Bien modeste, la cuvée des bons films pour l’année 2018 a de quoi nous rassurer. Après tout, c’est mieux que rien.
Cinéma : « Weldi » de Mohamed Ben Attia, touché au coeur
D’où « Weldi » tire-t-il sa justesse ? De ce qu’il n’appuie pas trop sur le drame qu’il met en scène : un fils part, et le film s’arrange avec délicatesse pour que ce départ ne soit pas aussi simple pour les parents. C’est de cette étoffe-là que Mohamed Ben Attia veut que notre sympathie soit faite, au risque de ne pas dépasser l’argument du drame. Actuellement en salles, le film est en compétition officielle au Tozeur International Film Festival.
Cinéma : « Astra » de Nidhal Guiga, difficile différence
Entre réalisme psychologique et bifurcation vers la fantaisie, « Astra » livre une parabole sur le refus de la différence, sans se départir d’une part d’opacité qui pénalise son propos. Tanit de Bronze des JCC 2018, ce court-métrage de Nidhal Guiga sera en compétition officielle au Tozeur International Film Festival, du 05 au 08 décembre 2018.
Cinéma : « Subutex » de Nasreddine Shili, dur comme fer
Attendu de pied ferme, « Subutex » de Nasreddine Shili est un documentaire clivant. Le pouvoir double qu’a sa caméra de porter au jour ce que la société relègue hors-champ, marque la force du geste en même temps que ses limites. Le film a été projeté dans le cadre des Journées Cinématographiques de Carthage 2018.
JCC 2018: «Dachra» d’Abdelhamid Bouchnak, angoissante pépite
La tête sur le billot, on maintient qu’avec « Dachra » d’Abdelhamid Bouchnak, un peu de sang neuf vient d’être injecté dans les veines de nos écrans. Hors compétition, le film a été projeté en séance spéciale aux Journées Cinématographiques de Carthage 2018.
JCC 2018: «Regarde-moi» de Nejib Belkadhi, les yeux dans les yeux
Sur le terrain d’une intimité bien tempérée, « Regarde-moi » de Nejib Belkadhi noue serré l’histoire d’un père et son enfant autiste. Sa délicatesse compte. Le film est en compétition officielle des longs-métrages de fiction, aux Journées Cinématographiques de Carthage 2018.
JCC 2018: «Fatwa» de M. Ben Mahmoud, loin du compte
À force de vouloir taper trop fort sur l’intégrisme, tout se passe comme si « Fatwa » de Mahmoud Ben Mahmoud se fixait des œillères, un pied dans la charge, l’autre dans les raccourcis. Le film est en compétition officielle des longs-métrages de fiction, aux Journées Cinématographiques de Carthage 2018.
JCC 2018: « Au bout du fil » de F. Djemal, métaphore d’une révolution avortée
Avec « Au bout du fil », Faouzi Djemal met toutes les chances de son côté, scénario et mise en scène, pour accoucher d’une excellente métaphore filmique d’une révolution avortée. Le film est en compétition officielle des courts-métrages de fiction, aux Journées Cinématographiques de Carthage 2018.
JCC 2018: «Brotherhood» de Meryam Joobeur, difficile filiation
Sur fond de drame familial, « Brotherhood » de la réalisatrice tuniso-américaine Meryam Joobeur oppose un père à son fils aîné, un revenant du djihad à la paternité naissante. À défaut de nous tenir en haleine, l’idée n’en reste pas moins intéressante. Après avoir remporté le prix du meilleur court-métrage au festival international du film de Toronto, « Brotherhood » est en compétition officielle des courts-métrages de fiction aux Journées Cinématographiques de Carthage 2018.
« Regarde-moi » de Nejib Belkadhi, ode à la différence !
