Avec « Les frères Hamlet », Taoufik Ben Brik fait ses classes de dramaturge. S’il trouve son dérivatif dans Shakespeare, notre diablotin toutes catégories fait défiler Dostoïevski en coulisses, avec « Les frères Karamazov » sous les bras. En treize actes, il dresse un théâtre de forces où les questions ontologiques de l’être et de la jouissance précipitent le problème théologico-politique du pouvoir. Réinventant à plaisir ses personnages shakespeariens, Ben Brik ne lésine pas sur ses moyens pour les recycler en héros de « la tragédie arabe ».
TrackTour #29 : Le meilleur de la scène hip hop tunisienne en 2016
TrackTour se veut une locomotive médiatique pour la musique tunisienne émergente. Qu’elles viennent des milieux underground, des formations expérimentales ou tout simplement des musiques actuelles, les playlists proposées ont l’ambition d’être l’écho d’une scène productive et riche en diversité évoluant davantage sur le web plutôt que dans les médias dominants. Chaque semaine, nous vous proposons une playlist thématique de cinq titres, au gré de l’actualité.
*Les titres sont classés dans un ordre décroissant selon leurs dates de parution.
Ibrahim Màtouss, portrait du peintre en clown désenchanté
Sous l’ombre du portrait, les peintures d’Ibrahim Màtouss font du clown leur allié le plus sûr. La grammaire plastique se réinvente ici d’un tableau à l’autre en troquant la toile tendue contre la chaire de bois. Dans « Métamorphosis », son exposition personnelle qui se poursuit jusqu’au samedi 31 décembre à la Galerie A. Gorgi, le plasticien démaquille les visages et crucifie les corps en les précipitant à des vitesses opposées. S’ils prêtent leur grâce mélancolique à plus d’un regard, ces clowns ne déposent jamais leurs gros nez rouges au vestiaire.
TrackTour #28 : 5 nouveaux albums, 5 pistes alternatives pour la musique tunisienne
TrackTour se veut une locomotive médiatique pour la musique tunisienne émergente. Qu’elles viennent des milieux underground, des formations expérimentales ou tout simplement des musiques actuelles, les playlists proposées ont l’ambition d’être l’écho d’une scène productive et riche en diversité évoluant davantage sur le web plutôt que dans les médias dominants. Chaque semaine, nous vous proposons une playlist thématique de cinq titres, au gré de l’actualité.
*Les albums sont classés dans un ordre décroissant selon leurs dates de parution.
راب تونسي (12) : ڨَمِحْ
عصام العبسي، وليد، سايفو، نوردو وغيرهم من الرابورات الذين يكونون مجموعة ڨَمِحْ. من قلب الأحياء الشعبية بتونس العاصمة، ينتج أغانيهم منذ مارس 2012. و إذا كان أغلبهم يشتغل بتنظيم الحفلات والمهرجانات فإنّ ياسين الذوادي المعروف بدودة لم تمنعه دراسة الطب من كتابة النصوص.
« Woh ! » d’Ismahane Lahmar : la comédie aux soldes d’hiver
Sans être exempt d’intentions critiques, « Woh ! » d’Ismahane Lahmar peine à cuisiner un pétard intelligemment dévastateur. Entre mépris de classe, rivalités d’immatures et faux tabous, la jeune réalisatrice étale les clichés comme des os à ronger. Les réparties salaces n’y changeront rien, car sous ses airs de comédie dégonflant la baudruche familiale, ce film cache mal la platitude de son traitement.
TrackTour #27 : Focus sur la bande sonore de la révolution et l’évolution de ses auteurs
TrackTour se veut une locomotive médiatique pour la musique tunisienne émergente. Qu’elles viennent des milieux underground, des formations expérimentales ou tout simplement des musiques actuelles, les playlists proposées ont l’ambition d’être l’écho d’une scène productive et riche en diversité évoluant davantage sur le web plutôt que dans les médias dominants. Nous vous proposons, dans cette rubrique, des playlists thématiques de cinq titres, au gré de l’actualité.
*Les titres sont classés dans un ordre alphabétique selon les noms de leurs auteurs
What authorities don’t say, cinema does: « Life is short » in Gabes
From the center of Gabes, a 365-degree view of the city offers a stunning panorama of the world’s only seaside oasis, an urban setting scattered with green-grey palm trees, a blue-grey sea, and, jutting up from the main port, the Tunisian Chemical Group’s sky-high factory topped by thick plumes of smoke. It is a grey December morning on the weekend of Gabes’ short-film festival, “Life is short.” Even in the midst of a three-day cultural event animated by film directors, artists, university students, and cinephiles, the unsettling omnipresence of the factory close by inspires the festival’s title with sharp irony.
Kafka est l’un des nôtres
Que serait devenu Joseph K., l’accusé de Franz Kafka, s’il avait survécu un siècle à son procès ? S’il n’est pas une adaptation du récit de l’écrivain tchèque, « L’un des nôtres » en prend intelligemment prétexte. Dans ce court-métrage, Halim Jerbi et Youssef Behi épinglent sur le vif la logique d’une machine judiciaire d’autant plus absurde qu’on la devine arbitraire. En compétition dans la quatrième session des Journées du court-métrage tunisien de Gabès, ce film sera projeté aujourd’hui, samedi 10 décembre 2016, au Centre universitaire d’animation culturelle et sportive.
