Cela fait maintenant presque un mois que les travaux de l’Assemblée constituante sont bloqués. Le parti Ennahdha au pouvoir continue de négocier sa sortie du gouvernement via des conditions. L’opposition maintient la pression de la rue pour demander une dissolution immédiate. Un ultimatum a pourtant été posé pour le 31 août par le Front de salut national (FSN), date à laquelle le gouvernement doit démissionner.
« Nous voulons faire tomber le gouverneur et rendre hommage aux opposants tués et aux martyrs via notre mobilisation », déclare, déterminé, Lazar Gharbi, coordinateur pour le Front de salut national à Sidi Bouzid. Une série de manifestations pacifiques est prévue aujourd’hui dans plusieurs gouvernorats du pays sous le nom de « Semaine de la colère », dont le mot d’ordre est « Dégage ». Pour Lazar, le gouvernement doit tomber dans tous les sens du terme, c’est-à-dire surtout dans les postes clefs de l’administration. A Jelma, une petite ville près de Sidi Bouzid, le délégué a déjà été expulsé depuis plus d’une semaine. A Gafsa, Anmmar Amroussi du FSN campe sur les mêmes positions : il vise le directeur de l’hôpital régional et le gouverneur.
Tout le monde sait qui a été nommé par Ennahdha ici. On veut que cela reste pacifique mais chasser le gouvernement passe aussi par le nettoyage de l’administration dit-il.
Idem à Sfax, Monastir, Beja, Tozeur et Bizerte, où des manifestations ont eu lieu à côté des sit-in qui ont commencé depuis plusieurs semaines.
Pressions de la rue
A Kasserine, une délégation de députés dissidents est même partie soutenir les manifestants. Ces campagnes sont une preuve que « le peuple est encore là pour faire pression » selon Lotfi Saïbi, un ex-membre du parti Joumouhri qui ne voit pas les tractations politiques d’un bon œil. « On a le sentiment que Nida Tounes fait un peu cavalier seul et tente de tirer le maximum de ces négociations. Et la crise traîne. »
L’opposition s’est en effet scindée entre deux acteurs : les négociateurs et les manifestants. Du côté du Front populaire, on n’en démord pas. Pour Jilani Hammami, porte-parole du Front populaire et coordinateur du Front de salut national, la seule issue reste la pression de la rue. Pour les députés dissidents, ce n’est pourtant qu’une question de temps avant que le gouvernement ne tombe. « Ennahdha joue ses dernières cartes », déclare Sélim Abdesselem de Nida Tounes, qui doit se rendre à Siliana pour soutenir les manifestations.
Rééquilibrage politique
Or à Tunis, l’ambiance est encore au bras de fer et au rééquilibrage des forces politiques. D’abord entre Ennahdha et Nida Tounes, mais aussi entre les députés dissidents et les députés qui demandent une reprise des travaux de l’Assemblée. Lobna Jeribi, députée du parti Ettakatol, a nommé cette semaine « la semaine de l’espoir » en opposition à celle de la « colère », pensant qu’une issue à la crise allait être trouvée.
« Il y a des pressions et des surenchères pour que Mustapha Ben Jaafar démissionne, alors que l’Assemblée reste au cœur de la réussite du processus de transition. Il faut reprendre les travaux plus vite pour avancer. »
Mais dans le camps des négociants, les discussions semblent s’éterniser aux dépens de la centrale syndicale qui, usée, appelle chacun à prendre des positions claires.
« Nous ne participons pas aux mouvements populaires car la seule issue reste encore le dialogue. Mais si nous sommes poussés à bout, il est possible que nous nous rangions du côté des manifestants », a déclaré Sami Tahri, porte-parole de l’UGTT lundi. En effet, les syndicalistes qui ont manifesté aujourd’hui l’ont fait à titre personnel, comme le confirme un membre de l’UGTT de Sfax.
Pour lui, la « balle est désormais dans le camp d’Ennahdha », qui doit clarifier son acceptation totale de l’initiative de l’UGTT. Du côté de Nida Tounes, Aïda Klibli, qui s’occupe de la communication, déclare que le parti soutient les mouvements populaires en régions même si les regards restent braqués sur Tunis.
La semaine dernière les regards semblaient braqués sur l’affrontement Nida Tounes/Ennahdha, alimenté par la rencontre en catimini entre Béji Caïd Essebssi et Rached Ghannouchi. Rached Ghannouchi, dont le discours sur Nessma TV dimanche était dirigé vers le leader de Nida Tounes, en annonçant que le parti Ennahdha renonçait pour le moment à la très polémique loi d’immunisation de la révolution.
