Armoiries de la 2ème République : A la recherche de la « dignité »

On aura beau chercher, sur les formulaires, les extraits de naissance ou de mariage, sur les cartes d’identité ou les passeports, impossible de dénicher le mot « dignité » sur un document officiel tunisien. Alors que la devise nationale a été modifiée dans l’Article 4 de la constitution, pour ajouter le mot « dignité », passant ainsi de « Liberté, Justice, Ordre » à « Liberté, Dignité, Justice, Ordre », les armoiries, elles, n’ont pas suivi. Quatre ans après la nouvelle constitution, nous sommes partis à la recherche de la « dignité ».

Pourquoi je n’ai pas aimé « El Jaïda » de Salma Baccar ?

J’ai pu assister la semaine dernière à la projection du film El Jaïda de Salma Baccar actuellement projeté dans plusieurs salles de cinéma de la capitale. Sarcastique, j’ai écrit sur ma page Facebook : « j’aurais aimé que le film soit appelé « c’est ça le vrai Bourguibisme » au lieu d’être appelé El Jaïda ». Beaucoup de mes amis ont cru que c’est une position « politique ». Certains ont pris mes propos pour un anti-bourguibisme primaire. D’autres ont interprété cela comme étant une position contre la réalisatrice.

Entre l’IVD et le tribunal militaire, Siliana n’a pas encore connu justice

Le 24 novembre 2017 s’est tenue l’audition publique de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) concernant les événements de la chevrotine du 27 novembre 2012 à Siliana. Au-delà de la polémique suscitée par les témoignages des deux responsables politiques de l’époque, Ali Laareyedh et Hamadi Jebali, l’IVD a dénoncé le refus de la justice militaire de lui fournir des éléments des dossiers, nécessaires à son enquête. En attendant la création des chambres spécialisées proclamées depuis 2015, la paralysie du processus de justice transitionnelle continue au prix des droits des victimes et de la vérité.

Sejnane et Siliana soufflent sur les braises de la contestation sociale hivernale

Alors que Sejnane se soulève contre la marginalisation et le chômage, l’impunité et le statu quo remuent le couteau dans les plaies de Siliana. Les acteurs des mouvements sociaux semblent conscients de l’intérêt d’une convergence de leurs luttes. Ce mois de janvier s’annonce aussi mouvementé que ses précédents, voire plus, avec une loi des finances 2018 qui risque d’élargir le cercle de la contestation.

L’infamie de Trump, la frustration des peuples et l’impuissance des Etats arabes

On l’a dit, on la répété, la décision du président américain, Donald Trump, de reconnaître el Qods comme capitale de l’Etat d’Israël est contraire à la légalité internationale. Elle est en vérité bien plus que cela. Elle consacre un acte de colonisation, l’annexion pure et simple d’une portion supplémentaire du territoire palestinien, d’autant plus importante qu’elle est dotée d’une puissante charge symbolique, historique et religieuse. Cette décision révoltante est une déclaration de guerre. Au peuple palestinien, bien sûr. Au monde arabe, cela va de soi. Mais également à l’ensemble des populations musulmanes.

« Le Bandit » de Taoufik Ben Brik : littérature couillarde ou machine à texticules ?

Si Ben Brik ne cesse de prêcher une littérature qui se veut couillarde, on lui doit quelques paquets de « texticules » méconnues. Le Bandit, qui vient d’être réédité aux Sud éditions, treize ans après sa première publication parisienne, en est un bon exemple. C’est l’histoire d’un Plagieur qui vole des bribes de livres entiers pour les recycler en un livre plein de tics, de trucs et de machins. Mais pour le « fou du paragraphe » qu’il est, on regrette qu’il le fasse en poseur. Faudrait-il lui taper dans le dos ? Un peu, oui, car ce serait dans tous les cas aussi efficace que de l’inviter à boxer.

Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. Où est donc la cité ?*

La Tunisie doit se défaire d’un fatalisme inouï dont les avatars principaux sont l’argutie, l’autoflagellation et le nanisme. Cet état d’esprit généralisé imprégné de morosité et d’impuissance mérite une réflexion profonde préalable à tout dénouement : Il y a ceux qui veulent faire, ceux qui regardent faire et ceux qui empêchent de faire. Qui fera en sorte que ces derniers ne soient pas les plus nombreux ?

Le marché du pouvoir, fondement de l’Etat du non-droit en Tunisie

En Tunisie, dans un Etat où les autorités n’ont pas la compétence ou bien l’objectif d’œuvrer pour le bien public, dans un Etat dont la justice est gangrenée, à l’arrêt, où le non-droit est la règle, le citoyen ne peut faire valoir ses moindres droits qu’en usant d’un certain degré de pouvoir personnel, direct ou indirect. Le pouvoir peut s’acquérir de différentes manières. A mille kilomètres du pouvoir politique, il existe en Tunisie un système du pouvoir, ou des pouvoirs, extrêmement étendu, couvrant toutes les couches sociales et s’infiltrant dans tout type de métier ou d’activité.

