Ennahdha 347

Ghannouchi veut des ministres. Et alors ?

Le cauchemar des démocrates et de la gauche, la raison principale de leur défaite, ce n’est ni Ben Ali, ni les réseaux de l’ex-RCD, ni Nida Tounes, ni le diable en personne, c’est d’abord et avant tout Ennahdha. Une telle cécité, ça vous dégoûte de la vie ; je préfère encore ma rage de dents.

10e Congrès d’Ennahdha : De l’islam politique à l’islam politique !

Un coup à gauche et un coup à droite, tel un caméléon, Ennahdha a su, à l’occasion de ce congrès, rassembler, sous le même toit, un pêle-mêle des nahdhaouistes, des destouriens, des rcdistes, des mutants, des anciens ministres de Ben Ali, des icônes de la classe politique post-révolution, et j’en passe. Et à leur tête le président de la république BCE qui met la main dans la main avec son pire ennemi politique El Ghannouchi

Ennahdha : le Congrès de la normalisation

Le congrès d’Ennahdha s’inscrit dans un processus de convergence et d’homogénéisation politique de la classe dirigeante. La contre-révolution ne saurait être une reconduction à l’identique des mécanismes du pouvoir antérieurs à la révolution. Le parrainage du congrès d’Ennahdha par Béji Caïd Essebsi, dont on connaît le parcours, me paraît être une illustration parfaite de cette convergence.

Samira Merai sous influence anti-féministe

Jeudi 12 mai, Samira Merai, ministre de la Femme, de la famille et de l’enfance , a annoncé avoir, enfin, déposé le projet de loi intégrale contre la violence faite aux femmes au conseil des ministres. En réalité, cela fait un mois que le projet de loi est bloqué au conseil des ministres. D’après nos sources, plusieurs ministres le contestent et la ministre concernée cherche des soutiens dans le mauvais camp.

Zitouna Tv, un paria qui cherche à régler ses comptes

Pour célébrer son quatrième anniversaire depuis son lancement le 01er mai 2012, Zitouna Tv a profité de l’occasion pour régler ses comptes, à travers son émission « La Voix Libre ». Surenchères identitaires et interventions unanimes à l’appui, la chaîne a revendiqué son statut de « véritable chaîne de la famille » par opposition à Nessma qui en a fait son slogan. Elle s’est également attaquée à El Hiwar Ettounsi en se basant sur la même rhétorique et fustigé la HAICA qui ne lui a toujours pas accordé de licence. Pire, cette émission de “libre antenne” était enregistrée.

L’odeur fétide de la « réconciliation »

La réconciliation, si elle venait à être institutionnalisée ou entérinée sous une forme ou une autre par l’entourloupe d’un accord avec l’IVD, ne serait, en vérité, qu’une réconciliation de la Révolution avec le contraire d’elle-même. C’est bien pourquoi elle serait nécessairement amenée à sonner le glas de la justice transitionnelle ou à la vider de son sens. Celle-ci était déjà une concession consentie par la Révolution, une formule bien douce, à mon avis, pour les chenapans de l’ancien régime. Même cette concession ne saurait être tolérée par les réconciliateurs. Ce n’est pas l’impunité seulement qui les motive mais la restauration.

Bonnes feuilles : La promesse du printemps, de Aziz Krichen

Nawaat publie en exclusivité un extrait de La promesse du printemps de Aziz Krichen. Opposant sous Bourguiba et Ben Ali, il a connu les prisons du régime et a été contraint à l’exile. En janvier 2012, il est nommé ministre-conseiller à la présidence de la République avant de démissionner en mai 2014. Acteur et analyste de la transition, Krichen alterne sur 430 pages le témoignage direct et l’examen distancié, loin des règlements de compte. Dans les bonnes feuilles publiées par Nawaat, l’auteur s’arrête sur l’un des écueils majeurs de la transition : la corruption.

Sophie Bessis animera un débat avec l’auteur à la foire du livre du Kram, aujourd’hui samedi 2 avril.