Aujourd’hui, tous les acteurs politiques en présence semblent jouer un rôle clef. La semaine a commencé par des concertations politiques de chaque bureau exécutif, tandis qu’une certaine trêve médiatique avait été demandée par l’UGTT pour mener au mieux les discussions. Les initiatives des uns et des autres continuent d’émerger via des propositions de feuilles de route d’ici les élections. « Nous continuons la même médiation qu’il y a deux semaines, les discussions portent plus sur la question du vide institutionnel et les personnes adéquates qui pourraient former le gouvernement de compétences », déclare Abderrazak Kilani, l’un des membres de la commission de médiation.
Blocage sur la démission
Le blocage est pourtant clair : l’opposition continue de demander une dissolution immédiate du gouvernement comme préalable au dialogue national ; Ennahdha refuse bien qu’il accepte l’éventualité d’une démission une fois la Constitution terminée, l’ISIE mise en place et une date pour les prochaines élections fixée. Depuis, les déclarations et les spéculations s’activent. Quel genre de gouvernement ? Un gouvernement « d’élections » selon Rached Ghannouchi afin d’assurer le processus de transition. Quelles garanties qu’Ennahdha démissionnera une fois ces conditions remplies ?
Pour Zied Ladhari, membre du parti, il suffit de prendre en exemple les autres dialogues nationaux. « Nous avons respecté les engagements pris lors du dernier dialogue national, notamment sur les compromis à faire dans la Constitution. » Or sur les questions sécuritaires ou économiques, le blocage a persisté.
Au milieu des discussions, Abderrazak Kilani évoque la possibilité d’un gouvernement avec deux personnes en charge de la sécurité et de l’économie : « Ils seraient des sortes de vice-chefs du gouvernement et auraient toutes les prérogatives pour régler ces questions là. »
Le maintien de l’opposition et le recentrage de la Troïka
Au niveau des partis, l’Alliance démocratique est en discussions avec Ennahdha et a tenté de négocier une sortie de crise. Le député Mahmoud Baroudi confiait lundi que l’assemblée devrait reprendre ses travaux bientôt et qu’Ennahdha semblait être prête au compromis. L’initiative semble aussi se ranger du côté d’une négociations. Au sein de la Troïka, le pari Ettakatol a tenté un repositionnement « centriste », selon Lobna Jeribi, avec d’autres petits partis. D’abord divisés sur la dissolution du gouvernement, les membres du parti semblent s’être de nouveau ralliés à la Troïka. Tandis que le CPR manifeste à demi-mot son soutien à l’égard d’Ennahdha, en soutenant l’initiative du maintien du gouvernement actuel jusqu’à la fin des délais imposés par les travaux de l’Assemblée. Le parti a également appelé à une trêve sociale.
Du côté du parti Al Joumhouri, le député Néjib Chebbi a également rencontré Rached Ghannouchi le 27 août. Un geste qui n’est pas passé inaperçu puisque le leader historique du parti Joumhouri refusait jusqu’à présent de rencontrer le chef du parti islamiste. En marge de la rencontre, Néjib Chebbi avait exprimé des réserves par rapport au discours de Rached Ghannouchi sur Nessma TV : « l’absence de clarté sur l’acceptation ou non de l’initiative de l’UGTT, l’absence d’une stratégie sécuritaire, notamment sur la question de la dissolution des Ligues de protection de la révolution, l’absence d’une vision sur la lutte antiterroriste. »
Les révélations sur le plan sécuritaire
Le lendemain de ces discussions, le chef du gouvernement Ali Larayedh annonce lors d’une conférence de presse classer la mouvance salafiste Ansar Al Chariaa comme une organisation terroriste. Il annonce également que des dispositions claires seront prises à l’égard de ceux se réclamant de la mouvance. Le lendemain, c’est Lotfi Ben Jeddou, le ministre de l’Intérieur, qui dévoile les implications d’Ansar Al Chariaa dans des tentatives d’assassinat de personnalités politiques.
« Avec les dernières réussites dans ce dossier et le démantèlement des réseaux terroristes, la Troïka souhaite envoyer un message d’assurance à la population et aux partenaires internationaux. » Mais le problème de confiance entre les partis de l’opposition et Ennadha continuent.
