Lorsque l’on interroge les habitants de Dhiba et Ben Guerdane sur leur perception du Sud tunisien, région à laquelle ils revendiquent appartenir, c’est la « marginalisation » tahmîch qu’ils évoquent en premier lieu. La forte perception de l’exclusion transcende les générations et le genre, même si elle est plus aiguë chez les jeunes chômeurs. Elle confirme l’affermissement, depuis la chute de Ben Ali, du tahmîch comme catégorie cognitive structurant la façon dont les populations rendent compte d’elles-mêmes, dans l’ensemble des territoires urbains et périurbains relégués dans le pays, à l’instar des quartiers populaires du Grand-Tunis ou du gouvernorat de Kasserine, à la frontière avec l’Algérie.
Slim Riahi passible de 15 jours de prison pour obstruction à la Justice
Parti du candidat à la présidentielle Slim Riahi, L’UPL doit, selon un arrêt de la Cour d’appel de Tunis daté du 4 février 2015, la somme de 183 396,330 TND à une société de conseil. En décembre dernier, il a personnellement fait obstruction à l’execution forcée de l’arrêt en renvoyant le commissaire de police du Lac, Rochdi Belkacem, et un huissier de justice du siège de son parti. L’argent et l’influence dont il jouit semblent faire de lui un citoyen au-dessus de la loi et de ses représentants.
Déchéance de nationalité, un slogan qui sent très, très mauvais
Il y a tout lieu de croire que la déchéance de nationalité des jihadistes n’est pas mises en avant par certaines forces politiques tunisiennes – y compris par une gauche qui n’a de radical que son opportunisme – dans le but de défendre les « acquis » de la révolution et l’« unité nationale » mais, bien plutôt, comme un instrument de positionnement et de démarcation politique.
Kasserine : Portraits d’une révolution en marche
Les pauvres sont responsables de leur pauvreté. De même, les kasserinois méritent leur sort. Le disque rayé de la machine propagandiste ressasse que les habitants de Kasserine sont fainéants, impatient, dangereux et fatalistes. L’absence de développement dans la région ? C’est assurément de leur faute, jamais celle des représentants de l’Etat, des élus ou d’un système économique gangrené par la corruption. Six ans après la révolution, malgré toutes les tentatives de castrer la résistance des pauvres, Kasserine garde espoir et renouvelle ses méthodes de lutte. La preuve, par quatre portraits.
« Thala mon amour » de Mehdi Hmili : tanguer entre deux luttes
Rares sont les films qu’on aimerait aimer d’un cœur net. Thala mon amour de Mehdi Hmili est de ces films-là. Seulement voilà : on aimerait apprécier son élan, avec ce que suppose le saut du petit bassin du court au grand large du long-métrage, mais on n’y arrive pas. Ceux qui connaissent sa magnifique Nuit de Badr, et le non moins intimiste Dernier minuit, savent combien le cinéma de Mehdi Hmili n’est jamais aussi troublant que quand il se laisse troubler. Car tout ce qu’il dit et met en scène, il l’a sur le cœur. Nul doute qu’il a mis de cette sincérité-là dans Thala mon amour, mais l’a vite diluée dans la naïveté.
Voyoucratie : Attessia, refuge médiatique de Belhassen Trabelsi
L’interview d’Attessia avec Belhassen Trabelsi a été très controversée à cause de ses réflexes tendancieux et ses procédés empathiques. A l’origine du déficit de crédibilité et des accusations de recyclage prémédité, la pauvreté informative de cet entretien, sa focalisation sur les luttes intestines dans les cercles du pouvoir ainsi que le background des intervieweurs. Aujourd’hui dans la clandestinité, le baron du clan mafieux s’est vu refuser ses demandes d’asile politique mais il a réussi à trouver un refuge médiatique sur Attessia.
Thala mon amour : l’incomplétude d’un reclassement symbolique
Globalement, le film est une réussite : son existence est en soi une entreprise de reclassement symbolique de Thala-Kasserine et de ce qu’elle représente, des mobilisations de 2011 et de ce qu’elles représentent, et par là même de l’idée de révolution et de ce qu’elle représente. Si vous êtes de “ceux qui croient encore”, allez-y.
À Sbeitla : le sit-in de la résistance pour le travail et la dignité
Lundi 9 janvier, devant les portes bleues décorées confusément d’anciens communiqués et slogans tagués des sit-ineurs, treize chômeurs scandent inlassablement « Le droit du chômeur est un devoir ! ». Nous sommes à la délégation de Sbeitla où « le sit-in de la résistance » se poursuit depuis 350 jours. Sous le ciel gris de ce matin glacial, les sit-ineurs bloquent la rue de la Délégation jusqu’à ce que « Tunis » prête attention à leurs revendications.