Les oiseaux sont des cons

Il y a quelques mois à peine, vous vous en souvenez, Rached Ghanouchi, qui n’a pas la réputation d’être un humoriste hilarant, a comparé la Tunisie à un bel oiseau dont une des ailes serait Nidaa Tounes et l’autre le parti Ennahdha. Il ne nous a pas dit si le Front populaire en était le croupion ni, surtout, qui en était à la tête. Car, assurément, à un oiseau, il faut une tête. Même s’il est né de l’amour cloacal d’une révolution en débandade et d’une contre-révolution à la virilité policière.

Sur Hannibal Tv : Récit expéditif d’un «Conflit» qui ne dit pas son nom

A l’occasion de la Fête du 14 janvier, Hannibal Tv a diffusé, dans la soirée du jeudi, le long métrage tunisien de fiction «Conflit». Réalisé par Moncef Barbouch, le film, sorti en 2014, retrace le parcours de certains militants d’Ennahdha, sans citer clairement leurs noms ou celui de leur parti. Malheureusement, le réalisateur a raté le principal enjeu de l’œuvre : Restaurer la mémoire collective.

Le remaniement de la dernière chance

Pour la deuxième fois en moins d’un an, Habib Essid a donc été contraint de revoir sa copie, après un bilan bien terne, voire calamiteux, de son équipe gouvernementale en crise. Pour autant, l’homme ne déroge pas à son orthodoxie : plus qu’un remaniement, s’il s’agit d’une profonde restructuration, les profils de la trentaine de ministres, qu’ils soient nouvellement désignés ou maintenus à leurs postes, laissent présager d’un projet peu imaginatif, bien loin d’une réforme digne de ce nom.

Ennahdha et l’art de la cohabitation passive

Lorsqu’en janvier 2014, Ahmed Néjib Chebbi déclarait que « c’est la stratégie d’Ennahdha qui a au final réussi », l’homme ne croyait sans doute pas si bien dire. En cette semaine de marasme politique, nul ne sait vraiment ce qui se passe dans l’hermétique forteresse de Montplaisir, où ce que d’aucuns appellent « le parti réellement au pouvoir » poursuit son petit bonhomme de chemin et a su se faire oublier par les médias dominants. Si bien que pour s’informer, les observateurs de la scène politique doivent recourir au buzz distillés non sans une certaine insolence par les hauts dignitaires du parti islamiste, tels que les deux derniers en date, respectivement via Ali Laarayedh et Rafik Abdessalem.

Louanges internationales du « consensus tunisien » : quelles conséquences pour l’opposition ?

Après l’inattendu prix Nobel de la paix, deux autres importantes distinctions internationales ont été délivrées coup sur coup cette semaine pour saluer ce qu’il est convenu d’appeler le modèle tunisien. Le 27 octobre, Béji Caid Essebsi et Rached Ghannouchi ont été faits lauréats du prix de l’International Crisis Group (ICG) des « pionniers en matière de construction de la paix ». Sayida Ounissi élue Ennahdha, Wafa Makhlouf élue Nidaa Tounes, relativement méconnues, et Yassine Brahim seront quant à eux décorés par L’Institut national démocratique pour les affaires internationales (NDI), annonce l’Institut américain le 28 octobre. Que récompense-t-on au juste, et quelle sera l’incidence de ces ornements, prestigieux mais probablement hâtifs, sur l’action de l’opposition ?

Éviction du ministre de la Justice : la tentation autoritaire

Via un communiqué au style télégraphique, la présidence du gouvernement annonçait le 20 octobre dernier avoir tout bonnement démis le ministre de la Justice Mohamed Salah Ben Aissa de ses fonctions. Une décision spectaculaire que ce dernier a expliquée par des divergences autour du projet de loi controversé du Conseil supérieur de la magistrature. C’est en réalité une accumulation de tensions qui semble avoir eu raison du ministre. Mi politique mi technocrate, le gouvernement Essid est rattrapé par son hétérogénéité.

L’arbitrage économique, ou l’arbre qui cache la forêt

Le projet de loi organique de réconciliation dans les domaines économique et financier devrait être examiné à l’Assemblée des représentants du peuple à la rentrée parlementaire, à partir du 27 août prochain. Si, comme le prédit désormais Rached Ghannouchi, « la loi passera après quelques amendements », la force de frappe de la nouvelle majorité parlementaire (près des trois quarts théoriques des députés) cache mal un isolement croissant de certaines élites politiques sur cette question précise, épineuse, et éthiquement polémique.