Ahmed Neji Chebbi a fustigé sur les ondes d’Express FM le discours d’Ali Larayedh, « qui mène le gouvernement au précipice et la Tunisie à la destruction ». « Il y a un réel manque de confiance dans le parti Ennadha, c’est pour cela que nous continuons de maintenir nos positions même s’il y a eu un dégel des relations », explique Taïeb Baccouche, secrétaire général du parti Nida tounes. Or pour un membre d’Ennahdha, le dialogue national existe plus ou moins de fait à travers ces rencontres et ces concertations.
Ennahdha tente de rallier des partenaires politiques
Le parti tente de se rapprocher petit à petit de tous les partis : « Au sein d’Ennahdha les discussions portent sur les moyens de consolider nos rapports intra-Troïka. Par ailleurs, au vu de la profondeur de la crise politique que traverse le pays et de l’évolution de la situation dans la région, notamment les positions des principaux partenaires internationaux, nous opérons une réingénierie de nos rapports aux autres forces dans le pays, avec pour seul objectif d’assainir le climat politique et d’arriver ainsi à des élections libres, transparentes et représentatives de la volonté populaire. Cette réingénierie nous sera extrêmement coûteuse sur le plan électoral. Nous en sommes conscients mais il en revient de notre responsabilité historique envers notre pays d’assumer ce coût. »
Si le blocage politique se maintient, le parti entre plus dans les détails de sa feuille de route et veut approfondir les modalités de l’initiative.
« Cela passe donc par des concertations à la fois avec l’opposition, mais aussi au sein de la troïka sur les questions essentielles : le timing de constitution du gouvernement des élections qui sera chargée de le diriger ; la composition : technocrates vs politiques, avec pour le second cas les familles politiques y prenant part ; la position vis-à-vis de la loi de l’immunisation de la révolution ; les modalités de revue des nominations au sein de l’administration. »
Un dialogue national de fait
L’impasse politique serait donc plus médiatique que réelle selon les différentes parties prenantes. Pour certains, ce n’est qu’une « manœuvre politique d’Ennahda qui cherche à gagner du temps » (Taïeb Baccouche). Pour d’autres, c’est le temps nécessaire aux négociations et à une sortie de crise la plus pacifique possible. En effet, si depuis un mois la pression de la rue se maintient, les débordements policiers semblent se faire discrets. Les différentes mobilisations du Bardo sont désormais encadrées et presque ultra sécurisées, comme le montre celle du samedi 24 août.
En régions, le mot d’ordre était aussi de laisser les manifestants protester pacifiquement. « Pour l’instant, c’est vrai que nous n’avons eu aucune altercation avec la police. Et les mouvements sont pacifiques. » Un incident a été enregistré à Béja entre un partisan du parti Ennahdha et un « voyou », selon les membres du Front de salut national, qui pourtant aurait été identifié par son agresseur comme un des leurs. Peu de dégradations de bureaux de partis politiques ont été enregistrées (sauf le 7 août à Béja : une tentative d’incendier le bureau du Front populaire) ni d’affrontements violents, contrairement à la situation qui avait suivi la mort de Chokri Belaïd.
Maintien fragile d’une mobilisation pacifique
Le parti Ennahdha a admis via son leader « tirer des leçons de l’Egypte et vouloir à tout prix éviter la reproduction du scénario violent en Tunisie. » Les mises en garde d’Ali Larayedh la semaine dernière à l’adresse de ceux qui porteraient « atteinte à l’Etat » semblent s’être entièrement focalisées désormais sur Ansar Al Charia. Le revirement sécuritaire permettra-t-il une trêve dans la crise politique ? A Gafsa et Sidi Bouzid, pour les manifestants de l’Union des diplômés chômeurs et du Front de salut national, le problème n’est pas là. « Il faut faire tomber avant les élections tous ceux qui ont été nommés de manière partisane à des postes clefs », insiste Lazar Gharbi.
Une guerre d’usure : c’est finalement le rapport de force qui existe depuis un mois en Tunisie, où chacun place ses pions en vue des prochaines élections. Le “satu quo“, comme le nomme le journal La Presse, entamé par Ali Larayedh saura-t-il apaiser les tensions ? Les organisations parraines du dialogue et les partis politiques ont appelé à une réunion avec la Troïka en fin de semaine pour prendre une décision. Les organisations comme la LTDH et le patronat, représenté par l’UTICA, continuent de soutenir l’initiative de l’UGTT.