« Regarde-moi » de Nejib Belkadhi met en scène le rapport d’un père à son fils autiste. Loin d’un traitement focalisé sur les aspects psychopathologiques, le réalisateur s’est intéressé aux répercussions de ces troubles sur les rapports humains entre les personnes de l’entourage familial d’un enfant atteint par ce handicap. Produit par Propaganda Productions, « Regarde-moi » est en compétition officielle de la 29ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC). Il sera en salles à partir du 11 Novembre 2018.
Cinéma: «Les Baliseurs du désert» de Nacer Khemir, enfin désensablé
Si la fable des « Baliseurs du désert » de Nacer Khemir ratisse large, c’est parce qu’elle met les résonances de la mémoire au défi de répondre à l’inquiétude du présent. Retour sur le film à l’occasion de sa sortie en salles en version restaurée, depuis le 17 octobre 2018.
Cinéma : « Black Mamba » d’Amel Guellaty, l’âme au poing
Avec une efficacité dans la narration comme dans la mise en scène, « Black Mamba » d’Amel Guellaty fait jouer contre le poids des normes sociales le personnage typé sans être stéréotypé d’une fille courage. Ce court-métrage sera projeté à San Francisco, dans le cadre du Silicon Valley African Film Festival qui se tient du 5 au 7 octobre 2018.
Cinéma : «Papa Hédi» de Claire Belhassine, une icône au passé recomposé
Passé le concert d’éloges, que voir dans « Papa Hédi » ? Certes un portrait intime du maestro Hédi Jouini. Mais surtout le matériau d’un documentaire potentiellement plus maîtrisé qui tendait les bras à sa réalisatrice Claire Belhassine. Le film est en salles depuis le 26 septembre 2018.
FIFAK 2018: «L’offrande» de H. Jerbi et Y. El Behi, en amendant Godot
Avec une rare inventivité et une belle maîtrise des moyens du cinéma, Halim Jerbi et Youssef El Behi font venir après une longue attente l’invisible Godot de Beckett. Leur court-métrage « L’offrande » est en compétition internationale, dans le cadre de la 33ème édition du Festival International du Film Amateur de Kelibia (FIFAK).
FIFAK 2018: «60 Waiting Shots and a Shot» d’Y. Sanheji, face au troisième âge
Sans forcément mettre ses éléments sous cloche, 60 Waiting Shots and a Shot est parmi les belles découvertes de la 33ème édition du Festival International du Film Amateur de Kelibia (FIFAK). Ce troisième court-métrage documentaire du Tunisien Youssef Sanheji, après Aquarium (2016) et Aqua (2017), n’est pas loin d’occuper le peloton de tête.
« L’Amour des hommes » de Mehdi Ben Attia : regards inversés
Sans rien renier de ses deux précédents films, Mehdi Ben Attia poursuit avec « L’Amour des hommes » sa quête de désirs fragiles et de corps qui se cherchent. C’est une histoire de regards inversés entre une jeune photographe tunisienne et ses jeunes modèles masculins. Sauf qu’en renversant le schéma iconoclaste de ce rapport de force, bonne idée du reste, la caméra cherche à se caler moins aux côtés des personnages qu’à leur place. Le film est en salles depuis sa sortie le 11 avril 2018.
Dossier: Tunisia Factory, le cinéma tunisien à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2018
En réunissant sur quatre projets de courts-métrages quatre couples de jeunes réalisateurs tunisiens et étrangers, Tunisia Factory veut booster la cinématographie tunisienne sur le marché international du film. Et c’est à la Quinzaine des réalisateurs de la 71ème édition du festival de Cannes que l’aventure a amené ces quatre cinéastes tunisiens.
Cannes 2018 : «L’Oiseau Bleu» de R. Omrani & S. Sivakumaran, sans substance
« L’Oiseau Bleu » du Tunisien Rafik Omrani et de la Sri-lankaise Suba Sivakumaran n’est au meilleur des cas que le prétexte d’un décor propice à la fiction sociale, le temps d’une soirée arrosée. Raté, malheureusement, malgré sa bonne volonté. Produit dans le cadre de la Tunisia Factory 2018 et projeté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, il est actuellement en salles en Tunisie.