Psycaricatures de -Z- : Wided Bouchamaoui

Wided Bouchamaoui a été en première ligne de l’opposition à la loi des finances de 2018, contestant la hausse des impôts sur les entreprises. Par ailleurs, la présidente de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) vient de se porter candidate à la présidence de l’Union pour la Méditerranée (UPM).

Chokri Belaid, le martyr malmené

Quatre ans et neuf mois se sont écoulés depuis l’assassinat du martyr Chokri Belaid. Le tribunal de première instance de Tunis a reporté, le 21 novembre, l’examen de l’affaire pour le 20 février 2018. L’analyse impartiale de chaque point de vue, qu’il soit politique, juridique ou sociale, aboutit au même constat et accuse le même instigateur à savoir la tendance islamiste du pays, à sa tête le parti Ennahdha. Quatre ans et neuf mois représentent un temps précieux, offrant le recul et le discernement nécessaires pour rendre justice, avec ou sans la Justice.

Mouvements sociaux et environnement : Quels horizons en Tunisie ? (Partie II)

Dans la première partie, nous avons présenté les revendications des différents mouvements sociaux liés à l’environnement. Dans cette seconde partie, nous présentons les leçons à tirer des différents mouvements présentés dans la première partie. Nous n’avons présenté que les mouvements sur lesquels nous disposons d’informations ou les avons suivis lorsqu’ils ont eu lieu. Ceux non évoqués sont ceux pour lesquels des données nous manquent. Les lecteurs peuvent, dans leurs commentaires, nous éclairer sur des thématiques que nous n’avons pas évoquées ou des mouvements que nous avons omis.

Liste noire des paradis fiscaux : comment la Tunisie a contrarié l’Europe ?

Coïncidant avec la visite d’une délégation du Fonds Monétaire International (FMI) venue évaluer les avancées en matière de réformes structurelles et ratifier la troisième tranche de son prêt, la décision européenne d’inclure la Tunisie dans la liste noire des paradis fiscaux fait planer l’incertitude sur le climat économique et financier de la Tunisie. Elle pourrait se traduire par la suspension de l’aide financière européenne, ce qui aggraverait de fait un déficit budgétaire déjà des plus préoccupants.

Mouvements sociaux et environnement : Quels horizons en Tunisie ? (Partie I)

A la lumière de l’expérience vécue depuis 2011 en particulier, nous tentons de dresser un bilan des mouvements sociaux liés à l’environnement en Tunisie. L’exercice est périlleux, car la multitude des mouvements et, souvent, l’absence de couverture médiatique ne permettent parfois pas de les signaler pour pouvoir traiter de leurs revendications et de la suite donnée à ces mouvements. Conscients des limites d’une telle approche, nous tentons de faire une analyse des centres d’intérêts de ces mouvements et nous nous arrêtons sur leurs caractéristiques. Nous présenterons à la fin des pistes de réflexion à la lumière des leçons tirées des expériences analysées.

Assassinat de Farhat Hached : La France doit reconnaître toutes ses responsabilités

Il y a soixante-cinq ans, Farhat Hached mourrait. Assassiné par la France coloniale. Pendant longtemps, une vague milice composée de petits colons et d’hommes de la police a été incriminée – la Main rouge – que Wikipédia, pour le dire en passant, qualifie d’« organisation contre-terroriste » ! Puis la vérité a commencé à filtrer. Les assassins n’avaient pas agi de leur propre chef. La Main rouge n’était que le cache-sexe des services français de renseignement. A ce jour, pourtant, toute la lumière n’a pas été faite sur cette affaire.

Psycaricatures de -Z- : Mohamed Zinelabidine

Le ministre de la culture Mohamed Zinelabidine a créé la polémique en défendant, à l’Assemblée des Représentants du Peuple, les coupes budgétaires prévues par la loi des finances de 2018. Il a également défrayé la chronique en limogeant Moez Mrabet, le directeur du Centre Culturel International de Hammamet (CCIH) et Héla Ouardi, la directrice du département du livre au sein du ministère après sa transmission d’un dossier de corruption à la justice.

Exposition « Parterre(s) » d’Aïcha Filali : le torchon dans l’âme

Les neurones en feu et le sourire en coin, Aïcha Filali dote de vieilles loques d’une brève biographie, brodée en point de chaînette. Résultat ? Une sorte de mise à mal des étiquettes institutionnelles de l’art, qui a le cul entre deux chaises : entre la velléité des pièces à conviction qui s’égrènent sur les cimaises et le détour du banal dont un tas de serpillères sous plexi finira bien par avoir la peau. L’exposition « Parterre(s) » se poursuit à la Galerie A. Gorgi (Sidi Bou Saïd), jusqu’au 20 décembre 2017.