La question économique soulevée par l’UTICA
L’UTICA a d’ailleurs proposé ce mercredi un plan d’action en 16 points à la suite d’une réunion avec son conseil administratif basé sur la situation économique. La priorité est de rassurer à la fois les investisseurs et la population, mais aussi de pousser le gouvernement à mieux communiquer sur la situation économique du pays et à tenir « un discours responsable ». Certaines mesures concrètes ont été requises, comme revaloriser la valeur sociale du travail, favoriser l’investissement privé dans les régions et remettre l’autorité dans les instances en charge des services publiques, et surtout « obtenir un consensus de paix sociale avant fin 2014 ».
La présidence de la République reste le grand absent médiatique de ces négociations, où Moncef Marzouki semble se faire discret. Il a juste déclaré par l’intermédiaire de son porte-parole Adnene Manser qu’il ne cèderait sa place qu’à un homme élu démocratiquement par le pays et non pas au résultat d’un accord entre partis.
Au regard de ce mois de négociations, la capacité de la Tunisie à tirer son épingle du jeu des révoltes arabes reste dans la volonté de certains acteurs politiques de favoriser la paix sociale malgré la crise politique. Mis à part le verbiage politique, le positionnement du patronat dans les négociations a permis de remettre au centre des discussions la question économique et sociale, tout comme le gouvernement a remis au centre le problème sécuritaire. Or, viser Ansar Al Charia sera-t-il suffisant pour évacuer les menaces terroristes alors que les bombardements se poursuivent sur le mont Chaâmbi ? « Réunir tout le monde autour d’une table, c’est notre objectif principal », assure Sami Tahri de l’UGTT, qui laisse toutefois entendre que les délais sont bientôt épuisés et que la sortie de crise est désormais un impératif. Il faut désormais des prises de positions sans ambiguïtés et des mesures concrètes.
Du côté des mouvements sociaux dans les régions, leur ampleur reste pour l’instant modérée étant donné que l’UGTT n’apporte pas sa participation. Celle de Sidi Bouzid, par exemple, a mobilisé peu de monde et la plupart des manifestants sont restés dans les bureaux de l’UGTT. Une marche vers la délégation a été entamée, mais sans départ escompté du gouverneur. Il semble que la période révolutionnaire commence à prendre fin, et le débat de ces dernières semaines, malgré son blocage et l’enlisement dans la crise, témoigne d’une réelle volonté d’aller vers un processus de transition.
[…] -A lire un article sur la pression populaire et les enjeux politiques "Le parti Ennahdha au pouvoir continue de négocier sa sortie du gouvernement via des conditions. L’opposition maintient la pression de la rue pour demander une dissolution immédiate. Un ultimatum a pourtant été posé pour le 31 août par le Front de Salut National, date à laquelle le gouvernement doit démissionner." Lien ici […]
La Tunisie, l’épicentre du problème est : la démocratie.
La faculté de se démocratiser manque à plusieurs composantes politiques, elle est absente. Sous les deux dictatures (Bourguiba, ben Ali). Les composantes politiques actuelles, on excluant nida tounis, étaient pour longtemps, jusqu’à la chute du régime RCD, partisanes d’une démocratisation de la société et de la vie politique.
Trois types de combats ont caractérisé l’action militante tunisienne durant le règne de deux dictateurs.
– Les tunisiens ont payé de leurs vies (assassina politique, prison, torture, exile, marginalisation et privation des droits civiques et du travail), uniquement en défendant le droit à se constituer en association ou en parti et jouir de la libre expression,
– Les tunisiens ‘’la société civile’’ ont payé cher leur lutte en matière de défense des droits de l’homme. L’actuel président de la république est un témoin de taille.
– Le combat syndical (salaires, travail, justice sociale), l’histoire de l’UGTT témoigne des difficultés et horreurs rencontrés. Juste à titre de rappel, le 26 janvier 1978 (la répression totale), en 1977 l’armée a été déployée à Ksar-Helal, janvier 1984 (…), le basin minier en 2008 (…). La loi 1972 était et est une colonisation sociale et économique qui n’a pas laissé beaucoup de marge à la proposition syndicale, ni à l’aspiration de l’ouvrier à un salaire convenable. Cette loi a faussé/limité le combat social pour des salaires décents (…). Et l’UGTT pour des longs moments a conclu la paix sociale avec le pouvoir du parti unique. (ici, je ne discute pas cette attitude, ni je reproche quoi que ce soit à cette organisation syndicale). Juste j’envie de dire que les deux premiers combats (liberté politiques, défense des droits de l’homme) ont le plus dérangé le pouvoir, et même ils l’ont coupé du monde.