« No Man’s Love » de Nidhal Chatta : du cinéma en liberté
Avec « No Man’s Love », c’est du cinéma, du vrai, qui a de nouveau droit à notre estime. Dans ce road-movie, Nidhal Chatta nous embarque dans une vertigineuse recherche de soi. Jetant l’ancre de ses images entre la masse profonde d’une mer menaçante et l’étendue d’un désert de craie, cette fiction est aussi libre que son antihéros. Il nous aura fallu seize ans pour que la possibilité nous soit enfin offerte de découvrir ce petit diamant cinématographique. Distingué en 2000 aux Journées Cinématographiques de Carthage, le film est en salles depuis mercredi 30 novembre 2016.
Petit éloge de l’art vidéo
En photographie comme au cinéma, le temps propose et l’espace dispose. Mais que se passe-t-il avec l’art vidéo ? C’est l’espace-temps qui, d’un seul geste, compose. Huitième muse, l’art vidéo est l’une des dernières-nées des images de la reproduction. Sur la pointe des pieds, six jeunes artistes reprennent à contretemps ce geste de composition, avec pour enjeu d’essorer, à chaque fois, l’image jusqu’à la dernière goutte. Initiée par le cinéaste Ismaël Louati, l’exposition « Video ergo sum » se tient actuellement à la Galerie de l’Institut Français de Tunisie, et se poursuit jusqu’au samedi 26 novembre 2016.
JCC 2016 : « L.E.N.Z », une folie à couper le souffle
Finesse et beauté sévères d’une cinématographie à l’état pur. Voilà ce qu’est « Lenz », sous nos yeux écarquillés. Il fallait ces deux qualités pour mettre le spectateur au défi de faire un bout de chemin vers cet objet filmique. Libre adaptation d’une nouvelle éponyme du dramaturge allemand Georg Büchner (1813-1837), ce long-métrage de fiction suit les lignes d’errance d’un poète fou guetté par ses démons. Écrit, réalisé et produit par Yosr Guesmi et Mauro Mazzocchi, « Lenz » est un des films plus long de l’histoire du cinéma. Il a été projeté dans la section « Panorama du cinéma tunisien » lors de la dernière session des JCC.
JCC 2016 : « The Last of us » d’Ala Eddine Slim : le cinéma reconquis
Sur fond de migration clandestine, « The Last of Us » [آخر واحد فينا ]brouille les cartes du réel et de la fiction. Il dessine en creux la rupture du contrat social, en ramenant l’ordre des existences à la loi du plus fort. Mais en plongeant son protagoniste dans un état de nature où l’homme serait un loup pour l’homme, Ala Eddine Slim ramène la politique à sa fable la plus originaire. Et c’est par là qu’il nous fait franchir le seuil d’une véritable expérience sensorielle. « The Last of Us » a reçu le prix de la première oeuvre de la 27ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage
Dessine-moi les frontières, les disparus en mer
Le 3 novembre, l’Association mères des disparus ont appelé à manifester devant le ministère des Affaires sociales pour réclamer la vérité sur leurs enfants perdus en mer au large des côtes italiens. Le 2 novembre, un collectif de bédéistes a clôturé une résidence d’artistes sur l’actualité de la migration en Tunisie.
JCC 2016 : Kaouther Ben Hania, le documentaire à hauteur d’enfant
Derrière la modestie apparente d’un documentaire qui n’a rien à nous vendre, « Zaineb n’aime pas la neige » ne passe pas inaperçu. En cinéaste de tête qui sait ce qu’elle veut, et qui veut dans les limites de ce qu’elle peut, Kaouther Ben Hania filme à hauteur d’enfant l’intimité d’une famille en pleine mutation. C’est un film solaire, aussi enneigées soient les épisodes de l’histoire qui s’y raconte. Primé fin octobre au Festival Cinémed de Montpellier, le film est en lice dans la compétition longs métrages de la 27ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage.
TrackTour #26 : Le rap de la diaspora tunisienne
TrackTour se veut une locomotive médiatique pour la musique tunisienne émergente. Qu’elles viennent des milieux underground, des formations expérimentales ou tout simplement des musiques actuelles, les playlists proposées ont l’ambition d’être l’écho d’une scène productive et riche en diversité évoluant davantage sur le web plutôt que dans les médias dominants. Chaque semaine, nous vous proposons une playlist thématique de cinq titres, au gré de l’actualité.
*Les titres sont classés dans un ordre décroissant selon leurs dates de parution.
JCC 2016 : Fleur d’Alep de Ridha Behi, que de bonnes intentions !
Les bonnes intentions sont toujours louables. « Fleur d’Alep », le nouveau film de Ridha Behi se met aux aguets : pour dénoncer l’endoctrinement intégriste d’une partie de la jeunesse, le film brosse le portrait d’une mère-courage partie en Syrie à la recherche de son fils enrôlé dans le djihad. L’enjeu du film ? Gratter le vernis de cette réalité cruelle du moment. Mais cette bonne intention suffit-elle pour que Fleur d’Alep nous convainque ? Si la cause semble entendue d’avance, tout n’est pas gagné en revanche. Ce ne sont pas les déplacements de caméra sur un territoire miné qui diront qu’on s’inquiète pour rien. « Fleur d’Alep », est projeté aujourd’hui, vendredi 28 octobre, en ouverture de la 27ème session des Journées Cinématographiques de Carthage.
Haythem Zakaria : le dessin à coups de points !
La pensée, la vraie, s’éprouve à coups de marteau. En matière d’art, le dessin ne déroge peut-être pas à la règle. A cette différence près qu’il gagne à s’exercer à coups de points. Et ce n’est sans doute pas Haythem Zakaria qui le démentira. Dans Ruthmos, sa nouvelle exposition, il ne faut pas attendre un tour de taille-crayon de plus, comme chez les dessinateurs en mal de grand art, pour que le geste soit d’une rare lucidité. La mesure d’un métronome, les coups d’un feutre pigment ou d’un tampon encreur suffisent au contraire à percer le mur de la fascination.