Roman 14

Disparition d’Albert Memmi : adieu au penseur de la différence

Albert Memmi, écrivain et penseur franco-tunisien, vient de nous quitter à l’âge de 99 ans. Écrivain de langue française bien que sa langue maternelle fut le judéo-arabe. Bon élève sous la colonisation, et en particulier de l’Alliance israélite universelle, il fut également un militant pour l’indépendance de la Tunisie. Une pluralité d’identités qu’il a incarné à l’instar d’une génération qui a vécu à la fois le colonialisme, l’indépendance nationale et l’émigration avec ses engagements mais aussi ses déboires. Albert Memmi m’a tout à la fois fasciné pour son étincelant “Portrait du colonisé et du colonisateur”, et déçu par son brûlot postcolonial “Portrait du décolonisé arabo-musulman”.

Parution de l’édition arabe de «Cristal»: Interview avec Gilbert Naccache [Vidéo]

36 ans après la sortie de « Cristal » de Gilbert Naccache, une édition en arabe de cet ouvrage francophone vient de paraitre chez Chama Editions. Ecrivain et ancien militant du mouvement dissident de gauche Perspectives, Gilbert Naccache, né le 15 janvier 1939, a connu les prisons sous le régime de Bourguiba de la fin des années 60 au début des années 80. Il y a écrit en cachette ce livre, brouillant les frontières entre l’autobiographie et la fiction, sur le papier d’emballage des paquets de cigarettes. Nawaat l’a rencontré lors d’une séance de dédicace à la librairie le Gai Savoir à Tunis.

Littérature : Kamal Riahi, l’écriture de soi à l’œuvre

Vu d’un peu loin, « Un zéro pour le mort » est un simple carnet de bord écrit à l’heure du tout à l’ego. Mais vu de près, il s’avère plus risqué. Brossant tout à la fois son portrait et celui d’un pays à rebours des images officielles ou journalistiques, le romancier Kamal Riahi passe aux aveux avec ce journal intime qu’il a tenu pendant son séjour algérien entre octobre 2009 et avril 2010, où les limites du genre diaristique ne manquent pas de se brouiller. Le livre a été présenté à la Foire du livre de Tunis le samedi 07 avril 2018.

« Le Bandit » de Taoufik Ben Brik : littérature couillarde ou machine à texticules ?

Si Ben Brik ne cesse de prêcher une littérature qui se veut couillarde, on lui doit quelques paquets de « texticules » méconnues. Le Bandit, qui vient d’être réédité aux Sud éditions, treize ans après sa première publication parisienne, en est un bon exemple. C’est l’histoire d’un Plagieur qui vole des bribes de livres entiers pour les recycler en un livre plein de tics, de trucs et de machins. Mais pour le « fou du paragraphe » qu’il est, on regrette qu’il le fasse en poseur. Faudrait-il lui taper dans le dos ? Un peu, oui, car ce serait dans tous les cas aussi efficace que de l’inviter à boxer.

« Zabor ou les Psaumes » de Kamel Daoud : L’écriture à contre-jour

Qu’on ne se trompe pas : « Zabor ou les Psaumes » remonte un récit qui n’est pas tout à fait un roman, même si c’en est un, où l’écriture tente de faire oublier l’agonie pour mieux se souvenir. C’est l’épopée façon Daoud, quand il réfléchit sur le pouvoir de la fiction, et sa quadrature du cercle. L’écriture, ici, ne sert pas tant à faire l’ange qu’à réparer une langue de fiction comme une affaire de pare-brises. De toute son insuffisance, elle entend pousser la langue dans ses derniers retranchements. Néanmoins, Kamel Daoud n’évite pas la cuisine des exercices de style où la sauce du style fait oublier la farine de l’exercice.

“عشيقات النّذل” لكمال الرّياحي : رواية عن عالم النّذالة

يجد القارئ نفسه في متاهة منذ بداية هذه الرواية إذ يقحمه الرياحي في شبكة من العلاقات المشبوهة و الأحداث التي تتسارع فيتبعها مُرْغَمًا بغية الوصول إلى الحقيقة لكن دون جدوى. ففي كلّ مرّة تعتقد أنك حللت لغزا و فهمت أحجية “الشخصيّات-الأنذال”، تعود الأمور إلى سيرتها الأولى و يعود التشويق إلى أوجه. ينقل لنا مؤلّف “المشرط” مجتمعا قذرا مليئ بالمكائد و الدسائس و الجنون و الجريمة، صورة قبيحة سوداء يجعلنا الكاتب نتتبع أهمّ الشخصيّات الفاعلة داخلها.

« Baganda » de Chokri Mabkhout : Politique du ballon rond

On le savait critique d’une gauche très gauche dans Ettaliani. Le voilà journaliste faussement distrait avec Baganda. En se penchant sur le football, ce sport de manchot tant boudé par l’intelligentsia, Chokri Mabkhout joue-t-il une nouvelle partie ? Ceux qui ont lu Ettaliani seront plus ou moins en terrain déjà connu avec ce nouveau roman “d’investigation”. Car, qu’il se fasse redresseur de tort ou observateur partial, Mabkhout enfonce toujours le même clou : il écrit moins pour tourner la page que pour lever un coin du voile.