(Si ma mémoire est bonne), Lionel Jospin de 1997 à 2002, alors 1er ministre de la France n’a pas visité la Tunisie sous prétexte qu’à Carthage il y a un homme infréquentable. Avec le combat syndical, le régime PSD/RCD, à tout le temps su comment composer et gagner à multiples fois la signature de la paix sociale.
Avec le combat politique (pluralisme/démocratie) et le combat pour les droits de l’homme, Ben Ali à couper court. Il a constitué son propre décor démocratique (sa propre opposition, et il a éloigné les militants des droits de l’homme pour fabriquer une ligue à sa taille).
Il est intéressant de rappeler que la révolution s’est déclenchée à la suite (d’une question de dignité), et non à cause d’un procès politique à des opposants, ni elle est sortie des usines, d’où la particularité de notre révolution de la dignité et de la liberté. (Voila avec tous les raccourcis).
I- Le 14 janvier 2011 et les aspirations légitimes. Liberté, dignité, travail.
Après la révolution, et nous sommes encore nombreux ‘’une grande et large majorité des tunisiens’’ à toujours aspirer à :
– Démocratiser la société (la vie sociale, la vie culturelle, la vie artistique) afin de favoriser l’expression plurielle et créer à terme un réel climat favorable à la créativité permanente et permettre à notre population ‘’notre jeunesse, nos générations futures’’ d’avoir les moyens et les outils à l’innovation, à la création, à l’émancipation.
– Démocratiser la vie politique. Considérons que la classe politique étaient mure et mature, nous avons énormément cru et comme peuple nous avons participé à la réussite des élections du 23 octobre 2011.
– Mettre sous contrôle démocratique, la distribution des richesses, afin de gagner en justice sociale et en égalité des chances. Ou plutôt (disant le humblement) minimiser les souffrances et les écarts, pour un premier temps. Gérer les urgences sociales qui provoquent les frustrations les plus fortes. Les tunisiens en leur majorité, n’ont pas demandé grande chose, dès le lendemain de la fuite de ben Ali.
Le contrôle démocratique de la distribution des richesses est un point clé dans le combat sociale et politique. Avec la faiblesse des appareils de l’état (douane, services de contrôleurs du ministère de la finance, et police) depuis la révolution, nos richesses avec (l’économie parallèle, la contre bande, les mains mises sur le marché par des lobbys d’intérêt, avec une banque centrale dirigée par un homme de la mondialisation, et qui souffle le chaud et le froid quand elle a envie,…) ont continué d’être spoliées des manières divers. Avec les hausses des prix et la rareté des marchandises, le pouvoir d’achat du citoyen a reçu un grand coup. Avec la contre bande et le crime économique organisé, et ce n’est pas que le secteur du phosphate qui a été spolié, mais aussi le secteur du médicament et pharmaceutique en général. L’état met de l’argent (fond de compensation) et les lobbys profitent. L’état finance les entreprises publiques, mais les recettes ne rentrent pas ou peu. 2011, 2012, deux années de souffrance où l’état a ouvert les portes à l’endettement. Toutefois la Tunisie se maintient, avec énormément d’effort, mais sans des très grandes avancées, mais elle se maintient). La preuve il y a des prévisions à une croissance au moins à 3 point, la situation sécuritaire, se stabilise disent-ils, la saison touristique se passe plutôt bien, l’état répond à ses échéances de remboursement,… Ce quoi qui fait tenir la Tunisie debout ? Les aides de nos partenaires ? L’endettement ? Le travail de nos ouvriers et les entreprises présentent sur le sol ? Ma réponse : le tunisien tient à la vie et tient à sa dignité. Mais à quel prix ? Et jusqu’à quel niveau de sacrifice ? Avec une Anc en congé ou mise intelligemment hors jeu, une crise politico-politique, qui puise dans les nerfs des tous les tunisiens et retarde les reformes, comment peut-on faire confiance à la solidité des ces trois majeurs éléments qui font tenir notre pays débout ? Est ce qu’on est devant une réelle politique économique globale qui conjugue tous les possibles, ou juste devant des choix pour traiter le cas par cas ? Est ce que le peuple a compris les dessous de la situation politique et économique ? Apparemment le peuple a compris que le combat pour la justice sociale, le combat pour le contrôle démocratique des richesses et de leur distribution, passe par la maturité démocratique des partis au pouvoir et dans l’opposition. Ce combat est otages des sérieux enjeux politiques complètement partisans, du côté des gens de l’ancien régime, du côté des partis de l’opposition, et du côté de la Troïka.
