19 août.