CAN 2017 : droits de diffusion et les dérives du foot-business
La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2017 aura lieu au Gabon, du 14 Janvier au 5 Février. Pour les Tunisiens, la question revient à chaque édition : Comment suivre la performance des Aigles de Carthage ? Le groupe qatari, Bein Sports, détient l’exclusivité des droits de diffusion sur tout le monde arabe et réclame pour le moment des sommes au-delà des moyens de la Télévision Tunisienne. Analyse.
Témoignage : Sousse, le 6 janvier 2011
Nous étions entre mille et deux milles étudiants, rassemblés derrière les remparts de la faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse. La révolution s’était déjà déclenchée et l’émotion atteignait des sommets après l’annonce du décès de l’homme immolé. Chacun de ces deux milles était prêt à devenir un kamikaze. Devant nous quelques dizaines de policiers armés, rangés en lignes et colonnes, attendaient depuis très tôt les ordres.
La gauche contre Marzouki
Si cette gauche conteste aujourd’hui l’alliance gouvernementale dans toutes ses composantes, son principal ennemi ne sont ni les forces restaurationnistes, politiques, sécuritaires ou économiques, ni le libéralisme (quoi qu’elle prétende) mais toujours et encore Ennahdha ainsi que la nébuleuse qui a soutenu la Troïka, les courants qui ont appuyé la candidature de Marzouki à la présidentielle et ceux qui persistent à le soutenir. Or, nous ne sommes plus du tout dans la configuration qui était celle de la Troïka et de la Constituante.
Et si on les recrutait ?
On a ainsi assisté à l’enchaînement bien ordonné des prises de parole des différents leaders du parti, qui chacun à son tour prononçaient quelques mots à la presse pour défendre le retour des terroristes de la Syrie. Ce fut d’abord le numéro un, ensuite Lourimi, ensuite Bhiri, puis dernièrement Dilou. Une campagne bien orchestrée en somme, et on peut s’attendre à ce que cela continue ainsi. Tant de discipline et d’organisation dénotent des concertations intenses et des décisions importantes au sein d’Ennahdha. Ce qui amène à la question suivante : Pourquoi les nahdhaouis sont-ils affolés par le retour des terroristes tunisiens ?
Nawaat 2016
Parcourez la sélection de nos dossiers qui ont marqué l’année.
TrackTour #30 : Scène musicale tunisienne émergente, les révélations de 2016
TrackTour se veut une locomotive médiatique pour la musique tunisienne émergente. Qu’elles viennent des milieux underground, des formations expérimentales ou tout simplement des musiques actuelles, les playlists proposées ont l’ambition d’être l’écho d’une scène productive et riche en diversité évoluant davantage sur le web plutôt que dans les médias dominants. Chaque semaine, nous vous proposons une playlist thématique de cinq titres, au gré de l’actualité.
*Les titres sont classés dans un ordre décroissant selon leurs dates de parution
Tunisie Telecom : le rachat hasardeux de GO Malta
Le 23 Août 2016, Tunisie Telecom est officiellement devenue actionnaire majoritaire de Go Malta. Le 13 septembre, Nizar Bouguila, PDG de Tunisie Telecom, est intronisé président du conseil d’administration de l’opérateur maltais. Fin novembre Anouar Maarouf révèle un secret de polichinelle : l’intention des Emiratis de se désengager de Tunisie-Telecom. Conflit d’intérêt, choix hasardeux, opacité et effet d’annonce repris sans vérification par des médias aux ordres des annonceurs. Retour sur une affaire qui n’a pas encore révél toutes ses facettes.
Ben Brik fait ses classes de dramaturge
Avec « Les frères Hamlet », Taoufik Ben Brik fait ses classes de dramaturge. S’il trouve son dérivatif dans Shakespeare, notre diablotin toutes catégories fait défiler Dostoïevski en coulisses, avec « Les frères Karamazov » sous les bras. En treize actes, il dresse un théâtre de forces où les questions ontologiques de l’être et de la jouissance précipitent le problème théologico-politique du pouvoir. Réinventant à plaisir ses personnages shakespeariens, Ben Brik ne lésine pas sur ses moyens pour les recycler en héros de « la tragédie arabe ».
TV en Tunisie : le pluralisme, une illusion quantitative
Plus d’une dizaine de chaînes donnent une impression de pluralisme. Mais peut-on l’affirmer ? Leurs lignes éditoriales, sont-elles si différentes ? Les contenus qu’ils proposent, expriment-ils une certaine diversité ? Les acteurs politiques qui y prennent la parole, sont-ils si variés ? Analyse.
La présence militaire américaine en Tunisie
Alors que les déclarations officielles s’avèrent peu concordantes sur le degré et la nature de la “coopération” militaire avec les puissances étrangères, des documents officiels, fuités par Nawaat fin mars, ont mis en lumière des négociations secrètes concernant une base militaire américaine en Tunisie.