Le droit au travail est un droit ‘’de dignité’’, et tout travail mérite salaire adapté aux besoins et qui permet à l’individu, au père/mère de famille de se permettre de réfléchir à un avenir meilleur. Un revenu minimum pour les nécessiteux, est un droit opposable, par la nature du mot dignité. Dans ces deux domaines, les avancées ne sont pas terribles (je pense qu’on n’arrive pas à 200 000 emplois (CDI) crées sur les trois ans (2011/2012/2013), secteur public et secteur privé confondu, et à peine quelque dizaines des milliers des familles nécessiteuses aidées (peut-être 100 000), en ajoutant quelques dizaines des milliers de chômeurs diplômés qui bénéficient d’une modique prime, ou disant une petite prime.
Comment l’état a répondu aux situations de faiblesse ? Dire oui à tout, et c’est la démocratie qui devient en otage.
A travers certains positionnements de l’état dans les négociations avec les partenaires sociaux, l’opposition a senti la faille du gouvernement.
– Sur le volet rapport avec les partenaires sociaux,
Il faut le dire, que depuis, 2011, il y a eu ‘’pas mal’’ d’augmentations salariales, et primes, dans le secteur public. Qui sont venues se rajouter aux mauvaises conditions de travail de l’état « conditions complexes, avec perte de l’autorité… ». Les actions ‘’comportement et positionnement’’ revendicatives de l’UGTT, ont paru énormes malgré toute leur indéniable légitimité.
– Le volet sécurité,
Le climat sécuritaire a beaucoup joué sur le volet économique, commerce et pouvoir d’achat des citoyens. La contre bande a pris le temps de s’organiser, l’économie parallèle (vive la vie) avec 70% des entreprises tunisiennes qui traitent avec l’économie parallèle (source, l’UTICA). Sans oublier le développement des noyaux terroristes (…) qui nous infligent des dépenses supplémentaires, et depuis un moment on assiste à une vraie guerre contre le terrorisme. Notre armée est en action, et on ne sait pas quand ça va s’arrêter ? Mais le tunisien et la tunisienne demeurent sérient et sereine.
– Des complexités qui se rajoutent, depuis février 2011,
les refugiés libyens et autres nationalités, les échéances de la dette qui poussent l’état a payé, les exigences des bailleurs de fond pour des nouveaux prêts se compliquent davantage, le nombre des touristes algériens a chuté de 80% surtout en 2011/2012… la saison touristique en 2011 été presque un fiasco, sans oublier, la crise économique par laquelle passent nos partenaires européens, leurs problèmes en matières de dettes souveraines, le cas grec est le plus parlant , sans négliger le cas italien, espagnol, et se rajoute à cette panoplie, les actuels enjeux internationaux qui se jouent dans le basin de la méditerranée , Libye, Syrie, Egypte… ‘’Les frappes qui arrivent sur la Syrie’’, sans négliger les inquiétudes ‘’des fois infondées’’ de nos amis américains et européens qui ralentissent/conditionnent davantage leurs soutiens.
Notre processus démocratique n’avance pas , il est attaqué sur tous les fronts.
II- Où sommes-nous ?
Avec l’actuelle crise politique, et trois ans après la révolution, nous sommes encore devant les projets des idéologies (…). Ces projets de fond légitimes soient-ils, sont devenus un réel obstacle à la construction démocratique de la nouvelle Tunisie libre. Nous remarquons cela à plusieurs niveaux :
– au niveau de la rédaction de la nouvelle constitution, nous arrivons à la fin et puis certains bloquent.
– Les débats et les accusations entre courants idéologiques ont bien mis ces projets idéologiques à la scène spectacle, en 1er rang).
– Nous percevons aussi cette situation de combat existentialiste idéologique entre les familles politiques, au niveau de la constitution des instances indépendantes ‘’des medias, de la justice, des élections’’. Pour certains, c’est question de vie ou de mort, et ça dépasse le simple combat politique. Résultat, le consensus est dur à trouver (…), pour aboutir en final, à des conflits existentiels, et l’actuel bras de fer de l’opposition, formule bien une belle démonstration de ces désaccords de fond.
A qui on a affaire ?
Dans le fond il ne s’agit pas d’un simple combat d’existence politique. Aujourd’hui tout le monde existe, mais nous sommes ‘’certains d’entre nous’’ dans le refus de cette existence démocratique. La démocratie des urnes renvoie aux adversaires idéologiques autre chose plus grave que d’être une minorité. L’échec électoral du 23 octobre 2011, a renvoyé aux actuels sitneurs de bardo, la fin de l’existence. Et pourtant à chaque mésentente, la troïka a laissé la grande place aux possibilités de dialogue, au consensus. Les avancées faites dans la rédaction de la constitution (90% ou 95%) sont témoins de la souplesse de la troïka. Avec ces avancées sur la constitution, ni la civilité de l’état est menacée, ni les libertés individuelles sont menacées, ni les mécanismes du contrôle démocratique de l’action de trois pouvoirs sont absent, la volonté de moderniser l’état ‘’la décentralisation’’ est solennellement mentionnée dans la dernière version de la constitution. On cherche à quoi, au juste ?
– Le retour de l’ancien régime ? chose impossible,
– Le retour à la constitution de 1959 avec quelques modifications ? la religiosité de l’état est bien affichée et la gauche et les laïques fondamentalistes, seront contre. Et en final, on ne va pas cracher sur le travail produit dans le cadre d’un large consensus durant presque deux ans, comme-même.
– Faire durée la transition, avec le résultat de l’absence des éléments favorables à construire des visions à long terme, donc ouvrir la porte à l’anarchie, à l’instabilité, faire fuir les investisseurs… ? pour le compte de qui ?
Et c’est là où on touche au cœur du problème ? À travers cette crise, il est question de projet idéologique qui, pour le moment, ne pourra pas passer par les urnes. Sachant que, si nous sommes intelligents, nous savons bien que les changements sociétaux, n’attendent pas les rendez-vous électoraux pour se travailler et s’affirmer, et prendre forme de pratiques sociales et puis ces nouvelles pratiques seront validées par le ressort social. Légiférer en conséquence, ce sera plus tard. La route pour le changement est avant toute chose des multiples séquences de construction (culturelles, éducatives) et non pas uniquement des séquences de conflits ouvert et permanent.
Nous oublions que pendant presque six décennies nous avons uniquement lutté contre un système et certaines inégalités, et que la société ne s’est pas empêchée de changer, malgré tout, malgré les tyrans. Ce n’est pas à la premier heure de la chute d’un pouvoir que les nouveaux représentants du peuple vont se mettre à légiférer tort et à travers pour satisfaire toutes les envies et toutes les orientations.
Je ne me trompe pas si je dis que le problème est au-delà d’une simple crise politique. Le problème est un problème de fond, le projet idéologique. Et puis il est aussi doublement de fond. Il est dans l’absence de la capacité de vivre en démocratie, du moins pour certains des sitneurs de Bardo. Donc nous sommes bien devant une problématique, à deux lignes, donc complexe :
1- Il est de la question des idéologies, et nullement d’une simple pression politique sur un pouvoir élu démocratiquement et qui est aux commandes, et chez qui on a senti quelques faiblesses.
2- Il question d’absence de capacité de vivre en démocratie et nullement il s’agit d’un simple refus des résultats des urnes, ou simple déception.
III- les racines de la problématique.
Un petit détour en arrière s’impose : (j’essayerai une autre fois de terminer cette réflexion). Sachant que des prémisses de réponse à cette question des racines de la problématique sont déjà annoncés.
IV la place des partenaires sociaux, et de la société civile ?
Nous savons tous que l’ugtt les années 1950 a conclu une alliance historique et durable avec Bourguiba et la famille destourienne.
Il est temps que notre syndicat national, de s’allier uniquement au combat social et de devenir la maison des ouvriers et le toit du salariat. Et cela ne l’empêche pas d’être dans la proposition et de prendre partie à la construction de la société de demain, de la dignité.
V- aucune solution n’est universelle, le tout passe par la démocratie, donc par le relatif.
Notre salut, pour une société forte, unie, solidaire, ouverte sur le monde, passe par laisser à côté les solutions universelle (les idées du POCT et du front populaire en général) et les idées du type Hizb ettahrir, avec l’aspiration à la khalifa ‘’je ne sais pas quoi’’.
La Tunisie n’appartient à aucune famille politique. La Tunisie n’est pas l’esclave de la famille destourienne et ses contours syndicaux ou idéologiques, ou d’intérêt. Donc mettre fin définitivement aux solutions des pouvoirs absolus. Ni un moujahid Akbar, ni l’homme du changement, ni la dictature du prolétariat, ni pouvoir politique religieux au dessus de l’humain, du libre choix.
Conclusion :
Croyons au relatif, croyons en la capacité de la démocratie pour sortir des situations de crises, et pour mieux se construire. Homme et femme mains dans la main, même combat, dignité, égalité, fraternité. Ben Ali harab. Mandhouj Tarek.
Il y a des gens qui aiment compliquer les choses. Avec beaucoup de mots et de noms, dont certains mal orthographiés, on veut nous convaincre que le gouvernement actuel refuse de jouer le jeu de la démocratie revue et corrigée par???? Une démocratie où la minorité qui a perdu les élections fulmine parce que la majorité gagnante refuse d’abandonner le pouvoir à des personnages non connus et non élus, appelés technocrates. Je connais peu de démocraties où le pouvoir élu doit non seulement se prosterner devant la minorité mauvaise perdante, mais en plus plier bagager pour se soumettre à ses caprices. Cette minorité est-elle tellement analphabète qu’elle n’a pas pris connaissance du dernier sondage de Sigma pour le mois
d’août? Pourtant les chiffres du sondage sont clairs. La majorité des tunisiens, je ne parle pas de la majorité gouvernementale mais de celle des électeurs, ne veut rien entendre de l’agitation de ces tarés qui prétendent parler au nom du peuple. D’après Sigma 55,5% des électeurs préfèrent se tenir à l’écart de la scène politique qui les dégoûte. Il reste donc une minorité de 45,5% dont un pourcentage non négligeable soutient la Troika, et d’autres qui sans la soutenir n’approuvent pas une démission du gouvernement ni de l’ANC. Comment ces menteurs qui hurlent si fort osent-ils encore dire: Le peuple veut la chûte du gouvernement? Il faut écouter les chiffres qui démentent l’imposteur Hamma Hammami qui sans honte s’est jeté dans le giron du criminel Caïd Essebsi de même que le renégat Baccouche qui a trahi son passé de syndicaliste. D’ailleurs, des leaders syndicalistes il n’y a que les corrompus qui se font entendre les derniers temps.
Cette minorité arrogante de charlatans veut effacer tout le travail qui a été péniblement accompli en presque deux ans pour tout recommencer à zéro. La nouvelle constitution tunisienne d’après cette minorité tonitruante ne doit pas réflecter les aspirations des électeurs mais les caprices de technocrates qu’on ne connaît pas et qui seront désignés par les perdants des élections sans se référer au peuple. Devons-nous accepter cette mentalité élitiste qui veut nous renvoyer au temps de la dictature lorsque le peuple n’avait pas droit au chapitre? Pourquoi brouiller les cartes et y aller par quatre chemins?
Pourquoi aussi ce silence si soudain et assourdissant en ce qui concerne Amina dont l’auteur de cet article avait fait sa Jeanne d’Arc quand elle s’était affichée sur Facebook seins nus en disant aux tunisiens: Je nique votre morale? Amina aurait-t-elle perdu son aura parce qu’elle s’est dissociée des Femen qu’elle accuse d’islamophobie? Est-elle devenue une paria parce qu’elle ne veut pas se laisser instrumentaliser par ces écervelées? De nombreux médias europééns et américains ont publié les soupçons d’Amina concernant le financement des Femen. La patronne n’a pas pu lui expliquer d’où venait l’argent pour payer ses filles et financer leurs actions dirigées contre les mosquées et les églises et jamais contre les synagogues. Amina s’est alors demandée: Et si c’était Israël derrière tout ça? Ce qui est amusant c’est qu’au lieu d’ignorer Amina comme fait son ex-fan Lilia, le site des extrémistes sionistes JSS a publié qu’Amina allait fonder une organisation de connes. Quant à la patronne des Femen elle s’est fendue d’une déclaration accusant Amina d’avoir trahi des milliers de femmes en ne poursuivant pas sa campagne contre la Tunisie. Mais ce qui fâche le plus c’est qu’Amina a déclaré qu’elle n’avait rien de spécifique contre Ennahdha mais qu’elle était contre l’ensemble des partis politiques et du système et qu’elle était tout simplement anarchiste. Lilia Blaise va-t-elle donc devenir le fer de lance des Femen pour mener ici le combat anti Ennahdha avec sa prose?